C'était il y a une semaine...
Au même moment, et oui, au moment même où l'on manifeste contre les HOMOS, et pendant que ces personnes s'époumonent en hurlant des diatribes injurieuses anti-HOMO sur les pavés de Paris, d'autres personnes vont crever sous les bombes hurlantes, paralysantes et les balles sifflantes. Paris a entrepris une guerre au Mali...
...et déjà des dizaines de morts. Pour quelles raisons? Bien sûr, c'est un pays ami; le chef de l'état malien a lancé un appel à l'aide en direction de la France; Bamako, la capitale, dit le chef de notre armée, était menacée; l'armée malienne, elle, est en déconfiture, elle ne peut se défendre seule (pourtant les Américains disent avoir investi 600 millions de dollars depuis 4 ans pour former une élite-armée-malienne; mais où est-elle?); et la population malienne est agressée par les djiadistes, (on tue, on viole, on coupe des mains, on lapide) la preuve en est que les Maliens sont dans la rue aujourd'hui, à Bamako, louangeant l'intervention française, je l'ai vu à la tv, les journalistes les ont montrés; c'est aussi un pays que l'on a colonisé et où la France a encore des intérêts économiques qu'il faut protéger; la France a encore plus de 6000 ressortissants qui vivent au Mali et qu'il faut protéger; elle a aussi des otages entre les mains des djiadistes; c'est un pays dans l'aire d'influence de la France, la géopolitique importe... il y a tellement de raisons qui motivent l'intervention des troupes de Hollande... On dit aussi que Hollande redore ainsi son blason de président, qu'il n'avait pas encore vraiment porté jusque là; ça, c'est plutôt un "montage" de journalistes qui n'en finissent plus de semer le trouble sur la "gouvernance" en difficulté de Hollande.
La raison la plus importante, dit-on, est que la France et toute l'Europe sont menacées; une question? menacée avant l'intervention, ou après l'intervention?
Plus important encore, ce sont plutôt des milliers d'entreprises françaises, dont plus de 500 seulement en Algérie (donc des milliers d'emplois, des centaines de millions de revenus) qui sont présentes dans le Maghreb, qui sont menacées directement, et qui n'ont pas envie de partir (Laurence Parisot le confirme); voilà, l'enjeu, comme toujours, tourne autour de l'argent. Qui pouvait en douter?
MAIS C'EST UNE GUERRE... ET ON VA TUER ENCORE DAVANTAGE.
Pour moi, il n'y a qu'une seule voie: celle des négociations. Pour moi, toujours, il n'y a qu'une seule option: "on ne va pas tuer encore davantage". Je sais, c'est banal, ou sans doute très naïf, comme me le répète un copain. Une question: s'il n'y avait pas d'entreprises françaises, ou de Français, dans ce pays, la France serait-elle intervenu? Poser la question, c'est donner la réponse: NON.
Alors...
Qui s'en préoccupe? Qui va manifester son opposition à cette nouvelle guerre, à ces nouvelles tueries? Les pavés de Paris sont encore chauds de la marche délirante des anti-HOMO; mais pas la moindre amorce de protestations anti-GUERREs qui pourraient prendre la suite. Sera-ce un bourbier pour la France? Et pour combien de temps, et pour combien de vies françaises, et surtout, maliennes? La France a agi, selon ses partenaires, Le Monde le confirme, ce matin 15 janvier 2013, en toute légalité internationale selon la charte de l'O.N.U. Voilà, on a la permission. Mais est-ce que des solutions politiques n'étaient pas possibles avant que le conflit n'éclate? Cette question, toujours posée, (C'est ce que Mitterand demandait aux Américains avant qu'ils n'interviennent en Iraq) et claire, obtient toujours des réponses qui ne le sont jamais. Et on dit que 75 % des Français sont d'accord avec cette GUERRE. Mais ils sont d'accord avec QUOI au juste? Il n'y aurait que Mamère et Mélanchon qui seraient contre; on verra bien dans 6 mois ce qui va rester de ce pourcentage. Mais attendons, les critiques de tous bords viendront bien assez vite, et Hollande sera dans l'eau chaude...
En réalité, c'est pitoyable; on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand ça finit. Et ce qui me semble le plus évident, c'est qu'on ne comprend pas bien le "contexte" local et régional, les enjeux, les parties au conflit, les forces et surtout les intérêts de chacun de ces groupes: religieux, ethniques, économiques, sociaux... Et cela même si on donne à des soldats quelqu'éducation interculturelle au départ; toujours trop peu, trop vite, trop mal. Le résultat, c'est que l'on arrive pas à prévoir "correctement", anticiper les réactions, prévoir "l'après-guerre", finalement. La preuve en est qu'à chacun de ces conflits, on s'est gourés. Après est pire qu'avant.
Bref, on ne sait pas ce que tout cela va donner après tout: y a-t-il vraiment quelque chose de changé "fondamentalement" après 10 ans de guerre en Iraq et en Afghanistan? Sinon des pays détruits et des centaines de milliers de morts. Le bilan est pauvre. Quid de la démocratie en ces pays? Et Quid des dommages collatéraux dont on ne parle quasiment pas?
Ce qui est triste dans le cas du Mali, c'est que les données du problème, les vraies informations sur le conflit djihadistes-armée-malienne, et sur la situation réelle du gouvernement en place (on le dit peu crédible et sous la houlette des généraux), sont tellement contradictoires, que l'on se demande dans quel piège la France est tombée. Là-dessus, il faut lire Le Monde du 15 janvier, et des jours suivants: toute l'info est là, c'est affolant. Et à qui la faute? Pourquoi ces djihadistes sont-ils au Mali? Quel a été le jeu de la France ces dernières années? En ce qui concerne cette intervention, on dit que le choix de la France, d'intervenir maintenant, et avec les "armes", est "raisonné". Entend-on par là "raison d'État"? Oui, toute l'info est là, c'est affolant, et c'est complexe.
Du temps des Américains en guerre au Vietnam, on se battait contre l'effet-domino-communiste; maintenant avec les Français, on se bat contre l'effet-domino-djihadiste. Même fin (objectif argent), même fin (destructions et morts), non? Et quand on pense que le parcours-domino-djihadiste est multiple (voir ce qui s'est passé en Algérie) on n'est pas sorti du bois, comme on dit au Québec.
Je me demande bien quand même... Je m'imagine, je vois déjà... des scènes de guerre, comme en Syrie...
...comme en Palestine, au bord du Mur de la Honte...
...comme partout où l'on chasse l'homme de l'ombre...