Django Unchained.
(réalisé par Quentin Tarantino)
Le dernier film de Tarantino nous a divisé Cyril et moi. Du coup, la critique prend la forme du classique Pour/Contre.
POUR: Cyril
Django Unchained est une aventure de près de trois heures qui raconte l'histoire d'un esclave libéré par le docteur King Schultz, un chasseur de primes allemand. Django va commencer par travailler avec Schultz avant de partir à la recherche de sa femme Broomhilda, esclave sur les plantations de Calvin Candie.
Avec son huitième long métrage, Tarantino progresse encore et nous livre un Western aussi épique que jouissif. Il renouvelle avec élégance un style visiblement infatigable.
Django Unchained est un excellent film qui prend le temps de développer toutes ses scènes, et Tarantino réussit le pari de les enchaîner sans jamais passer à côté du moindre détail. Il développe si bien ses personnages que même si on aimerait rester avec eux à la fin de la projection, on a le sentiment de les avoir vraiment connu. Pour les habiter, il fait appel à de très grands acteurs. Si la première apparition de Christophe Waltz entrevoit une prestation bien trop similaire à celle qu'il signe dans Inglorious Bastards, on découvre vite que l'acteur sort admirablement de son ancien rôle pour livrer un jeu du tonnerre. Chacune de ses répliques mobilise notre attention! Épaulé par un Jamie Foxx saisissant de détermination, puis d'un DiCaprio et d'un Samuel L Jackson infaillibles, le quatuor masculin écrase tout sur son passage.
Le nouveau Tarantino garde l'empreinte de son réalisateur mais se démarque par son sujet plus sensible et sa construction linéaire. On craignait du film une version très proche des films de Leone, dont il déclare une admiration totale, mais pas de panique, Django Unchained est un film unique et inclassable. Bourré d'humour, cette fresque sur l'Amérique et son histoire est un joyeux bordel qui passe du cinéma sensible au jouissif, de la violence délibérée aux échanges verbaux incisifs, en passant par un cinéma inquisiteur. Sur ce dernier point, on retiendra notamment la rapide interrogation sur le sort des Noirs qui, pendant 50 ans de servitude, n'ont jamais essayé de tuer les Blancs. Le film arrive donc sur un mystère de l'histoire aussi étonnant que déroutant, dont il préfère laisser l'analyse hors salle. Django Unchained fait également sentir la maturité du réalisateur dans son traitement moins prononcé de la violence. Si celle ci constitue encore la marque de fabrique du cinéma de Tarantino, elle n'est plus aussi archaïque qu'avant. Ses personnages ont grandi avec lui, et tout le monde a préservé un excellent sens de l'humour. Des critiques voient dans Django un film trop long qui en perd par conséquence sa puissance. Mais pourquoi toujours attendre du cinéma un film parfaitement calibré? Acceptons la longueur pour savourer l'art dans ses retranchements.
Django Unchained est un film passionné qui n'hésite pas à prendre des risques. Rien, ni dans son humour, ni dans sa violence, ni dans sa composition n'est formaté pour le grand public. Tarantino rassemble grâce à une bande originale unificatrice. Si la puissance ne peut pas toujours passer par l'image ou le dialogue, la musique est encore un autre moyen pour la transmettre. Ainsi le réalisateur berce nos oreilles avec des morceaux classiques suivis plus tard par un Rap dévastateur, avec pour but de nous faire connaître un peuple par sa musique et son passé. Le Rap devient le parfait reflet de la vengeance à laquelle aspire Django.
Django Unchained confirme Quentin Tarantino comme l'un des réalisateurs les plus ambitieux du moment, ou pour le dire en d'autres mots, comme l'un des mecs le plus cool du monde. Courez le voir.
Note:
Contre: Flow
Bien évidemment, vous me connaissez (certains diront que je ne suis jamais content), je ne serais pas aussi enthousiaste que mon collègue. Mais j'écrirais moins pour vous l'expliquer. Car je suis le Boss et que je fais ce qu'il me plaît.
Bref, je n'ai jamais apprécié Quentin Tarantino. Et je n'ai certainement pas honte de l'affirmer haut et fort. Ce type est un gros prétentieux, à mon avis, surestimé qui croit que réaliser signifie tics de mise en scène grossiers qui n'ont comme sens qu'un vulgaire : «regardez-moi !!! Je suis un génie». Je me suis endormi devant Kill Bill 1 puis Kill Bill 2, je vomis sur Inglorious Basterds, je suis convaincu que son double épisode des Experts est le pire épisode toutes séries TV confondues et je place son jeu d'acteur au niveau d'un acteur de Plus Belle La Life. (et il le prouve une nouvelle fois ici). Vous l'aurez compris, ses films ne sont pas faits pour moi.
Pourtant, j'allais être très indulgent avec celui-là. Car il me plaisait beaucoup et que j'en étais le premier étonné. De longues scènes intéressantes, portées par des acteurs talentueux et surtout sans effets tarantinesques (ou presque, il ne faut pas rêver non plus). Même si je trouve toujours cette idée de trafiquer l'Histoire afin d'offrir aux opprimés un héros à même de les venger (violemment) le temps d'un film dans un joyeux esprit catharsique totalement creuse ; je trouvais qu'avec l'esclavage ça passait bien mieux qu'avec le génocide Juif.
Mais c'était sans compter sur le réalisateur-acteur-génie qui s'empresse de tout foutre en l'air dans une dernière partie foutraque et débile dont lui seul à le secret. Un beau gâchis qui ne confirme qu'une chose, je laisse Tarantino à d'autres.
Note:
Je reste gentil sur la note pour les deux premières heures.