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"Tokyo bordello" : l'envers du décor

Par Vierasouto


Hidéo Gosha n’aimait traiter que des vies extrêmes, le monde des yazukas et des geishas, ce film étant le dernier d’une série de grands spectacles à succès sur le sujet, il avait sans doute évolué depuis ses débuts dans son idéalisation de ce milieu… Car "Tokyo bordello" (1987) est aussi réaliste et sombre que "Yohkiro, la maison des geishas" était le tableau d'un paradis perdu..
.   "Tokyo bordello" (1987)

photo Wild side vidéo
L’ascension dans les années 1910 d’une jeune fille, Hisano (Yuko Natori), vendue par son père ruiné à un proxénète qui la place dans une maison de geishas située dans le quartier des plaisirs de Yoshiwara à Tokyo. Situé au nord-est de la ville, ce quartier a existé et a brûlé dans les années 40, le film montre cet incendie géant comme les flammes de l’enfer... Paradis pour les hommes, enfer pour les femmes, comme le dit la voix off en prologue du film, ce quartier isolé, entouré de palissades et vivant en autarcie, comportait des ruelles correspondant aux strates sociales selon que les geishas étaient puissantes ou misérables.
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Contrairement au film "Yohkiro, la Maison des geishas" (1983) adapté du roman de Tomiko Miyao (comme "L’Ombre du loup" (1982) et "La Proie de l’homme" (1985), le sujet de "Tokyo bordello" (1987), bien qu'identique, également  en immersion dans une maison de geishas,  montre l’envers du décor. Si le premier film était romancé et idéalisé, selon l’idée que les hommes aimeraient avoir des geishas, selon ce qu’elles leur montraient une fois maquillées, parfumées, offrant le spectacle de plaisirs raffinés, ce film-là est nettement plus réaliste bien qu’utilisant les images pastel du dessinateur Shinichi Saito (qu’on voit telles quelles au générique)….

photo Wild side vidéo
On y décrit la misère et le désespoir de ces femmes, geishas mais prostituées «dans l’âme» avant tout, dont certaines deviennent folles, se suicident, droguées de saké pour tenir le coup. Si la plupart nourrissent l’illusion de payer leurs dettes afin de sortir de la prostitution, Hisano, passé le chemin de croix de l’initiation, finit paradoxalement par accepter son métier, comprenant qu’elle ne s’adaptera plus à l’extérieur dans une vie normale, et rêve alors d’être la meilleure des geishas, rebaptisée alors Miyasaki.

photo Wild side vidéo
Si "Yohkiro, la Maison des geishas" était colorée et sensuelle, avec une certaine joie de vivre, "Tokyo bordello" est un monde implacable et sordide, pavé de mauvaises intentions et sans espoir pour personne. Quelques scènes sont plus  franchement sexuelles que dans les films précédents, comme l’initiation de Hisano par une des grandes geishas déclinante, le plus souvent un sexe triste tarifié dont l’amour est exclu, des chairs blafardes et des cheveux décoiffés des femmes devenues hystériques, névrosées, suicidaires. Les trois geishas stars du début du film finiront toutes tragiquement. Un bon complément du film précédent, l’endroit et l’envers des maisons de geishas.

photo Wild side vidéo
DVD Wild side vidéo, 6 films introuvables  d'Hideo Gosha. Sortie le 2 avril 2008.
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