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De père en fille - Louise Simard et Jean-Pierre Wilhelmy

Par Venise19 @VeniseLandry
De père en fille - Louise Simard et Jean-Pierre WilhelmyCe roman historique réédité (première édition : 1989) est une valeur sûre, tellement il aborde de sujets sans s’y perdre, grâce à l’habileté des auteurs. Peut-être pourrais-je ajouter, grâce à l’expérience de ce couple d’auteurs qui n’en est pas à leur première parution.
C’est un roman qui plonge dans notre histoire, au 18e siècle, abordant la médecine au Québec. On y découvre, dans l’œuf, la suprématie des anglophones sur les francophones et celle de l’homme sur la femme à l'époque des premiers balbutiements de la médecine, ce qui implique la première école officielle qui l'enseigne.
Si le roman est si réussi, c’est qu'il y prévaut un thème : la ségrégation. La ségrégation mène l’intrigue ou, autrement dit, la mise à part sans trop de questionnement, des femmes, des immigrés, des indiens (sic) et, le bouquet ... des Canadiens français ! Le propos pourrait être dur à avaler s’il se présentait comme un long billet éditorial, mais il n’en est rien. Le style et le doigté des auteurs font en sorte que les injustices passent par de passionnantes intrigues familiales ou amoureuses.
Évidemment, la révolte du lecteur peut atteindre des apogées, le poids lourd des injustices à répétition ébranlent, mais ce qui rend la lecture confortable, et par le fait même assimilable, c’est ce subtil dosage des passages heureux à dramatiques.
J’y ai trouvé des portraits de femmes admirables et d’hommes également, bien sûr, mais ceux-ci ont quelques atouts de plus dans leur manche à leur naissance. J’ai été renversée par la détermination d’Éva, la fille de son père médecin d'origine allemande, qui doit se cacher pour pratiquer la médecine. C’est une féministe avant son temps, bien sûr, mais sa sœur, une femme à la maison qui fait du bénévolat est tout aussi admirable. Pourtant, un des "méchants" de l’histoire est leur frère, un être faible à l’intérieur et fort à l’extérieur. Il est sous le joug terrorisant de sa mère, ce personnage de sorcière civilisée.
La bataille menée par les Canadiens français pour entrer sur un pied d'égalité dans l’antre sacrée de la médecine, au même titre que les anglophones, en est une épique. On assiste, le souffle court, à des moments stratégiques qui expliquent notre passé pas si lointain où les rôles de subalterne étaient généralement dévolus aux Canadiens français. 
Une seule bavure dans toute ma lecture : la fin. Bien entendu que l'on ne peut pas toujours adoucir les dénouements de l'Histoire avec son grand H, mais il y aurait eu moyen qu'elle soit moins abrupte, il me semble. C'est le rythme effrénée des événements qui m'a dérangée. J'étais mal préparée à cette bousculade quand, tout au long du roman, le temps avait pris son temps.
Je ne saurai trop recommander ce roman aux personnes qui aiment les voyages vers le passé avec en mains un passeport qui permet de s’amuser en apprenant et, sans conteste, dans une émotion pleine et entière. Et ceux et celles qui aiment entendre parler de la médecine vont être comblés au-delà de toute attente.

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