Je ne suis pas un fan des ouvrages ayant hérité d’un prix littéraire. J’ai eu l’occasion d’exprimer ici-même mes doutes sur la signification exacte de ce genre de récompenses.
Pourtant le roman que je vous présente aujourd’hui a remporté DEUX prix et la nature de ces prix qui m’a interpelé. Il s’agit du GONCOURT DES LYCEENS et du PRIX DE L’ACADEMIE FRANCAISE 2012.
Quel est donc ce roman qui a pu, à la fois, séduire un très vaste jury de lycéens (2.000 élèves issus d’une cinquantaine d’établissements représentés au final par 13 délégués régionaux) et le jury de 12 académiciens choisis parmi les 40 immortels de l’ancestrale institution?
C’est ce qui a motivé mon désir de lire ce livre.
Il s’agit de LA VERITE SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT du suisse Joël DISCKER, un jeune romancier suisse de moins de 30 ans, paru en août 2012, chez les Editions de Fallois/L’âge d’Homme.
Un pavé de 660 pages auquel je me suis donc attelé, bien intrigué par cet étranger succès auprès de deux instances si différentes.
Je dois avouer que j’ai parcouru les cent cinquante premières pages d’une seule traite. Le lecteur est en effet immédiatement pris par je ne sais exactement quel sortilège qui ne le lâche plus.
Plongé dans cette Amérique profonde, tellement “hopperienne” comme celle représentée sur la page de couverture, on se trouve comme englué dans quelque chose dont on n’arrive à se débarrasser.
Pourtant, je n’ai pas aimé ni les personnages principaux, ce jeune auteur en panne d’inspiration après le succès de son premier roman, ni son mentor un professeur dans une minable université dans une minable petite ville, lui même minable auteur en attente d’écrire LE roman qui fera de lui une vedette,
Je n’ai pas aimé les autres personnages centraux, pas plus Nola l’énigmatique adolescente amoureuse du professeur, que Jeny la pulpeuse ex-pompom-girl devenue serveuse et qui rêve d’un avenir en paillettes.
Je n’ai pas aimé les personnages secondaires, ni le chef de la police de la ville, ni les parents de Nola et ni ceux de Jeny.
J’ai par contre apprécié la manière dont l’auteur a traité les affres du romancier en panne d’inspiration et d’écriture : je crois que cet élément que les académiciens ont retenu pour délivré leur prix à ce roman. En effet, ce n’est surement pas le style de Joël Dicker, très plat et sans aucun intérêt, qui a été récompensé par les Immortels.
J’ai également apprécié la construction du roman, axée d’une part sur un suspens relancé à chaque chapitre et parfois à l’intérieur du même chapitre et d’autre part sur une narration tantôt linéaire, tantôt rétrospective, qui aboutit à un véritable labyrinthe où le lecteur, s’il ne perd pas, trouve un subtil plaisir.
Ce roman m’a fait penser à un jeu vidéo et je crois que cela explique son succès auprès des lycéens qui l’ont primé! Un jeu qui consiste à avancer sur une espèce de piste minée, en éliminant ou en évitant les obstacles. L’histoire se développe comme une réaction en chaîne en chimie : chaque événement produit ou renvoie à un autre événement, le plus souvent de la manière la plus inattendue.
Certains points me sont restés obscurs pourtant : je n’ai pas compris comment le jeune auteur a été accepté, avec une facilité déconcertante, dans une enquête policière criminelle où son mentor est impliqué, tout comme certains “éléments nouveaux” qui ont fait rebondir l’enquête et épaissir le suspens.
Malgré tout, je n’ai pas lâché le roman, sauf pour une pause après la page 300 : là, je commençais à trouver l’exercice de lecture un peu trop compliqué, sinon lassant. mais la curiosité a repris le dessus et j’ai repris ma lecture.
Je ne saurais vous donner la trame du roman en quelques mots : en tout cas, il s’agit d’une enquête policière menée de main de maître, noyée une histoire d’amour impossible, dans l’atmosphère particulièrement bien rendue d’une petite ville de l’Amérique profonde. Le tout enrobé sur des réflexions plus ou moins pertinentes sur la société américaine.
A lire donc, de préférence quand vous serez en vacances l’été prochain! D’ici là, “La vérité sur l’affaire Harry Quebert” n’aura pas perdu une once de son actualité.