Broken // De Rufus Norris. Avec Tim Roth, Cillian Murphy et Bill Milner.
Présenté lors de la Semaine de la Critique de Cannes 2012, Broken est un petit film britannique fantaisiste avec une petite morale qui parfois
n'était malheureusement pas aussi séduisante que le reste. Mais ce que j'ai surtout aimé dans Broken c'est avant tout le fait que Rufus Norris (qui réalise ici sa première
oeuvre) conserve cette sortie d'innocence au sein même des images de son film. Même si celui ci n'est pas parfait, il tente de faire état de quelque chose d'assez touchant et réaliste tout en
conservant une part de lyrisme assez émouvant. Le sujet prend de l'ampleur au fur et à mesure. Le scénario est assez bon construit et conserve le côté brut du cinéma britannique de Ken
Loach notamment. J'ai retrouvé un peu de ce cinéaste dans ce film, avec une petite morale critique mais aussi une part un peu différente et plus fantaisiste. Mais le film parvient tout
de même à être poignant du début à la fin, et cela passe notamment par les jolies images que l'on a sous les yeux. Le film ne se prend pas la tête avec quoi que ce soit qui pourrait rendre son
sujet ridicule et parvient alors à tout tourner de manière à ce que l'on puisse se mettre à la place d'un personnage.
Après avoir été témoin d’une agression brutale, Skunk se rend compte que la maison où elle vit, son quartier, son école, lui sont devenus étrangers, presque hostiles. Les certitudes
rassurantes de l’enfance ont laissé place à l’inconnu et à la peur. Et, alors qu’elle se tourne vers un avenir devenu soudain plus sombre, son innocence n’est plus qu’un souvenir. En cherchant le
réconfort dans l’amitié muette de Rick, un garçon doux mais abîmé par la vie, Skunk va se trouver confrontée à un choix. Poursuivre un chemin dans lequel elle ne se reconnaît plus, ou quitter les
ruines de son ancienne vie…
L'histoire de Broken est tout de même assez difficile et ce malgré quelques moments d'exaltation où le script fait voyager le téléspectateur dans un monde assez différent. Quand
j'ai lancé Broken je ne m'attendais pas du tout à voir un film de cet acabit, et surtout pas un film aussi réussi finalement. Même s'il a ses défauts (notamment pour une première
réalisation), il parvient à les gommer avec le jeu des acteurs. A commencer par Cillian Murphy (Sunshine) qui continue de côtoyer des cinéastes anglais (après
être passé devant la caméra à deux reprises de Danny Boyle entre autre). Je trouve cet acteur assez intéressant dans sa composition. Mais c'est dans les dernières minutes que le
film explose réellement et dévoile au spectateur toute l'ampleur de sa puissance. Le reste du film ne fait que préparer le terrain et surtout monte crescendo. Broken est avant
tout là pour faire l'état des lieux, celle d'une Angleterre derrière les sourires de tout le monde, en racontant la misère des gens.
Mais finalement, c'est aussi ce qui rend les récits encore plus intéressants et le cinéma britannique d'autant plus réaliste. Ce côté anti-rêve est gommé par le côté plus lyrique du film. Disons
que le tout s'équilibre plutôt bien. Je pourrais aussi saluer la prestation d'Eloise Laurence que je n'attendais pas du tout étant donné qu'elle apparait ici pour la première
fois au cinéma et puis bien évidemment Tim Roth (Lie to Me) qui retrouve depuis peu le chemin des plateaux de cinéma et on va l'en remercier pour cela quand l'on
voit ses choix (bien loin de ses choix douteux en termes de séries comme pouvait en témoigner Lie to Me qui restait une série beaucoup trop codifiée pour un acteur de sa trempe).
Broken touche donc par sa simplicité et tout ce qu'il tente de mettre en relief sans jamais tromper le spectateur en tentant de le complaindre dans quoi que ce soit.
Note : 7/10. En bref, le cinéma anglais a encore frappé.