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FRANÇOIS GABART, la tête et les bras

Publié le 29 janvier 2013 par Teamvivia56

« Chacun sait que le Vendée Globe n’est pas une course ‘’de plus’’, mais la course la plus dure, la plus longue et la plus exigeante qui soit », écrivit Philippe Jeantot (1). Le créateur de l’épreuve qualifiait volontiers son tour du monde d’Everest des marins.   

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  Le dimanche 27 janvier 2013 restera une date significative dans l’histoire du Vendée Globe. Ce jour-là, un jeune marin bourré de talent, animé par une volonté à toute épreuve et doté d’une grande intelligence a fait mieux que Phileas Fogg. Il a bouclé son tour du monde en solitaire en 78 jours, 2 heures et 16 minutes. Moins de 80 jours, Un record que même Jules Verne n’aurait pas osé imaginer.

La récompense méritée de l’effort et de la volonté

François Gabart fait partie des sportifs intellectuels. Il a obtenu son bac avec mention Très Bien avec un an d’avance. Puis il a entrepris des études d’ingénieur qu’il a réussies. Il fait partie des jeunes particulièrement doués et volontaires qui parviennent à allier études et sport de haut niveau. Car en compétition aussi, le Petit Mozart de la voile se révéla précoce ! Il s’est construit un joli palmarès de l’Optimist (Champion de France) à la course au large (2ème de la Jacques Vabre, 2ème du Figaro, Champion de France de course au large en solitaire et maintenant vainqueur du Vendée Globe) sans oublier un titre de Champion du monde jeune en Tornado.

Existe-t-il une recette Gabart qui garantit le succès ? Oui, sans doute. Car l’exemple de sportifs comme François incite chacun à donner le meilleur de lui-même pour atteindre ses objectifs. Et il apporte l’étincelante démonstration que ça marche. Tout au moins en ajoutant une touche personnelle à l’intelligence et au talent, une volonté inébranlable. Un de ses proches témoignait quelques heures avant l’arrivée qu’à 9 ans déjà, l’âge des régates en Optimist, il se préoccupait de son alimentation et des quantités de nourriture qu’il devait absorber afin d’optimiser sa condition physique. Comme le fit Michael Schumacher, mais plus vieux, lorsqu’il courait en F1.  

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  J’ai suivi l’arrivée de ce 7ème Vendée Globe en direct et les déclarations du skipper de Macif m’ont enthousiasmé. Une leçon de vie pour tous ceux qui traversent des moments de déprime. Un hymne à la volonté. Si les enregistrements de ses interviews étaient diffusés dans les pharmacies et remboursés par la Sécurité Sociale, les prescriptions d’antidépresseurs enregistraient une chute vertigineuse. Car contrairement à ce qu’ont pu imaginer les spectateurs en découvrant le visage souriant du skipper de Macif sur leur petit écran, rien n’a été facile durant cette course autour du monde particulièrement disputée.

« Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir une seconde de pause, témoigna François. Ça a été dur… j’ai appris beaucoup sur moi. J’ai appris que nos limites se situent très, très loin. J’ai appris qu’on a de l’énergie au fond de soi qu’il faut aller chercher. »   

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  La course ayant été très difficile contre Armel Le Cléac’h, François Gabart a dû la mener au rythme d’une régate pour devancer son valeureux rival. Dans ce contexte de compétition acharnée nonobstant l’estime entre rivaux, la discrétion fit partie de la stratégie de course. Pas question d’avouer ses ennuis lors des vacations. Mais François a bien subi en moyenne l’emmerdement par jour que lui avait annoncé le professeur Desjoyeaux avant le départ. Simplement, il ne les a pas révélés, ce qui a laissé croire à tort qu’il vivait une course presque tranquille.

« Je suis quelqu’un de plutôt positif dans la vie, rapporta-t-il. Quand on se plaint tout le temps, les ennuis restent avec toi. Quand tu ne te plains pas, les ennuis passent, ou au moins, tu ne les vois pas. »

Un exemple à méditer et suivre dans la vie quotidienne.

Un prince de la communication

- Avez-vous pris plus de risques que les autres ? lui demanda l’intervieweur officiel à sa descente du bateau.

