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[Critique] L’HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris (2012)

Par Celine_diane
[Critique] L’HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris (2012)
Les romans de Victor Hugo sont une source d’inspiration pour de nombreux cinéastes. Pas étonnant au regard de la puissance visuelle évocatrice qu'ils contiennent, de l’engagement social qui s’y trouve, de leur beauté-fleuve propice à toutes les folies cinématographiques. Jean-Pierre Améris (Les Emotifs anonymes) rejoint, avec cette adaptation de L’Homme qui rit, le club des cinéastes à avoir tenté de saisir toute l’intensité d’une œuvre d’Hugo. Y parvient-il ? Pas vraiment, bien que sa proposition ne soit pas à jeter à la poubelle, osée lorsqu’elle convoque l’imagerie gothique (on pense à l’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, ou au Joker de Burton), touchante lorsqu’elle s’aventure sur le terrain de l’onirisme et du baroque (les paysages enneigés, les figures du freak). L’histoire appelle un trio : Gwynplaine, jeune orphelin balafré, Déa aveugle et amoureuse, Ursus, forain à la fois rustre et sensible, et un choix de casting judicieux, Marc-André Grondin, l’air rêveur, demeure crédible dans la peau d’un héros rongé par ses désirs de reconnaissance, Christa Theret insuffle sa fragilité à la douce Déa, Depardieu est immense, carcasse imposante pour un cœur en or massif. De leurs rencontres à l’écran, jaillissent de belles choses, des instants d’alchimie, et des échanges qu’Améris capte simplement, sans en faire trop. 
Parce qu’il choisit d’inscrire son film, et à l’inverse d’Hugo qui évoquait l’Angleterre du début 18ème, dans un lieu et une époque qui restent flous, le cinéaste vise l’universalité du conte, et réussit à moderniser le propos sans en perde les essentiels : lutte des classes, isolement des marginaux, condamnation sociale de la différence, défense des pauvres. Au final, son film- sombre, ténébreux, mais aussi empreint d’une innocence et naïveté propres à l’enfance- ressemble à un cauchemar éveillé pour adultes, qui tirerait ses charmes de ses imperfections. On regrette alors d’autant plus que l’univers créé par Améris prenne souvent, des poses un peu cheap, avec ses décors un peu ratés, et qu’il s’englue dans trop de lyrisme encombrant, de démesure sirupeuse, et de kitch (assumé ? On ne sait pas vraiment…). Les 55 minutes de musique sur 90 minutes de film en sont un bon exemple : à trop vouloir surcharger le trait, Améris amoindrit la force naturelle et de sa proposition visuelle et de son histoire. 
[Critique] L’HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris (2012)

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