Les enfants sorciers du nigeria

Un jeune enfant est abandonné dans un hôpital avec des blessures fraîches, une jambe cisaillée, des coups de machette par-ci, par là. Il dit à ceux qui le demandent que c’est l’un de ses parents qui a essayé de le tuer, un de ses parents qui pense qu’il est un sorcier. On pourra ensuite retrouver cet enfant dans un orphelinat, errant dans les rues.

Cet enfant est peut-être l’un des plus en plus nombreux enfants en Afrique accusés d’être des sorciers par des pasteurs. Ils sont alors, torturés, tués, souvent par un membre de la famille. Selon le journal Huffingtonpost, au Nigéria, les pasteurs étaient impliqués dans la moitié des affaires relevées en 2009 et 13 noms d’églises ont été cités. Ces pasteurs enseignent la Bible au mot ; dont l’expression « Tu ne permettras pas à une sorcière de vivre ». La plupart des églises en question appartiendraient à des branches internationales et notamment américaines.

« C’est un scandale qu’on leur permette de pratiquer au nom de Dieu », a dit Gary Foxcroft, à la tête de l’ONG Stepping Stones Nigéria.

Les familles concernées aiment pourtant souvent leur progéniture. Mais, tel qu’on leur a enseigné, ils préfèrent les sacrifier plutôt que les accepter en tant que sorciers. Ces familles, pour la plupart extrêmement pauvres, seront peut-être soulagées d’avoir une bouche de moins à nourrir.

L’idée de ces entités sorcières est semble-t-il né avec l’avènement des églises evangéliques. Cette dernière décennie, ce sont 3000 enfants au Nigéria (dans 2 Etats sur 36) qui ont été accusés d’être des sorciers et 1000 d’entre eux ont étés assassinés.

La compétition est rude entre les églises, et étant donné qu’elles ne gagnent de fonds que sur ce commerce, de plus en plus d’enfants sont déclarés être des sorciers. Les parents n’auront qu’à payer le pasteur pour qu’il pratique un désenvoûtement que « lui seul peut faire ». Ou bien ils devront se débarrasser de leur enfant.

L’une des églises étant connectée à une autre du même nom en Californie, les journalistes les ont contactés. Ils ont déclaré avoir perdu le contact avec l’entité nigériane, et qu’ils savaient que les gens croyaient aux sorciers là-bas, mais qu’eux, n’enseignent que la prière et non pas la punition physique.

Les autres églises-mères affiliées, certaines dans la capitale nigériane prétendent ne pas pouvoir jeter un oeil sur tout le monde. En réalité elles continuent à recevoir les fruits de ce commerce chaque mois.

Alors qu’une série d’exorcisme sur un jeune enfant couterait environ $60 à $270 (45 à 200€) et que beaucoup de nigérians ne gagnent pas plus de $2/jour, on peut comprendre pourquoi la plupart de ces enfants finiront abandonnés. Les parents n’auront de toute façon pas le choix. Alertés par la nouvelle, les voisins se chargeront eux-mêmes de torturer l’enfant et de faire de sorte de l’éliminer de la communauté.