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[feuilleton] Antoine Emaz, « Planche », 7/20

Par Florence Trocmé

 
Vieille peau. Ce qu’a bien saisi Olivier Roller. À la fin, on se replie ; la peau idem en rides. Aucune émotion, c’est toujours mon corps, oui, usé, oui. 
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Pas mal de petits ennuis, mais cela a l’air de devoir se régler. En fait, je ne suis pas du tout habitué aux contretemps, projets mouvants, modifications et adaptations aussi nécessaires qu’imprévues… Normalement, je vis dans un temps réglé, rythmé, régulier, alternant les espaces pleins et les plages libres. Actuellement, les mouvements dans l’emploi du temps interdisent cette espèce de calme, sans compter la jonglerie nécessaire et rapide entre des actions qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Vraiment pas doué pour cette vie active, sinon agitée. 
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Lettre du Seuil : je pensais que c’était la deuxième moitié de l’à-valoir. Non. C’était juste une invitation pour le salon du Livre et le cocktail inaugural. C’est gentil, mais je ne vais tout de même pas me payer un TGV Angers-Paris-Angers pour le plaisir d’un kir royal. 
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Avec ce soleil, je suis allé voir comment se portaient les géraniums que Gab avait remisés dans la petite maison du fond, avant le début de l’hiver. Ils m’ont paru en bonne forme ; faudra simplement que je les nettoie un peu. Du coup, je les ai ressortis au soleil et leur ai donné leur premier arrosage depuis décembre. Je leur fais confiance. 
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Relu Plaie ce matin : encore quelque retouches minimes. Le livre a atteint son point d’équilibre ; il pèse et tient là, dans sa masse. 
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Conseil de classe : départ 15h15, retour 18h45. Sophie est sortie revoir Allemagne, mère blafarde. J’en profite pour regarder le match de rugby France/Galles. Beau match. J’aime ce jeu où la puissance vaut la finesse, la stratégie vaut l’intuition, l’adresse vaut la force. Et ce soir, c’était tout cela. Une belle équipe de Galles et un début de match assez écrasant. Puis, cela s’est retourné, tout en demeurant sur un beau jeu vif, offensif, agile, des deux côtés. Ce qui m’intéresse le plus l’œil dans ce jeu, c’est peut-être le rapport masse/mouvement. 
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Belle note d’Ariane Dreyfus sur le dernier livre de L. Degroote. Poezibao est précieux comme repère dans le sens ou Florence Trocmé a d’entrée borné le site : information et critique. Et elle a mis la barre assez haut pour que très peu passe hors des mailles du filet, au moins pour l’info sur la « petite » édition. Il faut que le net aille par-là, qu’il crée des lieux de ressources et de références crédibles pour tout le monde, plutôt que des lieux  particuliers de mises en lumière. Pour l’instant, tout ce paysage bouge et se dessine, lentement, ou bien c’est peut-être moi qui suis lent pour m’adapter, alors que le paysage bouge vite. 
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Bossé sur L’isolement de Lamartine, pour une lecture critique : mettre à nu la rhétorique romantique du sentiment comme du paysage. Vu sous cet angle, le poème devient creux comme un décor de carton-pâte, à moins que l’élan lyrique ne soulève et n’emporte. Ce sont des poèmes sur lesquels il vaut mieux ne pas s’appesantir si l’on veut continuer d’admirer un peu. Même effet avec Ronsard et du Bellay, ou bien la poésie baroque ; si l’on prend le parti de suspecter le texte, on ne voit plus que carcasse et cordages. Est-ce si différent maintenant, avec d’autres moyens ? 
Le lyrisme ne vit que dans l’élan ; s’il a pourri avec le temps, ne reste qu’une mécanique que les médecins légistes de la poésie se chargent d’autopsier, démonter comme un mécano. Pourtant, un charme peut persister dans certains cas, et on songe au Parfum de Baudelaire : ce « vieux flacon qui se souvient, / D’où jaillit toute vive une âme qui revient. » 
  
épisodes 1, 2, 3, 4, 5, 6
suite mercredi 23 janvier 2013  
©Antoine_Emaz 


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