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“Django” : Tarantino ne perd pas son mojo

Publié le 22 janvier 2013 par Cess A @Cess_A
Le tapis rouge le plus glamour de la rentrée ciné se passait au Grand Rex, début janvier, pour l’avant première du tant attendu “Django Unchained”. Tout le crew était là : Jamie Foxx, Samuel L. Jackson, Christopher Waltz… Et pour couronner le tout, mister Tarantino, sous ses éternels airs de faux frimeurs, qui faisait le show.
Après les nazis dans “Inglorious Basterds”,  le réalisateur culte se frotte donc au western et réalise un tour de force. 130 jours de tournage pour traiter l’un des sujets les plus graves aux Etats-Unis : l’esclavagisme. Une semaine après sa sortie, “Django” électrise les foules. Son film dérange. Outre Atlantique, le film a également déclenché des polémiques bien avant son arrivée en France : trop de “niggers” dans les dialogues selon Spike Lee, trop de complaisance pour la violence pour une partie de la presse US. Pour certains journalistes de l’hexagone, Quentin aurait simplement eu “une panoplie de cow-boy a Noël” et fait mumuse avec.  D’autres diront  qu’on est bien loin de “Pulp Fiction” ou de “Reservoirs Dogs”. Que Tarantino a juste pris “un méchant blanc, un traître noir, un gentil noir, une gentille noire, du sang, des combats de ninja, laissez 2h44 au micro-ondes, servir chaud, 1 2 3 Django ?” Face à ce déversoir de critiques, “Django Unchained” laisserait-il donc un arrière-goût de déception ?

A ceci mesdames, messieurs je réponds non. Tarantino, ne perd pas son mojo. Western hommage au “Django” de Sergio Corbucci, le nouveau Tarantino n’est pas l’oeuvre d’un simple gamin de 49 ans. Cet ancien employé de vidéo club reste un acharné du cinéma et de la quête de la vérité. Son dernier film s’inscrit dans une logique de démystification de l’histoire américaine. Que l’on parle de racisme à propos de “Django” est grotesque. Ce film n’est pas raciste, c’est une évidence. Il ne participe en rien à la terreur et à la possible influence de la violence de la société. Comme le réalisateur aime le dire lui-même : “le cinéma n’aide pas à tuer, il aide à vivre”. Originaire du Tenessee, son éternel fidèle, Samuel L. Jackson, en est le garant absolu de ce que l’esclavagisme représentait et ce qu’était le racisme à l’époque. Affirmations qu’il ne cesse d’appuyer  pendant les junkets parisiens : “il y a des choses dures dans le film mais rien n’est aussi dur que ce qu’était la réalité”.  Quant aux mauvais sentiments et à la profusion du terme “nigger”, ils correspondent à ce que Tarantino cesse de vouloir : être proche de la vérité dans sa façon de transcrire la réalité. Et surtout sans jamais se confondre avec le tout-venant du cinéma d’action américain. Tarantino reste Tarantino, l’éternel justicier.  Un créatif et un magicien. “Django est le film que je rêvais de voir”, s’acharne-t-il à répéter au gré de sa tournée. “J’ai envie de donner la satisfaction au public d’une vengeance collective”. Si l’humour et la dérision sont au rendez-vous, cette violence comique semble tenue en respect face à la violence brutale et crue, celles des Blancs contre les Noirs. Quand bien même certains dénoncent cette violence, Tarantino ne peut que répondre qu’il aurait même pu aller plus fort. Les livres d’histoire dépassent encore plus ce que le réalisateur montre dans son film. Pour cela, ce travailleur acharné à l’oeil impeccable a su trouvé le bon dosage.

Sa puissance d’invention ne cesse d’être inaltéré depuis “Réservoirs Dogs”, “Pulp Fiction” ou “Jackie Brown”.  ”Django” dépasse le simple exercice de style et retrouve une énergie encore plus déterminée que jamais, plus crue et impressionnante. Le réalisateur reste un visionnaire abouti qui garde son propre ton et son propre genre. Il maîtrise l’art de la tension pour dégager en nous des émotions. Apposé à cela, des dialogues soignées. Du coté du casting, Tarantino a trouvé le tiercé gagnant : avec l’humour pince-sans rire de Christoph Waltz, sa nouvelle muse, le sadisme placide du petit nouveau DiCaprio et le délire de Samuel L. Jackson, grand fidèle de Tarantino. Mention spéciale à la rage silencieuse de Jamie Foxx qui signe avec le personnage de Django vraisemblablement son plus grand rôle depuis Ray où il prêtait ses traits à l’interprète de “Georgia on my mind”. Sans compter les célèbres codes tarantinesques dont on ne se lasse pas. Accompagné d’une bande son qui vire comme à chaque fois à la play-list définitive jusqu’au film suivant. Et des films suivants, il se peut qu’il se fasse rare. Le maestro du cinéma assure vouloir s’arrêter à son dixième. Car cette ancien critique ciné le sait plus que tout et l’affirme haut et fort : “je ne veux pas être un vieux monsieur du cinéma car les réalisateurs ne deviennent pas meilleurs avec le temps”. Alors oui célébrons Tarantino dans ce qu’il s’est faire de meilleur avant que ce génie disparaisse. Il voulait que son film dérange et c’est chose faite. “Django Unchained” porte en lui l’éternel signature de ce réalisateur américain déjà inscrit au panthéon du 7e art. On reçoit en pleine poire sans doute un de ces derniers chefs d’oeuvre et ça fait du bien. C’est le genre de film nécessaire qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma !


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