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Modiano

Publié le 13 décembre 2012 par Siheni
Modiano  Nous ne lisons pas Modiano autrement que s'il était poète. Parce qu'il est poète, au fond, plus que romancier. Non que ses livres, présentés comme romans, usurpent leur place sur ce rayon : l'imaginaire et son lot de fictions y taillent leur chemin avec plus ou moins de bonheur. Ils nous semblent, cependant, moins procéder du genre que s'attacher à rendre un écho de plus en plus nu à la voix de celui menant la danse. Une voix finalement inchangée depuis qu'elle se fait entendre : feutrée, chuchotante, expression devenue de plus en plus poignante pourtant à mesure qu'en paraissent les opus - d'une inconsolable mélancolie. Voyez le dernier, habillé de ce titre étrange et d'autant plus beau : L'herbe des nuits (Ed. Gallimard), emprunté, nous dit l'auteur, à un poète, mais dont il oublie de nous indiquer le nom. L'intrigue, chez lui, ne l'a jamais à ce point cédé devant le regret pour lui-même - hantise de ce qui fut, disparition de ceux qu'on a aimés, temps qui enlève. Que les personnages n'y existent pas, ou guère, il n'importe à cet écrivain, plus soucieux de sa phrase et de la musique qu'elle développe à son fil, d'une beauté qui s'impose éclatante dans le paysage désolé, à quelques exceptions près, de la littérature française d'aujourd'hui.     

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