Les amis, c'est la vie !

Par Bobosse92
C'est le titre que j'ai librement pompé - et sans honte - à l'ami Oliv pour illustrer cette soirée placée sous le signe du millésime 1999. Pourquoi 1999 me direz-vous ? Pour célébrer le premier anniversaire de 'notre' coupe du Monde de football (à l'époque où la France avait une véritable équipe) ? En l'honneur de la loi sur les 35 heures (n'ayons jamais peur d'aller à contre courant de la pensée unique qui nous envahit ces derniers temps) ? Peut-être, mais surtout simplement pour le plaisir de nous retrouver réunis autour d'une même table et d'une même passion, en oubliant l'espace d'un instant la mesquinerie ambiante que l'on rencontre trop souvent, même dans des endroits où le terme de discussion est mis en avant.

En avant-gout de la soirée, "impressions d'un soir d'automne"


Place maintenant aux choses sérieuses.
Servi en apéritif, accompagné d'une tourte aux poireaux et de verrines de chèvre frais au saumon fumé, un Pouilly Fuissé, Les Crays Vieilles Vignes 2000, domaine Daniel Barraud  : Évidemment, la thématique est mise à mal, la faute à une vue défaillante de notre papy qui a confondu 1999 et 2000 (c'est dur de vieillir !). Une robe assez claire, avec de beaux reflets dorés. Un nez relativement discret, laissant apparaître des notes fraîches et florales, une pointe beurrée en sus. Une bouche assez complexe, entre une trame acide très pure et un gras élégant. Tout cela est frais et agréable. On pourra toutefois regretter un manque d'aromatique et de volume, en particulier en finale qui "tombe" assez rapidement. Bien ++ Servi sur une entrée composée de foie gras mi-cuit au sel et jambon de noir de Bigorre, un Chablis Grand Cru, Les Clos 1999, domaine Vincent Dauvissat: Une robe qui traduit la jeunesse du vin, légère, claire et avec quelques reflets tirant sur le jaune-vert. Beau nez de chardonnay marqué par une légère réduction. A l'aération (et le lendemain), il est marqué par des notes de coquilles d'huitres et d'iode. Belle complexité avec des fragrances florales, fraîches et profondes. C'est pur et typiquement chablisien, quoique très puissant. En bouche, même impression de volume et de puissance, presque vanillé. C'est toujours frais, tendu par une acidité encore adolescente. Amers nobles d'un grand chardonnay. L'ensemble dégage une impression de sensualité et de longueur en bouche. Superbe accord avec le plat. Excellent Avec une deux côtes de bœuf de noble origine (Le Bourdonnec), accompagné d'un gratin dauphinois maison au moins aussi digne de celui de Michel Rostang, un Gevrey Chambertin Premier Cru, Lavaux St Jacques 1999, domaine Denis Mortet: une robe rouge sombre et profonde, très intense. Un premier nez très suave, marqué par un boisé présent mais élégant. Notes de fruits rouges et noirs à l'aération (cassis, cerise, mûre), sur un réglissé / fumé très noble. C'est à la fois terrien (rustique) et classe. Une première impression qui impressionne ! La bouche est en complet accord, avec un volume en bouche parfaitement équilibré. Aucune note de sur-extraction. Belle charge tannique, avec un toucher de bouche soyeux. Un vin qui n'est pas lisse, qui possède un beau caractère (presque comme moi donc !). L'ensemble est tenu par une acidité qui étire le vin sur un registre de fraîcheur. Respect du pinot cueilli à sa juste maturité. Certes, le vin est encore jeune, mais il n'a pratiquement déjà plus les défauts de sa jeunesse. Accord presque parfait avec les côtes de bœuf maturée 60 jours. Superbe
Madiran, Montus cuvée Prestige, 1999, Alain Brumont : une robe sombre et intense, encore plus que le vin précédent. Un nez sur un équilibre marqué par des fragrances presque "bordelaises", entre bois de cèdre, épices et résine, le tout sans concéder nullement à un fruité plus noir. En bouche, le vin est gras et velouté, sur un registre tannique. Malgré tout, il sait rester frais, sans doute grâce à une belle acidité. C'est très joli malgré un équilibre presque opposé au précédent vin. Seul L'aromatique est agréable, toujours sur cet équilibre fruits noirs très épicés. Si le vin n'est (petit) bémol, un léger manque de complexité et de longueur, mais j'avoue avoir été agréablement surpris par ce vin, qui reste buvable et digeste. Belle association avec le gras de la viande. Très Bien Avec un premier plateau de fromages de vache plutôt crémeux (Mont d'Or - Brillat Savarin - Saint Félicien - Chaource - Trou du Cru - Saint Nectaire), un Savennières Roche aux Moines, 1999, domaine aux Moines : Une robe (comme d'habitude) plutôt intense et évoluée, jaune d'or. Un nez de chenin de schistes, très Savennières dans sa construction : fraîcheur, finesse, menthol et fruits blancs. On sentirait presque le caillou ! Une bouche toujours corpulente, presque tannique. Grosse matière, minéralité appuyée, forte acidité intégrée et joli gras (glycériné ?). Le vin laisse une impression de douceur - d'aucun ont évoqué un équilibre liquoreux - associée à un caractère totalement sec. C'est atypique mais j'ai beaucoup aimé. Très Bien
Sur un plateau de fromages persillés (Gorgonzola - Fourme d'Ambert - Bleu des Causses - Roquefort Baragnaudes), un Sauternes Premier Cru Classé, château Tour Blanche 1983 : Une robe dorée peu évoluée. Un premier très frais et fin, sur le menthol intense et des notes d'agrumes. Après une journée d'aération, cette impression disparaît sensiblement au profit de notes plus confites, rôties et d'abricots. La bouche est construite sur un équilibre de demi-corps. C'est fin, relativement tendu, avec une charge de sucres réduite. Le vin a sans doute déjà largement 'mangé' ses sucres. Belle acidité en bouche qui apporte de la fraîcheur, un peu sur le modèle des beaux Jurançon ou Pacherenc de noble origine. Très digeste, il se termine par une finale bien équilibrée, qui caramélise un peu. Très Bien

Avec un dessert au chocolat noir intégral, un PX, Vin de liqueur, Michel Couvreur : Une robe brun sombre, acajou / palissandre. Un vrai café (what else ?). Un nez incroyable, liqueur de figues dans un premier temps, puis pruneaux confits et fruits secs. Quelques notes de café et de cacao (liste non exhaustive tant nos papilles sont en émoi). En bouche, c'est une liqueur qui sait rester digeste et buvable ! Très forte acidité qui vient équilibrer l'ensemble, et l'empêche de verser dans un sirupeux écœurant. Alors là, évidemment, c'est complètement en dehors de nos standards. A déguster avec modération sous peine de poursuites (le vin titre 20 %). Très Bien ++

Une belle soirée s'achève, avec quelques bouteilles de moins au compteur. Heureusement, il en reste quelques-unes en réserve.

Et pour ne pas écorner ma réputation ("soyeux sérieux mais ne nous prenons jamais au sérieux"), la copie d'un ouvrage qui m'a été offert lors de cette soirée, ouvrage co-édité par un LPVien célèbre, l'ami Daniel. Franche rigolade passée et sans doute à venir lors de sa lecture.

Merci à toutes et à tous de votre présence et de votre amitié.

Passez de belles fêtes de fin d'année (si le calendrier maya s'est trompé).


Bruno