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Hibernia never sleep

Publié le 04 février 2013 par Edelit @TransacEDHEC

« Arriva, arriva, toujours plus vite jusqu’à la démesure : le trading Haute fréquence à travers le projet Hibernia  »

L’heure du trading où les couleurs permettaient aux équipes de se distinguer est belle et bien révolue, même si les derniers londoniens nostalgiques jouent encore avec leur doigt pour passer des ordres sous des cardigans grotesquement rose fuchsia. L’ère est à la technologie et à la vitesse de communication entre les supercalculateurs de Londres, Tokyo et New York.
Transaction EDHEC revient sur le projet pharaonique qu’est HIBERNIA.

Le trading haute fréquence remplace de plus en plus ce qu’est le trading humain, déshumanisant littéralement ce qui restait de l’homme dans nos salles des marchés.  Un câble de 16 000 kilomètres de long devrait relier les principales places boursières passant sous le bleu de notre planète. Pour comprendre pourquoi les financiers souhaitent dérouler cette ficelle sous l’arctique, il est préférable de bien revoir les bases de la finance de marché. Let’s go :

La théorie financière repose sur une idée simple : le prix d’un produit financier s’ajuste instantanément sur le marché de telle sorte que le niveau de rentabilité escompté par l’acheteur soit cohérent avec le niveau de risque que comporte ce produit. Plus le risque est élevé plus la rentabilité doit l’être.

La relation qui existe entre le risque et le « return » est très forte, c’est-à-dire que si le  prix de l’actif est trop élevé par rapport à son risque, les traders voudront le vendre, alors l’offre sur le marché excédera la demande pour cet actif ce qui pèsera sur son prix jusqu’à ce que, celui-ci ayant baissé, rentabilité et niveau de risque s’équilibrent.

Alors se développe la théorie de l’efficience des marchés : L’offre et la demande s’ajustent instantanément. Dans ce monde il n’existe alors pas d’arbitrage entre les produits. Heureusement la réalité n’est pas parfaite, ainsi dès que des supercalculateurs détectent une relation risque/rentabilité incohérente, les traders peuvent réaliser des opérations d’arbitrage. Apparemment il y a deux ou trois personnes intelligentes déambulant dans les salles des marchés et tout le monde pensant à la même chose : il s’agit d’avoir l’outil plus fiable que le marbre et plus rapide  que Speedy Gonzales pour espérer générer un gain avant que la correction ne soit faite par le marché.

La recherche de la vitesse du Trading algorithmique est devenue un marché juteux et capital pour les opérateurs. La pertinence de ses analyse et la vitesse d’exécution des ordres automatiques constituent la majeur partie des volumes de transaction financières dans le monde comme le montre Edouard Camblain dans son nouveaux livres  le marché Actions décrypté (2013). En effet 75% du volume quotidien du marché action passe par le trading à haute fréquence aux Etats-Unis contre 40% en Europe. Les algos traders les plus puissants sont des systèmes informatiques qui traitent des opérations en deçà du millième voire proche du millionième de seconde. Les nouveaux systèmes cognitifs doté d’IA (Intelligence artificielle) sont désormais capables d’apprendre au fur et à mesure le comportement des autres algorithmes et de décrypter leurs formules afin d’anticiper les achats de ces derniers et d’acheter avant ce qu’ils vont acheter pour le leur revendre avec une marge.

Le déploiement d’un tel câble prend alors tout son sens : plus de cash ! En effet étendre un câble sous l’océan glacial arctique et sous l’océan Atlantique permettrait aux traders de gagner quelques 59,7 millisecondes soit plusieurs milliards d’euros. Le retour sur investissement serait pharamineux sur plusieurs années. Les opérateurs, les économistes acclament l’arrivé du marché efficient, alors que la finance de marché fait un pas supplémentaire vers l’aliénation des besoins primaires qui ont présidé sa mise en place. hybris hybris hybris…

Charles Cabouret


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