Rhissa Rhossey
Mali :
De l'intervention française à la débâcle djihadiste
en passant par la sempiternelle question touarègue
Ce qui s'est passé au Mali me rappelle une anecdote. En 1992, alors que j'étais sous les verrous à Kollo, à une trentaine de km de Niamey, pour intelligence avec des chefs de mouvements rebelles, atteinte à la sûreté de l'état, j'avais entre autres, comme compagnons de cellule un certain Alain Smet, alias Mohamed Djibril, Acharad Rade affublé du prestige du grand aménokal des Kel Tedale .
Alain Smet , (cousin de Johnny, Hallyday), grand baroudeur a fait le Tchad dans l'armée. Nous sommes devenu amis. Souvent, il chantait un refrain :
" Ah, si les Ricains n'étaient pas là,
Nous serions tous en Germanie,
A chanter je ne sais qui,
Je ne sais quoi.
Un gars venu de Géorgie,
etc, etc ... "
Aujourd’hui, nous dirons :
" Ah si les Français n'étaient pas là,
Il n'y aurait plus de Mali .
Il n'y aurait que des barbus ,
A couper les mains
A couper les couilles. "
Le monde entier, au-delà du Mali , a reconnu la justesse de cette intervention.
Nous la saluons tous unanimement, sans entrer dans aucun jeu.
La France a des intérêts, cela va de soi.
Mais, convenons-en, l'intérêt du Mali, prime. Son existence-même est mise à l(épreuve.
Au-delà de cette intervention, les contradictions inter-maliennes sont énormes. La classe politique se chamaille, les militaires s'affrontent à Bamako depuis leur déroute, etc ...
Les djihadistes sont hors du temps, leurs prétentions sont anachroniques.
Quant à la question touarègue , sincèrement, est celle qui vaut la peine d'être revue et réglée de façon définitive.
Quand nous parlons d'une solution finale absolue,
nous ne parlons pas d'une solution militaire qui a montré ses limites.
Nous parlons d'une solution négociée, quel qu'en soit le prix.
Parce qu'il y en va de la paix et que la paix n a pas de prix.
Notre Président Mahamadou Issoufou aimait dire : " C'est quand un mur est fissuré que les lézards y entrent ".
Maliens de tout bord, entendez-vous !
Vous n'avez pas le choix de nous décevoir sur tous les fronts.
Pour revenir sur l'intervention française, bien qu'elle soit spontanée - d' après ce que l'on nous dit - elle a été d'une délicatesse, d'une finesse, et d'un discernement remarquablesl.
Son entrée à Kidal est un acte hautement symbolique.
Kidal et Bamako n'ont jamais été sur la même longueur d'onde.
Y débarquer une armée malienne d’emblée, aurait pu, de façon certaine ternir à jamais l'image de l’opération Serval aux yeux du monde
Je pense à Sétif, à Oradour.
Donc, véritablement, " la raison est hellène, l'émotion djihadiste " .
Rhissa Rhossey , Tchirozérine, le 01/02/13,
« L’émotion est nègre comme la raison hellène. » Senghor