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Le Théâtre de la Mode - 3eme partie : Les décors

Publié le 29 janvier 2013 par Cameline

Affiche par Bérard-copie-1

Les décors du Théâtre de la Mode méritent bien un article spécial (et même trois, finalement). Les tableaux de l'exposition, au nombre de douze pour la première version, ont été créalisés par des artistes et décorateurs de théâtre, mettant eux-même la main à la pâte pour les plus petits détails, à partir de maquettes  fabriquées au préalable.

Les deux cent petites poupées sont ainsi présentées dans douze petites tscènes dont la mise en scène et les éclairages sont réalisés par Boris Kochno.

Parmi ces tableaux, les uns représentent des scènes d'un Paris aujourd'hui disparu, un Paris à la fin de la guerre dans les années 1940, des lieux fétiches des élégantes parisiennes. Ce sont la Place Vendôme et la rue de la Paix, les jardins des Champs-Elysées, l'Ile de la Cité et les galeries du Palais Royal. Ces tableaux sont empreints de sobriété et de gravité, témoignant de l'atmosphère qui régnait alors à Paris.

Aux leurs côtés sont présentées des scènes surréalistes et fantastiques : un carrousel de sirènes, un jardin baroque imaginaire, ou encore cette vision digne d'un cauchemar donnée par Jean Cocteau.

1 – Le Théâtre de Christian Bérard

Christian Bérard est en quelque sorte le chef d'orchestre du Théâtre de la mode. Coqueluche des théâtres parisiens, il était à la fois peintre, illustrateur, scénographe, décorateur et costumier. Il était l'un des principaux créateurs de décors et de costumes dans les années 1930 et 1940, pour le théâtre, le ballet, l'opéra et le cinéma.

Il travaille dès 1930 avec Jean Cocteau et Louis Jouvet. Parmi ses réalisations, la plus célèbre demeure la conception des décors et des costumes du film de Jean Cocteau La Belle et la Bête, en 1946.

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Christian Bérard

 

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Christian Bérard reconstitue un théâtre de marbre aux immenses rideaux de velours rouge s'ouvrant sur une belle nuit étoilée. Un grand lustre de cristal domine le tableau, et des rampes de théâtre éclairent la scène.

Sur la scène comme dans les loges, les robes du soir habillent les poupées comme les danseuses d'un ballet merveilleux, et leurs bras sont gracieusement disposés pour simuler les mouvements de la danse. Les spectatrices aux balcons portent des chapeaux et des coiffes ornés de plumes ou de fleurs blanches.

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Le Théâtre de Christian Bérard côté scène (montage photo Cameline)


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Le Théâtre de Christian Bérard côté scène (montage photo Cameline)

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Reconstitution en 1990

2 – Ma Femme est une Sorcière de Jean Cocteau

Jean Cocteau est un des artistes qui ont marqué son siècle. Poète avant tout, il était aussi dessinateur, illustrateur et cinéaste.

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Jean Cocteau (à droite)

Il réalise cette scène en un hommage surréaliste au film de René Clair du même nom. « C’est une chambre de bonne incendiée. Par les trous du plafond et des murs on découvre une vue de Paris prise à vol d’oiseau. Cela donne le vertige. Sur un lit de fer je coucherai, à la renverse, une mariée évanouie. Derrière elle, plusieurs dames debout et consternées. À droite, premier plan, une dame très élégante se lave les mains à un lavabo d’hôtel borgne. Par la porte d’extrême gauche, arrachée de ses gonds, une dame entre et lève les bras en l’air. Plusieurs autres sont plaquées contre le mur ou grimpées sur un canapé dont le crin sort. Le spectacle qui provoque une catastrophe est une sorcière en robe de mariée, à cheval sur un balai, qui s’envole par le trou du plafond et dont les cheveux et la traîne volent »(1)

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Reconstitution en 1990

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3 – Le Palais Royal d'André Dignimont

André dignimont était illustrateur, peintre et graveur.

La scène représente des jeunes femme endimanchées pour une promenade d'après-midi dans les galeries du Palais Royal qui bordent le jardin. Derrière les grilles on aperçoit les tilleuls du parc ainsi qu'un manège aux chevaux de bois. On peut imaginer les cris des enfants qui jouent et les chants d'oiseaux. « Au coeur du quartier le plus animé de Paris, le Palais-Royal est un îlot de verdure et de silence. Ses voûtes franchies, le calme tout à coup succède au fracas des rues voisines »(Jacques Wilhem)(2).


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Reconstitution en 1990

 

4 – Champs-Elysées de Emili Grau-Sala

 

Emili Grau-Sala était un peintre et illustrateur catalan. Il a réalisé des lithographies, des gravures et des affiches, et a illustré plusieurs romans.

 

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Emili Grau-Sala dans son décor à côté de sa maquette

 

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Emili Grau-Sala et Joan Rebull

 

La scène de Grau-Sala nous présente les jardins des Champs-Elysées un matin de printemps en 1945. Avec ses larges allées ombragées plantées de marronniers et de platanes, ses lampadaires et ses colonnes Moris annonçant un bal, ses fiacres.

« Dans l'ombre verte des marronniers en fleurs, voici le rond-point des Champs-Elysées (…). Il y a toujours des fiacres en station avec leurs essieux et leurs rayons peints comme des roues de loterie (...). Les Champs-Elysées encouragent la marche à pied de même qu'à l'époque où Guy de Maupassant assistait aux sérénades de moineaux dans les feuilles et aux jeux d'enfants qui maçonnaient des buttes de sable à pleine mains » (Paul Gilson)(2).

 

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Rond-point des Champs-Elysées - Emili Grau-Sala

 

(à suivre ...)

 

Sources :

(1) Jean Cocteau, « Journal 1942-1945 »

(2) « Paris tel qu'on l'aime », Editions Odé, 1949

 


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