Protest Album : C'est aigre un lundi, on se braque,
l'humeur amère à reculons, une grosse envie de râler, de crier... de
l'intérieur, et pourtant on y va quand même. (Vite! un protest album pour communier...)
C'est parti pour deux semaines de disques à dénicher dans ma
discothèque en rapport avec les thèmes dégotés par Charlu, le GO de
l'affaire. Aujourd'hui, ça va donc comme un lundi. Mais, au lieu des
sempiternels dénigrements faciles relatifs au début de la semaine, comme
"le lundi au soleil, cette chose qu'on n'aura jamais" ou autre "tell me why I don't like mondays",
j'ai choisi du plus lourd. Oui, une colère plus profonde, rentrée, qui
sied bien à notre époque, où aucun sujet ne semble faire une unanimité
suffisante pour qu'on puisse tous ensemble s'y opposer. Oui, notre
société moderne semble avoir tué dans l'oeuf toute volonté de rébellion.
Les plus forts ont réussi à diviser les plus faibles pour imposer plus
facilement leur loi. Reste à chaque accident, chaque crise, sa boîte
noire, où tout est enregistré. Ce genre d'instruments légitimes qui ne
souffrent d'aucune contestation possible. Parce que tout y est
soigneusement inscrit. Luke Haines fait partie de ces observateurs
méticuleux. Pour le premier album de son nouveau groupe, au nom
prédestiné donc, Black Box Recorder, il dresse un portrait au vitriol de
l'Angleterre actuelle, une fois l'euphorie de l'élection de Blair
passée. La déception est d'autant plus grande qu'il y a eu d'espoir.
Noir, c'est effectivement très noir. "Life is unfair, kill yourself or get over it"
est chantée par une douce voix féminine, histoire de contrebalancer la
dureté des propos. J'espère qu'on ne communiera pas autour de telles
propositions, mais en tout cas, il paraît difficile de commencer une
semaine le moral plus en berne.
Album en écoute intégrale sur Deezer.