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Christopher Owens – Lysandre

Publié le 24 janvier 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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On n’a encore jamais eu la chance, ou le malheur, de ressentir ce que ça faisait de connaître une vraie rupture. On ne parle pas de ces petites ruptures amoureuses, où même si vous croyez que votre vie est finie allongés en position foetale dans votre lit, vous vous rendez assez rapidement compte que ces conneries n’en valaient pas vraiment la peine. Et que se bourrer la gueule pour retrouver une partenaire avec laquelle vous pourriez effectuer des positions un peu moins foetales, au lieu de perdre votre temps sur apetube.com à balancer les vidéos de votre ex, serait peut être pas mal.

Non là, on parle de rupture sérieuse, briser littéralement ce qu’on peut appeler ses habitudes, pour en chercher de nouvelles. Il est presque question de se reconstituer un monde, avec de nouveaux acteurs, avec de nouveaux défis: en somme, une espèce de nouvelle vie. Les raisons de celle-ci? Il y a en surement plein, des millions, qui seront différentes selon les cas. Chacun trouvera une raison valable pour tout péter avant de tout reconstruire.
Il y a ces ruptures un peu forcées, avec cet enfant, par exemple, qui subit la mutation professionnelle de son père, c’est un peu voir son monde s’écrouler. Adieu les copains, adieu cette fille dont on était amoureux mais à qui on n’a jamais osé parler et adieu les dames de la cantine. On peut citer aussi ces ruptures par intérêts, celles où une des deux parties trouvera quelques avantages que l’autre aura un peu plus de mal à trouver. Un exemple assez concret, semble être ces femmes, qu’on peut légitimement appeler pétasses, qui se marient avec des vieillards assez aveugles mais assez riches, avant de créer une rupture car « l’amour ne va plus ». Oui, « l’amour n’a pas d’âge », c’est vrai que vous pourriez y croire, mais votre impuissance sexuelle et votre richesse ne sont pas qu’une phrase qui sonne bien.
   Bon on ne va pas vous faire chier pendant cinquante ans avec pleins d’exemples, mais on va concentrer sur une rupture en particulier: celle qui nous est nécessaire, celle qu’on entreprend par soi-même, la plus naturelle et la plus réfléchie, d’habitude. Parfois certaines choses ne vont plus, alors il est temps de quitter le navire tout seul, et prendre une nouvelle direction où on pense que tout sera mieux.

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   Christopher Owens illustre assez bien ce dernier type de rupture. Même si son nom ne vous est peut être pas très familier, sa gueule innocente et sa voix d’ange devraient assez rapidement vous remettre les idées en place. Monsieur Owens se voit être l’ex-chanteur/guitariste principal, on se permettra même de dire « leader charismatique », du fabuleux groupe qu’était Girls.
Mais Girls, c’était quoi? Non ce n’est pas cette série qui rend dingue vos meufs. Girls, c’était un groupe de pop-rock d’un romantisme impressionnant et c’est surtout deux albums (Album et Father, Son, Holy Ghost) et un E.P. (Broken Dreams Club). Un passage assez court nous dira t-on, mais pas besoin de passer par milles chemins, quand les arguments sont si bons. Un groupe qui a su convaincre de sa solidité en chantant une certaine fragilité. On peut facilement retenir les chansons Lust for Life, Heartbreaker, Substance, My Ma, Die ou encore Saying I Love You. La liste est, en vérité, bien plus longue. On ne veut pas résumer un si bon groupe en si peu de mots, mais cet « essentiel » veut déjà prouver qu’un grand groupe a « quitté » le monde des musiques de lovers. 

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Il y a eu du changement entre Album et Father, Son, Holy Ghost en passant par Broken Dreams Club. La voix d’Owens s’est transformée, modifiée et a réussi à devenir touchante et sincère. On est passé d’un son plus garage à ces riffs de guitare plus clairs qui donnent ces doux frissons. Un son reconnaissable, et une voix qui trouvait parfaitement sa place dans ce mélange à l’eau de rose. Formule gagnante.
Mais voilà, certaines choses vont moins biens que d’autres, et le temps de la séparation a touché Girls. Même si au départ les raisons semblaient floues et qu’on savait d’avance qu’une carrière solo allait voir le jour, Christopher (on est pote maintenant), s’est expliqué sur sa rupture. Girls était principalement composé de deux membres: Christopher Owens donc, et Chet « JR » White (Basse/production) car le reste du groupe n’a été qu’une succession de membres qui sont passés faire un beau coucou avant de sagement s’en aller. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles Christopher a lâché le fil. Un entourage avec lequel vraiment s’épanouir manquait à l’appel. Vingt-et-un, c’est le nombre de membres que le groupe a connu, et un des points culminants pour cette rupture, est le départ du guitariste John Anderson, qui était aussi un ami proche de Christopher: trop.

