La vie du leader de Joy Division, Ian Curtis, entre amours et désillusions, épilepsie et rock, succès et génie incompris...
La critique dansante de Borat
Sorti de nulle part, Anton Corbijn devient un réalisateur ovationné du jour au lendemain. Ancien clippeur (aussi bien U2 que Depeche Mode), Corbijn décide de se lancer dans le cinéma justement en parlant de musique. Il décide de réaliser un biopic sur le groupe de rock alternatif Joy Division et particulièrement son leader Ian Curtis. Pour l'incarner, il opte pour Sam Riley, vu depuis dans l'adaptation de Walter Salles d'On the road de Jack Kerouac. Pour sa femme, ce sera Samantha Morton la Agatha de Minority Report. Pour le reste, on retrouve également Joe Anderson qui était passé en peu de temps du rock standard (les Beatles avec Across the Universe) au rock alternatif avec ce film. Control finit par devenir une véritable pépite de cinéma indépendant et s'il n'est pas vraiment connu du grand public, il a au moins le mérite de s'être fait une véritable réputation au fil des années. C'est même un des meilleurs biopics sur le rock avec probablement Le roman d'Elvis de John Carpenter. Et c'est suffisament rare dans ce genre de musique souvent malmenée (à l'image de The Doors qui ne parle que de Jim Morrison et pas souvent de manière crédible). Par ailleurs, je dois dire que je ne connaissais pas grand chose au groupe avant de voir ce film, en dehors de Love will tear us apart, chanson entendue dans Donnie Darko (la superbe soirée d'Halloween).
Le film ne commence même pas par Curtis mais par les premiers membres essayant vainement de s'imposer. L'arrivée de Curtis à la fois dans le groupe et au niveau des textes sera fortement important et permettra au groupe de devenir la légende qu'il est actuellement. Corbijn ne nous sort pas de date ou autres informations administratives, juste les faits tels qu'il se serait déroulé. On peut voir ainsi le genre de performance que Curtis pouvait faire en concert. Comme on l'entendra de la bouche de Sam Riley "Les gens ne se rendent pas compte de ce que je donne". Cela se confirme tout au long de ses performances dévoilées. Une véritable énergie se dégage de lui, sorte d'expiation de ses textes. Mais cela conduira à des crises d'épilepsie, à la fois douloureuses et qui conduiront à rendre la vie de Curtis une sorte d'enfer. Ce qui conduira aussi à une dépression surtout que Curtis n'est pas non plus grandement respecté au sein de son propre groupe. Plusieurs crises foutront en l'air des concerts et cela n'arrangera pas les autres membres. A un moment, alors qu'il est en pleine relation avec une journaliste, il débarque chez son manager Rob Gretton qui ne cessera de le ménager et de se foutre de lui, qui plus est avec sa femme au téléphone. Déjà que Curtis éprouvait un grand malaise intérieur, ce genre de réaction n'a vraiment pas arrangé les choses.
Cela est d'autant plus renforcé par la réalisation du film à la fois simple (le film suit le chanteur dans son intimidité) et aussi sublime, Corbijn réalisant son film en noir et blanc. Cette photographie caractérise à elle seule le mal-être ambiant de Curtis jusqu'à ce final dramatique au possible. Une de ces journées que le monde du rock aurait préféré éviter. Je ne vous le cache pas, il suffit d'aller voir sur sa fiche Wikipédia pour le lire, Ian Curtis s'est suicidé en se pendant dans sa cuisine. Le genre de scène qui aurait pu être très stérile mais qui a un impact dramatique loin d'être déplaisant. Cela permet justement de comprendre le cheminement qui a mêné au drame. Outre l'histoire du groupe et de Curtis, Corbijn n'oublie pas d'évoquer sa vie de couple. Un homme marié et père mais vraisemblablemen pas prêt à ses fonctions. C'est seulement avec Annick qu'il trouvera un réel amour, même si pas totalement fusionnel. Sam Riley est vraiment époustouflant dans le rôle de Curtis, reproduisant une folie similaire sur scène. Pour avoir vu quelques vidéos, c'est vraiment similaire au niveau des danses. D'autant que le réalisateur donne vraiment l'occasion de découvrir les chansons du groupe, dont quelques extraits sont ci-dessous.
Biopic sensationnel d'un rockeur incompris en son temps mais beaucoup moins désormais.
Note: 18/20