Branko le hongrois débarque un jour avec son camion dans un camp tzigane où survivent des roms et migrants d’Europe Centrale, quelque part en Italie. Il n’y est pas le bienvenu. Cela pourrait être le début d’un roman de plus à ajouter sur la liste déjà longue consacrée aux exilés, aux mal aimés, aux déracinés. Pourtant, il n’en est rien, car au-delà de la détresse qui se mêle à la poésie, de la violence qui côtoie le burlesque, de la difficulté de vivre qui résiste à la pauvreté, Milena Magnani nous tend par l’intermédiaire de ce clown triste un miroir, celui de la mémoire, des intolérances, des rêves, des trahisons. Aux côtés de la petite Senija et d’Ibrahim – deux enfants à l’affût de l’histoire de Kék Circusz, le cirque du grand-père de Branko, réduit depuis la guerre à quelques boîtes dérisoires – vous serez envoûtés par l’humanité bouleversante qui se dégage de ce récit où l’espoir entretient des liens invisibles capables de modifier notre regard sur le monde. Une atmosphère qui n’est pas sans rappeler le film sublime d’Akira Kurosawa, Dodes’Kaden. Un voisinage culturel qui n’est vraiment pas usurpé !