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L'impact des styles langagiers et du para-verbal sur notre perception d'un discour

Publié le 25 janvier 2013 par Hugues @hugues_delmas

L'impact des styles langagiers et du para-verbal sur notre perception d'un discour Notre image est  véhiculée par un ensemble d'indices non verbaux, comme le langage du corps ou le para-verbal.  Des styles de langages  ont été identifié comme variant avec le statut social et le pouvoir d'une personne. Ce sont les styles Powerful et Powerless qui se caractérisent par l'utilisation de mots indicateurs différents. En entendant le même discours mais qui varient seulement par la présence de quelques indicateurs, la représentation que l'on se fait de notre interlocuteur change complètement, alors même que le fond du message est exactement le même !
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Les premières études
Les premières études des sociolinguistes sur les effets des styles langagiers ont impliqué des variables linguistiques brutes. Par exemple Giles (1971) a étudié les effets que produisaient différents accents régionaux anglais sur la formation d’impression de l’attractivité et de la compétence. Dans un premier temps, ces études ignoraient l’existence de styles linguistiques particuliers qui ont été distingué. Cette présente étude présente les effets de subtiles variations du discours sur la perception de l’attractivité et de la crédibilité d’un communicant.
La naissance des styles langagiers
C’est par l’analyse de 150 heures de discours dans une Cour de justice que sont nés les styles Powerful et Powerless. Les communicants venaient de professions et d’horizons différents. L’étude sociolinguistique a repéré un certain nombre d’indicateurs qui variaient en fonction du statut social et du pouvoir du communicant. De telle sorte que les individus avec un faible statut et un faible pouvoir vis-à-vis de la Cour avaient tendance à faire davantage d’intensifieurs (Intensifiers) (« Alors », « Très », « sûrement » dans « Je l’ai sûrement fait »), d’atténuateurs (Hedges) (« Je pense », « J’espère »), des formes de grammaire spéciale, des hésitations (« Uh », « Bien »), des gestes déictiques, des intonations en forme d’interrogation (Hausse de la valeur tonale) et des formules de politesse (« S’il vous plait », « Merci »). Lorsque les indicateurs sont fréquents ils forment le style de langage Powerless. Les personnes ayant un fort pouvoir social, comme des physiciens, ont tendance a peu utiliser les marqueurs précédents et parlent de manière plus directe : c’est le style Powerful. 
La perception des styles langagiers
L’utilisation du style Powerful ou Powerless devrait affecter la perception de celui qui parle et l’influence de sa communication. Plus particulièrement le style Powerful devrait refléter un statut social élevé et devrait donner une image positive du communicant. Ainsi le locuteur devrait être perçu comme plus attractif. Le style Powerless, qui est plus complexe et confus, est plus coûteux cognitivement pour les allocutaires et devrait être moins attractif pour cette raison. En étant un discours direct et sans marques d’hésitations le style Powerful devrait augmenter la confiance perçue des locuteurs en leur discours. Ainsi le powerful devrait augmenter la crédibilité du locuteur.
Plusieurs études soutiennent l’idée que les hommes et les femmes emploieraient des styles langagiers différents. En faite, la description de Lakoff sur ce qu’elle appel « Le langage des femmes » a incité les études linguistiques que nous avons décrites. Cependant celles-ci révèlent que l’utilisation des indicateurs langagiers est davantage liée au statut social et au pouvoir social qu’au genre des individus. I
L'expérience 
Les auteurs ont examiné des enregistrements de Cour de justice. Les chercheurs ont choisis les témoignages d’une femme et d’un homme qui ont déposé un témoignage en utilisant beaucoup d’indicateurs du style Powerless (Atténuateurs, augmentation de la valeur tonale, formes de grammaire spéciales et formules de politesses). Ensuite deux types de matériel ont été créés : un matériel audio et un matériel écrit. Pour le matériel audio, des acteurs ont répliqué les témoignages dans la forme originale, c'est-à-dire en Powerless, et dans une version Powerful (C'est-à-dire sans les marqueurs du Powerless). Le matériel écrit était une retranscription des témoignages au format Powerful et Powerless.
La population de l'étude menée se compose de 152 étudiants de l’université de Caroline du Nord (73 hommes et 79 femmes). Ainsi, les sujets de l'expérience devaient soit écouter la cassette audio soit lire la retranscription du témoignage. Après avoir entendu ou lu le témoignage, les participants devaient répondre à une feuille de questions associées. Ces questions mesurées sur des échelles si le participant trouvait le témoin  :

