Ben Katchor a fait découvrir aux français son style si particulier et inimitable avec son album Le juif de New York et a confirmé son talent avec les aventures de Julius Knipl. Son univers est très reconnaissable : noir et blanc, un très à la fois naïf et segmenté qui peut donner un aspect brouillon au dessin terminé et rendre parfois les personnages difficilement reconnaissables. Quant à l’imaginaire de ses scénarios, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est ultra développé, mais pas dans le sens fantasmagorique du terme.
Avec L’odyssée d’une valise en carton, Ben Katchor nous propulse une nouvelle fois dans son univers improbable. Cet album nous fait suivre le périple d’Emile Delilah à travers différentes contrées. En effet, pour ce xénophile, rien n’est mieux que les cultures autres que celle de Fluxion City, sa ville d’origine. C’est pourquoi un jour il décide de s’équiper d’une énorme valise en carton pouvant contenir la totalité de ses affaires, et de s’envoler vers l’île Tensint, célèbre pour ses ruines de toilettes publiques. Mais un jour sous l’accumulation de solvants dans le sol, l’île s’évapore. Emile en réchappe et décide de partir vers le Canthus-Extérieur.
Cet album, des plus surprenants, est extrêmement fidèle à son univers aussi improbable que réaliste mais sans être dénué d’espoir. Encore une fois cet auteur connu et reconnu outre-Atlantique confirme son talent.