Source : Sud-Ouest 22/01/2013
« J’aime écrire, j’écris en fait par pulsions… et je suis mieux quand j’ai écrit », relate Robert Menta. » />
À Arcangues, où il déroule paisiblement son adolescence entre frère et sœur, mère basquaise et père gascon – « mais je me considère plus basque que gascon » -, Robert Menta vit à fond ses deux passions, l’écriture et la pelote basque, à main nue, tient-il à préciser.
Suivant la volonté paternelle d’assurer un métier, il se retrouve au centre d’apprentissage d’Oloron puis à l’école des métiers EDF, dans le Rhône, où il devient monteur réseau avec, à 19 ans, un premier poste dans le Calvados.
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En janvier 1958, le jeune appelé enfile douze mois en France et dix-huit mois en Algérie. Autant dire qu’écriture et pelote basque à main nue sont depuis longtemps enfouies dans la valise des oublis.
À 27 ans, c’est l’affectation en Béarn. Lembeye d’abord, Thèze ensuite, où il sillonne durant vingt-cinq ans les 140 communes des cantons du Nord-Béarn.
Anticipant sur l’occupation du temps libéré par la cessation d’activité, le contremaître suit les cours par correspondance du collègi d’Occitània de Toulouse, dont il sort diplômé en 1989.
« écrivailleur de hameau »
« J’ai eu le plaisir d’avoir pour professeur correcteur, Gilbert Narioo, un linguiste de renom, à qui je dois tout et qui m’incite à écrire des poèmes », révèle Robert. Ses premiers textes reçoivent les encouragements du poète béarnais d’Orthez, Roger Lapassade, qui voit en lui « un chanteur en poésie des peines et des espoirs béarnais ».
Il ressent alors une grande envie d’écrire, surtout en béarnais. « Tout Basque que je suis, je trouvais dans cette langue une richesse et une musicalité que je ne ressentais pas ailleurs », avoue celui qui signe désormais Escotarròbi (écoute le vent d’ouest). En poèmes et en prose, Robert Menta, bientôt 76 ans, que l’on connaît depuis toujours, verbe alerte et œil pétillant sur sa longue barbe enneigée, se définit comme « escribayou de bourdalat », autrement traduit « écrivailleur de hameau ».
« Jaime écrire, j’écris en fait par pulsions… Quelque chose m’interpelle, me révolte, m’émeut, m’enchante, je l’écris… Je suis un besogneux, j’écris plusieurs fois avant de réaliser, au stylo sur feuilles volantes. Je suis mieux quand j’ai écrit, ça tient presque d’une thérapie ».
En 1994, son recueil de poèmes « Vents d’amont et d’aval » édité à compte d’auteur, – « Un peuplier comme pinceau, le ciel pour toile…, il gomme les salissures avec un morceau de lune » – ouvre le palmarès de ses nombreuses distinctions.
Un homme de passion
Dans « Lo Men presbitèri », il nous invite à le suivre dans l’intimité de son presbytère, belle demeure sur le coteau de Lasque, où il vit depuis une trentaine d’années.
En 2002, c’est « Gran Batsarra à Clarac », une pièce de théâtre hilarante sur les aventures d’une jeune Béarnaise qui rencontre son fiancé indien outre-Atlantique, à Oklaoma City, et le ramène dans le petit village béarnais de Claracq.
En 2010, Patrick Poivre d’Arvor lui remet Le Jasmin d’argent pour deux de ses poèmes dont « Còp de capèth », en hommage à Roger Lapassade. Et tout récemment, deux poèmes en français sont distingués lors du concours de poésie d’Agen : « Chemineau » dédié à sa femme Christine et « Jusqu’au bout de la route » où Robert chemine en amitié, fraternité, utopie et en humanité…
« C’est un homme de passion », dit simplement Christine, son épouse, première et exigeante écoute de chaque nouveau texte. Homme de conviction aussi, ce Basque, qui veut que le béarnais perdure, est un personnage riche d’une étonnante personnalité, qui ne se fait fatalement pas que des amis… « J’ai une relation conflictuelle avec tout ce qui me paraît injuste », revendique Robert Menta, fidèle abonné des forums et autres courriers de lecteurs des supports d’écriture papier.