  • digne de confiance
  • avec du pouvoir
  • intelligent
  • actif
  • crédible
  • etc... 

Les résultats 
Les résultats ont montré que la crédibilité a eu un certain nombre d’effets significatifs. Le style powerful a été perçu plus crédible que le powerless, et ceci d’autant plus que le participant était du même sexe que le témoin. L’attractivité a eu un effet significatif des styles langagiers. Le powerful était jugé comme plus attractif que le powerless. De plus, les femmes dans la version audio étaient perçue plus sympathique, alors que les hommes étaient légèrement perçus plus sympathique à l’écrit. Le genre a eu une interaction avec le sexe du témoin. De telle sorte qu’un témoin homme était perçu comme plus masculin et une femme témoin était perçue plus féminine. Les styles langagiers affectent la perception de la crédibilité et de l’attractivité que l’on se fait de celui qui parle. La perception de la crédibilité peut s’expliquer par le fait que celui qui parle a confiance en son discours. Les marqueurs du style powerless montrent un manque de confiance du locuteur dans ces propos, en conséquence il a été perçu comme moins crédible que le style powerful. De plus ce résultat est d’autant plus fort quand les sujets étaient du même sexe que la personne qui parlait. Les auteurs pensent que cette différence et du au fait que les participant ne peuvent pas prendre leur comportement comme comparaison lorsqu’ils doivent évaluer la crédibilité d’une personne du sexe opposé.
Le style powerless accroit le coût cognitif du traitement du discours ce qui peut expliquer le fait que le powerful est jugé comme plus attractif que le style powerless. De plus, les femmes dans la version audio étaient perçue plus sympathiques, alors que les hommes étaient légèrement perçus plus sympathiques à l’écrit. Ceci pourrait s’expliquer par l’existence de biais perceptifs envers les genres qui se manifesteraient davantage dans la condition écrite. Dans la condition écrite les participants ont moins d’informations que dans la condition audio. La voix fournit un ensemble d’indices supplémentaires permettant de se défaire des stéréotypes. En effet, les stéréotypes sont davantage mis à contribution dans des conditions où il y a peu d’informations.
Les styles de langages peuvent avoir un effet sur l’acceptation du discours et les dommages encourus. Cependant les dommages semblent avoir peu de lien avec la crédibilité perçue du locuteur. Les effets observés sur les dommages étaient complexes. Le mode de présentation interagissait avec le style langagier. Dans la condition Powerless les sujets apparaissaient davantage accepter le témoignage des femmes que celui des hommes dans la condition audio, et l’inverse dans la condition écrite. Ces résultats suivent un pattern similaire que celui observé dans l’attractivité.
Les différents résultats observés sur la crédibilité, l’attractivité et les dommages mettent an avant qu’il doit y avoir plusieurs processus psychologiques impliqués dans les effets des styles langagiers. Les résultats suggèrent la nécessité d’élargir les variables étudiées dans la psychologie de la justice. De plus, les facteurs linguistiques affectent surement les jugements dans une Cour de justice et suggèrent que la psychologie sociale de la justice devrait bénéficier de la prise en compte des différents facteurs étudiés.
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Article publié par Hugues Delmas.
Référence :

  • Erickson, B., Lind, E. A., Johnson, B. C., & O'Barr, M. (1978). Speech style and impression in a court setting: The effects of "Powerful" and "Powerless" speech. Journal of experimental social psychology (14), 266-279.

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