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Le spectaculaire au service de la médiation culturelle ?

Publié le 24 janvier 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

FourtouJean-François Fourtou, La maison tombée du ciel, 2012


C'est une réalité, le relation entre art contemporain et (grand) public est un mariage tourmenté. La multiplication d'initiatives en médiation culturelle, la place toujours plus importante que prend ce domaine dans les structures de l'art et la discussion autour de son inefficacité témoignent de l'actualité du débat et de sa dimensione quelque peu "politique".

La question, actuelle, que conservateurs, directeurs et présidents des insitutions d'art contemporain se posent est: qu'est-ce qui peut être fait pour attirer plus de monde au musée? Les tentatives sont multiples, différentes, plus ou moins réussies et sous les yeux de tout le monde.

Lille3000, pour la dernière édition que j'ai pu visiter en partie il y a quelques semaines, a choisi l'option du spectaculaire. Les installations parsemées dans la ville misent sur l'effet surprise, souvent en opérant un changement de perspective ou de perception pour le visiteur: maisons sens dessous-dessus, nuages de brouillard, paysages artificiels, terrains de foot bossus... Des interventions fort divertissants, je ne le nie pas, mais entraînant plus le sourire qu'une véritable refléxion.

Nick cave
Nick Cave, Triple Ondulations, installation, 2012

Phantasia, l'exposition au Tripostal, montre très bien cette volonté de spectacularisation. Elle foisonne d'installations surdimensionnées, voire monumentales: les mannequins criards de Nick Cave, auxquels une très grande partie du 2ème étage est consacrée; l'énorme sculpture de Folkert de Jong en Styrofoam, devant laquelle on a envie de s'arrêter plus pour son coté kitsch que pour son intérêt artistique (comme si le kitsch ne nous avait pas un peu lassés après la multiplication d'expositions consacrées à Jeff Koons ou à Damien Hirst, qui d'ailleurs le font très bien); ou encore l'installation de Marnie Weber, face à laquelle on a l'impression d'assister à un délire simili-gothique d'une adolescente dépressive ou à un remake en plastoc de Virgin Suicides à la sauce goth.

Marnie weber
Marnie Weber, La chambre des murmures, installation, vue partielle (2012)

Certes, l'effort de médiation, la riche offre d'activités pour tous les publics, la mise en place de supports de communication n'est pas à négliger, au contraire, elle est à saluer. Combien de municipalités ou d'institutions mettent autant de ressources pour une grande manifestation d'art contemporain?

Toutefois, mon opinion est que les bonnes intentions ne suffisent pas à produire un grand événement qui tienne la route. Inciter le grand public à l'art contemporain ne signifie pas baisser le niveau intellectuel des œuvres proposées ou façonner un programme "facile et plaisant". Le public a besoin de se nourrir et les grandes thématiques actuelles de la critique contemporaine (des exemples? La "mort de la peinture", l'art politique ou engagé, l'art conceptuel...) sont à la portée de tous, accompagnées d'actions de médiation de qualité. Les thèmes plus sexy, comme à Lille le "fantastique", peuvent etre abordés d'une façon plus approfondie, plus pointue, sans perdre leur aura séduisante, sans qu'ils se transforment en petites querelles poussiéreuses entre intellectuels dans une tour d'ivoire.

Trop souvent - il me semble - par peur de soutenir ce qu'elles stigmatisent comme un art élitiste, les institutions tombent dans l'illusion démagogique de promouvoir artistes, projets et évenements de moindre qualité au lieu d'entamer un dialogue avec les professionnels et proposer finalement une offre de qualité.

Stefania


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