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En bref…

Par Borokoff

Un petit compte-rendu de quelques films qui ont suscité plutôt de la déception cette semaine (contrairement à d’autres encore à l’affiche…) ★☆☆☆☆

Jean-Pierre Darroussin - Rendez-vous à Kiruna d'Anna Novion - Borokoff / Blog de critique cinéma

Jean-Pierre Darroussin

Rendez-vous à Kiruna d’Anna Novion peut certes s’appuyer sur un très bon Darroussin (une nouvelle fois à l’aise dans un rôle dramatique, après De bon matin de Jean-Marc Moutout) mais manque de clarté quant à ses intentions et à ses enjeux. Le film d’Anna Novion pèche par sa lenteur et son manque de rythme, d’action et  de péripéties. On sent les hésitations du scénario et de la réalisatrice quant au véritable ton à donner à ce film qui oscille entre loufoque (pas vraiment un road-movie en roue libre) et récit intimiste (teinté de souvenirs personnels ?), drame et burlesque (le terme de tragi-comédie n’est-il pas absurde tant il paraît impossible de concilier deux contraires ?) sans parvenir à trouver sa voie. Darroussin campe avec charisme, élégance et cette nonchalance qui fait tout le sel de son jeu, un architecte parisien acariâtre et désagréable qui doit se rendre en urgence dans le Nord de la Suède (à Kiruna donc) pour y reconnaître la dépouille d’un fils qu’il n’a jamais (re)connu, mais il ne peut tout seul rattraper les approximations et le manque de direction d’un film et d’un scénario. Le personnage joué par Darroussin rencontre sur sa route un jeune Suédois lui-même en recherche de père. Malgré tout son capital sympathie, le choix d’Anastasios Soulis dans le rôle du jeune Suédois qui accompagne Darroussin, est contestable. Le jeune acteur ne manque-t-il pas en effet un brin de personnalité (contrairement à son aîné) et son personnage de relief, de  consistance. Cela nuit en tout cas à la tension et à l’émotion d’un film auquel on peut reprocher de ne pas assez approfondir les thèmes qui sont les siens comme la remise en question de l’architecte ou les liens père/fils qui se nouent peu à peu entre lui et le jeune homme qu’il a pris en stop.

Colin Farrell et Woody Harrelson - 7 psychopathes de Martin McDonagh - Borokoff / Blog de critique cinéma

Colin Farrell et Woody Harrelson

Déception aussi du côté de Martin McDonagh, pourtant auteur du très remarqué Bons baisers de Bruges. A Los Angeles, Marty (Colin Farrell), un scénariste alcoolique (forcément, il est Irlandais) cherche désespérément l’inspiration. Pour le moment, il n’a trouvé que le titre de son prochain scénario : 7 Psychopathes. Son ami Billy (Sam Rockwell), comédien raté et kidnappeur de chiens à ses heure perdues, décide alors de l’aider en passant une petite annonce pour rencontrer de vrais malades mentaux… Trop d’ironie et de décalages tuent l’ironie et les décalages. C’est ce que l’on retiendra de ces 7 psychopathes. McDonagh reprend et développe à outrance la recette qui avait fait la réussite de Bons Baisers de Bruges. Cette recette reposait sur une alchimie subtile entre loufoque et drame intime, excentricité burlesque et sentiment de culpabilité du personnage de tueur à gages que jouait (déjà) Farrell. Dans 7 psychopathes, McDonagh force le trait de ses personnages et ajoute comme ingrédient un côté sanguinolent voire gore qui n’est pas sans rappeler le style de Tarantino.  Tout en contrastes, en changements de styles et de tons (importance des compositions de Carter Burwell), 7 psychopathes oppose une nouvelle fois la folie et l’exubérance de ses personnages (casting de choc avec notamment Woody Harrelson, Christopher Walken, Olga Kurylenko, Gaboure Sidibe et Tom Waits s’il vous plaît !) au drame intime et à la perte d’un être cher vécu par l’un d’entre eux. Sauf que cette fois, McDonagh ne fait pas dans la finesse, 7 Psychopathes finit même par susciter de la lassitude voire un certain ennui. Comme si McDonagh avait voulu en faire dans le déjanté déjanté. Un eu vainement…

