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Les femmes de l'ombre

Par Rob Gordon
Les femmes de l'ombreNormalement, avec Jean-Paul Salomé, on n'est jamais déçu. Des Braqueuses jusqu'à Arsène Lupin en passant par l'inénarrable Belphégor, le réalisateur a enchaîné les catastrophes avec une précision d'horloger, ne réussissant qu'un sympathique Restons groupés qui fait office de point culminant dans sa filmographie. Les femmes de l'ombre sentait donc le pur plaisir coupable, le genre de film qui fait pleurer les mémés mais titille les zygomatiques des adeptes du second degré. Ce n'est malheureusement pas cette fois qu'on rira bruyamment : car si Les femmes de l'ombre est un film relativement médiocre, il n'en reste pas moins que c'est un bon Salomé. Du genre qui ne fera pas trop tache en prime-time sur TF1.
Le film marche sur les traces du Black book de Paul Verhoeven par ses intentions de faire naître le mélodrame au coeur de l'emprise nazie. La comparaison s'arrête là : si Verhoeven emballait le spectateur à grands coups de rebondissements et au gré d'un rythme débridé, Salomé orchestre une petite aventure franchouille et bien peignée qui ne parvient jamais à chavirer les coeurs. Malgré un casting de stars, son quintet de gonzesses manque singulièrement de piquant. On se demande presque pour quelles raisons il fallait autant d'héroïnes, sinon pour montrer que "l'union fait la force". Peu ou pas dirigées, les actrices font ce qu'elles peuvent, d'autant qu'aucune n'a jamais été la reine de la finesse. Marie Gillain, Sophie Marceau et Julie Depardieu multiplient les oeillades, à mille lieues de la discrétion dont devaient faire preuve les résistants de l'époque. C'est finalement Maya Sansa et Déborah François, plus en retenues, qui s'acquittent le mieux de leurs rôles. Cette dernière est bien particulièrement servie par un personnage plus complexe que prévu.
Les péripéties s'enchaînent assez mollement mais sans réelle raison de s'indigner ou de s'esclaffer. Les invraisemblances finissent pourtant par l'emporter, au gré d'une fin mal fichue et sentant le manque d'inspiration. Encore une différence avec le film de Verhoeven : Salomé joue délibérément la carte du réaliste, ce qui s'accommode très mal avec son désir de romanesque. Plate mais moins mauvaise que par le passé (mais plate quand même), sa mise en scène ne permet pas au film de prendre de l'ampleur ou de se débarrasser, même temporairement, du lourd contexte historique qui sert de toile de fond. Reste que ces deux heures de film ne traînent pas trop en longueur, et que les spectateurs les moins exigeants pourront trouver dans Les femmes de l'ombre un spectacle pas trop stupide à défaut d'être stupéfiant.
4/10

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