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Alors voilà, nous y sommes, dans le futur promis par Christopher Owens lorsqu’il a annoncé la fin. Et ce futur a le doux nom de Lysandre, le premier et nouvel album des cendres de Girls.
Lysandre est donc ce projet solo, d’un leader assez discret, mais on se sent rassuré, car cette douce voix revient faire des siennes pour nous bercer, et nous ramener dans cette profonde romance dont seul Owens a le secret. Lysandre, sorti sur Fat Possum (Girls avait pour habitude de passer par True Panthers Sound, mais les deux labels n’ont rien à s’envier, car ils sont tous deux aussi bons), est une plus que charmante balade de 28,3 minutes, soient onze chansons. Oui c’est très court pour un album, et dans le cas Lysandre, ça l’est particulièrement, car l’album défile à une vitesse malheureusement extraordinaire.
Lysandre’s Theme, vient ouvrir le bal. Une introduction assez moyen-âge, alors on regarde autour de nous des fois que le roi ait décidé de nous rendre visite. Doux et agréable, nous sommes prêt pour la suite. Here we Go, marque le top-départ, où on prend son courage en main, prêt à affronter une destinée assez floue. Mais déjà remarque t’on, que l’introduction (Lysandre’s Theme) réapparaît dans pas mal de chansons (Here We Go, New York City, A Broken Heart et Here We Go Again). Alors oui, l’effet est cool, car à chaque fois, la mélodie est interprétée avec des instruments différents. Mais, au bout d’un certain moment, cela en devient peut être lassant. L’album étant déjà assez court, ceci ne joue pas trop dans le bon sens. De même pour ces règles de sécurité aériennes qu’on entend à la fin d’Here We go Again, qu’on n’écoute pas dans la vraie vie. Alors cela a sûrement un sens, affiché Lysandre comme un voyage, il doit y avoir une explication que nous n’avons pas encore trouvé. 

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Après avoir passé ce coup de gueule très énervé concernant la longueur douteuse de l’album, reconcentrons nous sur l’album en lui même.
Il n’y a pas à dire, Christopher Owens n’a pas pris une ride, ni perdu son talent. L’album est très entrainant, et sa voix toujours dans sa meilleure forme. Même quand il ne dit pas un mot (Riviera Rock), le charme opère. Mélodieux, est vraiment l’adjectif qui pourrait caractériser cet opus, mais harmonieux colle bien à l’ensemble aussi. Un espèce d’avant goût du paradis, bercé par une guitare acoustique lente et douce mais qui se montre sous sa facette rapide et rythmée parfois. Des chansons plus tristes (A Broken Heart, Everywhere You Knew) balancées avec d’autres plus agitées (Love Is In The Ear Of The Listener, Here We Go Again…): l’équilibre est parfait. Partagé entre la joie de vivre et la dépression, tout va pour le mieux au final.

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Certains titres auront plus notre attention que d’autres, mais globalement tout est bon à prendre, chaque titres trouvent délicatement sa place dans Lysandre, et laisse sa marque dans le canapé. Un canapé en cuir véritable hein.
Christophe Owens ne déçoit pas ici, mais n’impressionne pas non plus. Lysandre est un bon album solo, mais se détache difficilement des cicatrices de Girls. C’est vrai, qu’on ne demandait pas un changement radical non plus, et que Mr. Owens l’a très bien compris, en nous offrant sa voix, sous un nouveau jour, accompagnée par de nouveaux rythmes.
Le gros défaut de cet album est sa longueur, qui ravira les précoces (Lysandre va aussi bien pour une partie de bras en l’air, que pour un après-midi cheminée-weed), mais petite déception pour ceux qui s’attendait à plus. Le tout compacté, ça ressemble plus à un EP. Savourons alors, assez brièvement, ce Lysandre, car il en vaut le coup et qu’il possède les bons arguments pour plaire aux amoureux de Girls.

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3,5

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 Tracklist:

01. Lysandre’s Theme
02. Here We Go
03. New York City
04. A Broken Heart
05. Here We Go Again
06. Riviera Rock
07. Love Is In The Ear Of The Listener
08. Lysandre
09. Everywhere You Knew
10. Closing Theme
11. Part Of Me (Lysandre’s Epilogue)

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