Magazine Cinéma

[Critique] LES CRIMES DE SNOWTOWN de Justin Kurzel (2011)

Par Celine_diane
[Critique] LES CRIMES DE SNOWTOWN de Justin Kurzel (2011)
A l’instar du choc Animal Kingdom de David Michôd, Snowtown nous vient d’Australie et s’affirme comme une œuvre plus noire que noire, pépite d’horreur à l’état pur qui gratte là où cela fait mal : soit au cœur d’une communauté de bogan, ces gens peu éduqués des banlieues australiennes où pullulent chômage, viols, alcoolisme, pauvreté, violence. Jamie, seize ans, est la victime adolescente de son environnement : un laissé pour compte, traînant là, ne sachant que faire, condamné à un futur peu reluisant. Normal que lorsque John Bunting débarque dans sa vie, se frayant une place au sein même de sa famille, il se mette à l’aduler, un papillon de nuit attiré par une lumière vive, un rayon de soleil en pleine tempête. Sauf que John, sous ses apparences guillerettes et inoffensives est un serial killer, le pire, en fait, que l’Australie n’ait jamais connu. Entre 1992 et 1999, il tue une dizaine de personnes, brutalement, sans motif, des homos, des camés, des paumés. Attention, ambiance. Snowtown n’est pas un film à mettre devant tous les yeux, se livrant à l’exercice brutal de la reconstitution froide, clairement pas là pour plaire aux spectateurs. Justin Kurzel fait preuve d’une dureté impeccable lorsqu’il s’agit d’étudier l’insinuation du mal au sein d’une communauté : comment manipuler les esprits, comment satisfaire ses plus bas-instincts, comment basculer- l’air de rien- dans l’acte barbare. Aucune minute de répit ne nous est donnée : Snowtown est brutal, introverti, d’une âpreté sourde et dérangeante qui reste collée à la peau bien longtemps après sa vision. 
Kurzel, dont c’est le premier film, navigue entre chronique sociale dépressive (bienvenue dans le pire de l’Australie : ses banlieues grisâtres, ses marginaux) et thriller glacial, et opte pour l’ultra réalisme percutant. Ses acteurs sont pour la plupart non-professionnels, sa mise en scène et son regard sont tranchants et innervent la pellicule de leurs ténèbres. Il ne s’agit pas pour lui de comprendre, ni du juger, ni d’offrir la moindre explication à l’explosion d’une telle violence, simplement, de la regarder froidement dans les yeux, de plaquer sur le mur, et ce sans ambages, la réalité dans ce qu’elle a de plus sale et sordide. Dans Snowtown, on est dans le naturalisme le plus revendiqué, le plus crasse possible. Une manière alternative, et un choix assumé, de faire du cinéma. De celui qui prend aux tripes et qui empêche de dormir, parce que baigné dans une horreur effective, palpable, que l’on voudrait nier, ne pas voir, et que Kurzel déterre méticuleusement, avec et de sang-froid. 
[Critique] LES CRIMES DE SNOWTOWN de Justin Kurzel (2011)

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines