Le principe d’économie

Qu’est-ce que l’économie ? Avant d’être une discipline théorique, un art de l’investissement ou de l’épargne, c’est un principe ; et son usage ne se limite pas aux questions dites économiques mais traverse la philosophie et les sciences.

Dans l’ordre scientifique, c’est une règle absolue de ne pas multiplier sans nécessité les hypothèses. Si une explication peut se faire par une seule force au lieu de quatre ou cinq, par un concept déterminé plutôt que par dix idées confuses, on préférera celle qui rend raison des mêmes effets avec un plus petit nombre de causes. Par exemple c’est en raison de sa plus grande simplicité relative que l’astronomie de Copernic a supplanté celle de Ptolémée.

Ce principe s’emploie aussi en métaphysique, et Leibniz en a fait la règle de la création divine : créer, c’est engendrer les effets les plus nombreux et variés par les lois les plus simples. Ce qui justifie à ses yeux pourquoi une théorie scientifique a d’autant plus de chances d’être vraie qu’elle sera économe en suppositions, comme l’auteur présumé de la nature l’aura été en décrets.

Ces différents emplois du même principe annoncent la productivité contemporaine : faire plus avec moins de moyens, ce qui en soi est rationnel. Le problème est que l’homme fait partie de l’équation, avec son corps, sa peine, ses désirs, sa dignité. Maximiser la quantité d’objets produits ne suffit donc pas, car ce serait méconnaître une partie des effets, sur le producteur lui-même et son environnement.

Rappelons que le principe d’économie tire sa valeur et sa rationalité autant de la simplicité des voies que de la richesse des effets. On peut appeler productivisme la tendance à privilégier le premier aspect sur le second. Ce qui revient à simplifier les facteurs de production sans voir si la totalité des effets reste la même.

Apprenons à envisager toute l’étendue des conséquences.