- Non, je ne pense pas, répondit François Gabart avec un grand sourire. La Macif (nom de son bateau), c’est une assurance. On gère le risque. »

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Et le risque pour un sponsor avec un skipper de sa classe, il est nul. La voile représente déjà un vecteur de communication exceptionnel, proche de la nature, non susceptible d’être accusée de pollution. Alors, quand le pilote de F1 des mers gagne, le retour sur investissement est énorme. Avant l’arrivée déjà, Gérard Andreck, président du groupe Macif, reconnaissait que les résultats en termes de notoriété dépassaient ce qui avait été envisagé. Le nom de l’assureur avait été cité plus de 22.000 fois dans la presse. Et c’était avant les heures de direct sur l’arrivée, avant les interviews de François Gabart, excellent communiquant. Il est trop tôt pour chiffrer les bénéfices que tirera Macif de l’opération. Mais rappelons qu’en 1996 et 1997, les 5 MF investis par le département de Vendée sur la course avaient généré 57 MF de retombées économiques et médiatiques. Colossal !

Bientôt un livre ?

J’ai coutume de souligner que l’univers du sport est le cadre idéal de romans, récits, thrillers. Suspense, angoisse, danger, cadres exceptionnels, héros charismatiques, tous les ingrédients du best-seller sont réunis.  

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J’ai suivi des Vendée Globe et raconté des éditions de l’épreuve. Notamment celle de 1996 et 1997 (1) qui se déroula dans un climat particulier à cause de plusieurs naufrages. J’ai ensuite dirigé la rédaction d’un magazine spécial consacré à l’édition 2000 – 2001. Un beau produit réalisé en partenariat entre l’éditeur de presse pour lequel je travaillais et Philippe Jeantot, le créateur de l’épreuve, l’organisateur de plusieurs éditions, celui sans qui rien n’aurait été possible, celui qui a conçu le concept grâce auquel une société apparentée à un quotidien sportif réalise aujourd’hui une très belle opération en ayant décroché la négociation des droits télévisés du Vendée Globe à l’étranger. A cette époque, le président du groupe de presse au sein duquel je travaillais était aussi tenté par la création d’un magazine sur le web qui se serait appelé Wincheur et dans lequel je devais assumer des responsabilités éditoriales. Le groupe de presse a été démantelé, hélas. Puis un peu plus tard, Philippe Jeantot a été sournoisement évincé de son épreuve. J’ai pris des distances avec le Vendée Globe. Le Vendée sans Philippe Jeantot, ce n’était plus tout à fait le Vendée dans mon esprit. J’ai admiré les exploits des marins qui effectuaient ce tour du monde en solitaire sans aucune assistance extérieure, mais avec moins de ferveur et je n’ai plus cherché à écrire sur la course. Cette année, pour la première fois, je l’ai regretté. J’aime les sportifs de haut niveau qui réussissent aussi leur scolarité et leurs études. François Gabart, premier de classe et grand compétiteur m’a épaté. Sa victoire fait partie des événements sportifs que je n’oublierai pas, un peu comme celle d’Olivier Panis au GP de Monaco 1996, le premier Monte-Carlo remporté par Sébastien Loeb, les Routes du Rhum gagnées par Laurent Bourgnon, ou encore le premier titre européen de Christophe Lemaître sur 100 mètres.   

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  Alors oui, j’ai regretté de ne pas avoir travaillé sur cette édition, de ne pas avoir prévu de livre dans lequel j’aurais raconté la splendide victoire de François Gabart, de ne pas être son biographe, de ne même pas avoir créé l’occasion de le connaître personnellement. Mais je suis convaincu que des auteurs ont prévu cet ouvrage que j’ai laissé passer, que certains collaboreront au récit par François de son tour du monde, du duel de tous les instants avec Armel Le Cléac’h, de cette remontée du chenal où l’émotion était à son comble et le vainqueur magnifique. « J’ai toujours envie de progresser, j’ai toujours envie d’être un peu meilleur et après ce Vendée Globe, je crois que je suis un peu meilleur », confia François Gabart peu après l’arrivée. Décidément, cette aventure humaine et sportive, j’ai vraiment hâte de la découvrir dans un récit signé du skipper !

(1) cf la préface de VENDÉE GLOBE, La course la plus folle du monde racontée par les skippers, Éditions Gérard de Villiers et La Découvrance, 1997 (un livre que j’ai écrit sous le pseudonyme Thierry Georjan)

QUELQUES LIENS A SUIVRE

Le site officiel de François Gabart

http://www.francois-gabart.com/

Un roman jeunesse dans le monde de la course au large ; c’est moi qui l’ai fait ; malfaiteurs, maléfices et suspense au programme !

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-a-la-main-du-diable-disponible-en-format-e-pub-111556271.html

Gare au clavier de l’auteur : du récit au roman

http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-au-clavier-de-l-auteur-du-recit-au-roman-104649943.html

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Thierry Le Bras  


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