Amis depuis l'enfance, Lucy et Evan sont inséparables, même après le divorce des parents de la jeune fille et le déménagement de celle-ci pour Atlanta où elle vit avec sa mère, ils ne manquent jamais l'occasion de se retrouver pendant les quelques jours que Lucy passe chez son père au moment de Noël.
Cette année semble différente des autres, car Lucy n'est pas elle-même, elle n'est plus celle qu'il avait coutume de connaître. C'est son look, d'abord, qui le déconcerte : avec ses cheveux noirs, ses piercings et son teint pâle, la jeune fille n'a vraiment pas l'air dans son assiette. Et puis elle est silencieuse, taciturne et renfermée.
Ne sachant pas trop sur quel pied danser, Evan se raccroche à ses bons vieux souvenirs, à cette amitié qui les lie depuis l'enfance et à la connivence qui existait entre eux. Il a bon espoir que Lucy redevienne un peu elle-même. Pour l'heure il tente de ranimer la flamme (éteinte) de son amie, il lui parle de ses projets, de ses études (la pression paternelle énorme !), de sa passion pour le dessin, toujours intacte, de son envie d'écrire une bande dessinée qui raconterait leur folle jeunesse.
Lucy écoute, fait preuve d'enthousiasme et semble avoir conscience de la déception qu'elle suscite. Mais elle ne lâche rien, alors les jours passent et ces deux-là tentent de raccrocher les wagons brinquebalants. Et puis c'est l'époque de Noël, le paysage est enneigé, on a l'impression d'une bulle et on n'attend rien du récit. Quand j'en ai pris conscience, j'ai aussi réalisé que j'étais déçue. En fait, l'histoire est molle et monotone, elle sent le spleen à plein nez. Si vous espériez une bluette sentimentale, passez votre chemin !
Pourtant, j'ai aimé toute la première moitié du livre. J'ai aimé me plonger dans la petite vie d'Evan. C'est un garçon formidable, bien dans ses baskets, entourée d'une famille exemplaire, avec une grand-mère très drôle et des amis extras. Le seul souci de ce garçon est de devoir répondre aux ambitions de son père, alors qu'il rêverait secrètement de devenir un artiste. A côté Lucy est sombre, déprimante. On découvre son secret à mi-parcours, mais ça m'a laissée insensible. Je n'ai pas aimé son personnage, à vrai dire. Je n'ai pas aimé qu'elle manipule ... enfin, vous verrez.
Cet hiver si particulier aura toutefois le mérite de permettre à Evan et Lucy de faire le point sur leur amitié amoureuse, pour peut-être les aider à construire quelque chose de plus fort, de plus beau. Mais il faudra être patient ! C'est aussi un roman d'apprentissage qui montre toute la difficulté d'être ce qu'on voudrait être, sans décevoir ses proches, d'assumer ses choix et ses préférences en conséquence. Ce n'est pas toujours rose, ni drôle mais ça permet de grandir, d'être heureux et en paix avec soi-même.
Bon point pour le charme du livre : sa couverture, très belle, et les illustrations ouvrant chaque chapitre, en plus des planches de BD sur Aelysthia, le monde imaginaire créé par Evan, et aussi les chansons des Beatles et des Beach Boys !
Entre toi et moi, par Stephen Emond
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2013 - traduit par Valérie Le Plouhinec
" Le problème, c'était l'espoir. L'espoir de ne pas faire de mal, l'espoir que l'amour s'épanouirait, ça, c'était douloureux. Alors que se consacrer au malheur, c'était juste un sentiment mort. C'était comme arracher un pansement en sachant que de toute manière ça ferait un mal de chien. "
" Jusque-là les choses avaient été moins que claires avec elle, mais à présent une idée commençait à briller dans la tête d'Evan, aussi fort qu'un phare dans la nuit. Il savait une chose : il voulait la sauver. "