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Shûbha mahûrata...

Publié le 29 novembre 2012 par Anargala
"L'heure est faste.." C'est par ces paroles de bon augure que commence ce chant dhrupad composé par Tânsen vers 1560 en Inde pour l'empereur Akbar. Un chef-d’œuvre interprété ici par Zia Mohiuddîn Dâgar et son frère, dans l'un des palais de Fatehpur Sîkrî (ou Gwalior ?) non loin de Delhi. Quelle élégance ! Comme un écho des chants des yogîs et yoginîs de l'Âge d'or.

A ce propos, saviez-vous que l'astrologie indienne vient de celle des grecs ? Ainsi le sanskrit hora est apparenté à notre heure. D'où la bonne heure et le bonheur. Selon certains, cette vogue de l'astrologie grecque aux débuts de notre ère expliquerait en partie le succès de la notion de "lignage" (gotra) et de "famille" (kula) dans les soûtras du Grand Véhicule. De là, ce fût chose fort aisée pour les partisans des tantras de jouer sur ces termes pour introduire la notion de "clan" (kula) de parfaits (siddhas) ou de parfaites (yoginîs). L'ésotérisme kaula put de la sorte pénétrer en profondeur le dharma du Bouddha. Le dharma kaula, en effet, tient tout entier dans les significations multiples qu'il donne au mot kula : famille, clan, groupe, totalité, corps, souffle, conscience. Le dharma kaula est alors la pratique de la mise en équation de ces termes apparemment si éloignés. Quand je dis "a pénétré en profondeur", je pèse mes mots. En effet, en plus du fait bien établi que des pans entiers des tantras bouddhistes les plus prestigieux (tels le Chakrasamvara) sont des passages de tantras kaula, le fait est, aussi, que l'on retrouve des notions aussi essentielles au dharma kaula que "l'être du plaisir" (kâma-tattva), "l'être du poison" (visha-tattva) et "l'être transparent" (niranjana-tattva) dans des textes bouddhistes aussi recherchés que le Cycle de la dâkinî sans corps transmis par l'illustre Réchungpa, disciple et fils adoptif du non moins illustre Milarépa. Je ne vous ferais pas, enfin, l'insulte de vous rappeler que j'avais identifié dans une œuvre d'un disciple de Maitripa plusieurs stances empruntées au sublime Vijnâna Bhairava Tantra. Or Maitripa fût l'un des maîtres, dit-on, de Marpa, lequel fût le "maître de donjon" (du moins selon la version haute en couleurs du "fou" de Tsang) de Milarépa.
Bref, tout est dans tout.
P.S. : Ohé ! Vous êtes tous lobotomisés ou quoi ? J'affirme que les bouddhistes ont pompé sur le Vijnâna Bhairava et personne ne bronche ? C'était juste une énormité pour voir si vous lisiez vraiment... Bon, il est vrai que le Chakrasamvara et autres yoginîs tantras sont en partie pompés sur des tantras de Shiva, comme s'en indignait déjà Jayadratha, frère de l'illustre Jayaratha commentateur de l'incomparable Tantrâloka. Mais pour le Vijnâna Bhairava, c'est une autre affaire. Ce n'est pas l'heure de développer, mais en gros, les rituels, l'iconographie et le symbolisme viennent du shivaisme ; et tout ce qui, dans l'hindouisme et en particulier le shivaisme, porte sur la méditation et les bases théoriques du non-dualisme, vient du bouddhisme. Par exemple : les Yogasûtras. Par exemple : une grande partie des stances du Vijnâna Bhairava. Pas de détails ni d'argument pour le moment, mais j'y reviendrais.
Un âlâp du matin avec le grand Udaya Bhâvalkâra, à la dhrupadmelâ de Varânasî :


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