Norman Thavaud et Stefi Celma - Pas très normales activités de et avec Maurice Barthélémy - Borokoff / Blog de critique cinéma

Norman Thavaud et Stefi Celma

Enfin, Pas très normales activités est un parodie de Paranormal Activity mais surtout un prétexte pour Maurice Barthélémy, l’ancien Robin des Bois, de porter sur grand écran les aventures de Norman (Norman Thavaud), le héros du Web, en lui offrant son premier grand rôle au cinéma. Tremblante, avec ses cadrages volontairement approximatifs et amateurs, la caméra de Barthélémy opte pour un point de vue tantôt subjectif (Norman filme tout avec son I-Phone pour laisser des souvenirs à ses « futurs enfants ») tantôt voyeuriste (le personnage joué par Barthélémy est un photographe loser un brin pervers). L’histoire absurde et surréaliste que l’on nous narre (le scénario est aussi mince que celui écrit par Les Nuls pour La cité de la peur, 1994, mais là n’est pas l’enjeu) souffre d’un défaut majeur qui est  le manque de rythme né de la manière précédemment décrite de filmer. Malgré quelques sourires qu’on parvient à décrocher (merci à Rufus, excellent en vieillard qui parle en « verlan »), on a du mal à rentrer dans cette histoire rocambolesque de  »cochons revenants » venus hanter la maison de campagne de feu la grand-mère de Norman. L’humour « dans l’air du temps » comme les blagues très inspirées voire ancrées dans l’actualité semblent plutôt s’adresser à un public adolescent. L’humour de Norman est très « djeunes » et bon enfant, celui de Barthélémy plus régressif. Dans les deux cas, ils ne dérangent pas et restent inoffensifs et sceptiques. Rien de bien grave donc, même s’il n’est pas toujours facile de se sentir concernés…

… Et toujours à l’affiche 

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L'ivresse du pouvoir de Im Sang-soo - Borokoff / Blog de critique cinéma

A conseiller, L’ivresse du pouvoir de Im Sang-soo, thriller coréen teinté de morale et qui ne fait pas toujours dans la finesse ou les nuances mais vaut le détour par sa démonstration. Dans une grande famille et le milieu des affaires sud-coréenns, un jeune homme ambitieux rêve de se faire une place au soleil et un nom tout en rechignant à perdre toute morale et à devenir aussi « pourri » que ses pairs. Suspense quant à savoir où le mèneront ses hésitations et les choix cornéliens qu’il devra faire. Le film mérite d’être vu par le jeu notamment de Kim Kang-woo et la mise en scène implacable d’Im Sang-soo. Ses personnages sont froids comme la lumière à l’éclat métallique, argenté dans laquelle ils baignent (il s’agit pratiquement d’un huis-clos dans une immense demeure). Glaçants comme le noir et blanc des décors…

Esteban Lamothe - El Estudiante ou Récit d'une jeunesse révoltée de Santiago Mitre - Borokoff / Blog de critique cinéma

Esteban Lamothe

Même son de cloche ou à peu près dans El Estudiante ou Récit d’une jeunesse révoltée de Santiago Mitre. Roque est un jeune provincial venu étudier à l’université de Buenos Aires. Séducteur, il passe plus de temps dans le lit des filles que sur les bancs de la faculté. Mais contrairement aux apparences, Roque est un jeune homme ambitieux, un militant qui rêve de faire carrière en politique. Mais a-t-il les dents assez longues pour cela ? Est-il assez solide pour embrasser un monde cruel, violent et sans pitié ? Surtout, serait-il prêt à tous les sacrifices voire à des compromissions pour écraser ses adversaires ? En gros, serait-il prêt à devenir un salaud pour gravir les échelons et devenir le roi de l’arène ? Ce sont ces questions que le film pose subtilement, intelligemment, à travers le cheminement intellectuel et les doutes d’un jeune Argentin brillant  mais peu porté sur les études. La mise en scène, tout en plans séquences et en caméra à l’épaule, est remarquable de tension tout comme la composition d’Esteban Lamothe.


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