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Valérie Mangin et Griffo – Abymes, première partie

Par Yvantilleuil

Valérie Mangin et Griffo - Abymes, première partieComme j’avais été fortement déçu lors de la lecture de Trois Christs, qui reposait sur un concept audacieux consistant à raconter trois fois la même histoire sous forme d’un puzzle narratif et graphique impressionnant résultant finalement en trois interprétations différentes, j’hésitais fortement à m’attaquer à ce nouveau défi conceptuel relevé par Valérie Mangin (Alix SenatorLe fléau des Dieux) et Denis Bajram (Universal War One).

Le challenge consiste cette fois à proposer une trilogie basée sur le principe de la mise en abyme, le tout en seulement trois mois et dessiné par trois dessinateurs différents. Bien décidée à exploiter ce procédé qui consiste à imbriquer une œuvre dans une œuvre du même type, invitant ainsi aux deux récits de se faire écho, Valérie Mangin propose donc trois albums dédiés à trois auteurs de différentes époques. Si la première victime de l’auteure est Honoré de Balzac (dessiné par Griffo), les deux suivantes, mises en images par Loïc Malnati et Denis Bajram, seront respectivement consacrées au cinéaste Henri-Georges Clouzot (préparant un film sur Balzac) et à Valérie Mangin en personne (découvrant les trois albums d’Abymes bien avant leur parution).

Ce premier tome met en scène Honoré de Balzac alors qu’il découvre qu’il est le héros d’un roman-feuilleton anonyme qui remplace sa propre création (La Peau de chagrin) dans La revue de Paris. Ce jeu de miroir mêlant histoire, humour et fantastique permet de confronter le célèbre auteur à sa propre biographie, tout en s’amusant de ses réactions face à la révélations de ses plus profonds secrets ou de sa stupeur en réalisant que certains événements de l’histoire se déroulent au moment où il la lit.

Alors que le concept avait totalement noyé l’histoire dans Trois Christs, cette vraie-fausse biographie amusante, combinée à une enquête policière qui invite Balzac à trouver celui qui se joue de lui, parvient à passer outre l’exercice de style. Malgré une fin légèrement prévisible, le récit parvient en effet à entretenir un certain suspense, tout en plongeant Balzac dans une descente aux enfers qui exploite ses travers tout en tutoyant sa folie.

Visuellement, Griffo livre également de l’excellent travail en proposant des personnages hauts en couleurs, croqués avec cocasserie et grande expressivité, ainsi que des décors du XIXème siècle, restitués avec grand soin. Le traitement graphique façon gravure ancienne, utilisé pour relater les événements du roman-feuilleton, fonctionne également à merveille.

Un premier volet original et de très bonne facture !


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