Toi si fragile
Toi si fragile enfin tu te ressembles
comme ce mot léger, si pur qu’il tremble
et se refuse à la bouche, à l’oreille
et va mourir, écume sur la grève.
Tu ressentais cela quand, dès l’enfance,
tu mariais la cerise à la fraise
et n’osais pas manger tant de beauté.
Tremble ta voix comme feuille d’automne.
Des dieux ténus se penchent sur ta vie.
Tu ne peux plus déchirer une lettre
par peur d’entendre un long cri de souffrance.
Robert Sabatier