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Kendrick Lamar - Good Kid M.A.A.D City (2012)

Publié le 01 décembre 2012 par Soulbrotha
Kendrick Lamar - Good Kid M.A.A.D City (2012)1. Sherane a.k.a Master Splinter’s Daughter
2. Bitch, Don’t Kill My Vibe
3. Backseat Freestyle
4. The Art of Peer Pressure
5. Money Trees (feat. Jay Rock)
6. Poetic Justice (feat. Drake)
7. Good Kid  (feat. Pharrell Williams)
8. m.A.A.d city (feat. MC Eiht)
9. Swimming Pools (Drank) *Extended Version*
10. Sing About Me,  I’m Dying Of Thirst
11. Real (feat. Anna Wise)
12. Compton (feat. Dr. Dre)
Que dire de neuf sur "Good Kid M.A.A.D City" ? L'album a leaké il y a 5 semaines, ce qui doit faire 5 siècles en temps internet et tout ce qui se fait de presse, blogueurs de qualité et twittos a donné son avis dessus. Les réactions sont contrastées, les uns parlent de classique ("le meilleur premier album depuis Illmatic", ai-je même lu une fois), les autres de #fail total. Les propos mesurés, ce n'est définitivement pas fait pour les autoroutes de l'information. Bref.
J'ai été biberonné au Rap West Coast. Pour tout vous dire, j'ai acheté le single de What's My Name de Snoop quand j'avais six ans parce que la mélodie me faisait marrer ("she wants the nigga wiz the biggest nutts", je ne saisissais pas trop, à l'époque) et les choses n'ont pas vraiment changé depuis. J'ai toujours un sourire attendri quand j'écoute des choses comme ça ou ça et j'ai applaudi à trois mains le triomphe mérité du dernier album de DJ Quik l'année dernière. Je suis un garçon sentimental, j'ai envie de me racheter une paire de Converse bleues et le foulard qui va avec en vous parlant de tout ça alors que je ne suis, bien sur, qu'un nerd binoclard français devant son PC.
2012. Los Angeles est le parent pauvre du Rap Game actuel. Dre continue de déprimer en poussant de la fonte, on a peu de nouvelles de Daz Dillinger ou d'Ice Cube et puis, bon, Snoop Lion quoi. La chaleur est dans le sud, je n'entends parler que de Rick Ross, Gucci Mane, Lil B et des tas d'autres gars qui me dépassent. Rien ne m’intéresse chez ces gens, je ne vois pas l'intérêt de ces trucs sans fonds qui font l'apologie de la prise de drogues dures. Je ne fais pas la morale, j'en vois juste pas l'intérêt. Tout ça est musicalement trop lent et  inintéressant quand on ne consomme pas de codéine, ce qui est mon cas. Même New York est complètement down ou fait allégeance (coucou A$AP Rocky).
Puis Kendrick est arrivé. Je n'ai pas du tout aimé sa première tape, le très acclamé Section.80. Je trouve ce disque beaucoup trop soft, trop clean. Surtout, il m'a révolté parce qu'il nie complètement l'héritage de Compton. Comment un enfant de ce hood si chargé en histoire rapologique a pu lui tourner le dos ? C'est surement une question de caractère mais je n'adhérais pas à ce choix. Je vous l'ai dit, je suis sentimental.
"Good Kid M.A.A.D City" est son premier album officiel et là, quelque chose a changé. Kendrick a compris l'importance de l'enjeu. Surtout, il s'est rappelé d'où il venait, validé par Dr. Dre en personne. Ca faisait bien longtemps qu'un disque venant de ce coin là des States n'avait plus été aussi attendu par tout le monde. Tous les publics Rap (et ça fait beaucoup de gens différents, maintenant) attendaient de voir ce que Kendrick avait dans le ventre. Il en a déçu certains, il en a ravi d'autres dont je fais partie.
Lamar ne sera jamais un californien comme les autres, il est calme, presque doux. Surtout, il pense beaucoup, se réfugie dans la religion et raconte sa vie. C'est cru mais c'est posé, le bon gamin a vu beaucoup de choses dans la ville folle et l'album est rempli de ces observations. On est a des années lumières de la culture gang, bien sur. Bloods et Crips paraissent tellement mais tellement loin. Qui aurait cru qu'un enfant de Compton pouvait écrire un truc aussi émouvant que "Sing About Me, I'm Dying Of Thirst" ?
Pourtant, étrangement, "Good Kid M.A.A.D City" nourrit le dogme West Coast à sa façon. Ses beats sont très contemporains mais respectent tout un tas de codes inhérents au genre, on trouve beaucoup de guitares, de sirènes sortant de nulle part mais pourtant bien présentes. Le symbole de ce mariage étrange étant le morceau "M.a.a.d. City" : un son coupé en deux avec une première partie où Kendrick pose sur un beat alarmiste et une seconde où déboule le légendaire MC Eiht qui proclame un brutal "wake your punk ass up !" sur une ritournelle puant les ghettos angelinos.
Il est affaire de symboles, comme si souvent dans le Rap. Le message envoyé en conclusion de l'album est simple : quand Kendrick termine sur un morceau (et quel morceau ! Un modèle du genre) nommé "Compton" avec Dr. Dre, il se place en héritier. Il réussit en un album là où le pauvre The Game échoue depuis des années (la bonne volonté ne fait pas tout, il faut du talent) : porter haut le flambeau d'une culture West Coast malmenée par les aléas d'un Rap Game qui n'aime pas la stagnation et les chapelles. Il a su le faire intelligemment, en apportant sa sensibilité et ses influences extérieures, aérant clairement un genre qui s'est beaucoup trop replié sur lui même.
Je ne sais pas quelle est la place de "Good Kid M.A.A.D City" dans le Rap Game actuel et je me fiche de savoir que ce disque a déçu tout un pan de public. Il me satisfait pleinement et me réchauffe le cœur parce que le témoin est passé. Grâce à Kendrick Lamar, Compton a toujours sa place sur la carte du Rap Américain.
Je n'en demandais pas plus, je ne suis qu'un sentimental.
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* En écoute sur Deezer
* Swimming Pools (Drank)

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