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Django : Tarantino à la conquête de l’Ouest !

Par Cbth @CBTHblog

django-posterEt que c’est bon de voir un tel maître du cinéma de ces vingt dernières années se réapproprier le western de papa. Un magnifique hommage enrobé d’une énorme couche de parodie à certains moments. Si ce réalisateur vous exaspère ou que son style vous paraît trop violent et grotesque par moment, il y a des chances pour que vous ressortiez écœuré. Pour tous les autres, que vous ayez usé les VHS de Pulp Fiction (1994) ou bien seulement découvert sur le tard le génie de ce Quentin, c’est une excellente séance qui vous attend à coup sûr.

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…

Par quoi commencer ? Le seul petit écueil à mon sens est la longueur du film : 2 h 44. Une demi-heure de trop dans la seconde partie du film. Car oui, il y a bien deux parties dans ce film. Une première quête avec la chasse aux frères Brittle qui permet d’installer le tout : le ton (je devrais-dire les tons du dramatique au comique), les personnages et de leur créer un lien suffisamment fort pour comprendre les motivations du Dr Schultz à aider Django à retrouver sa femme. Qu’est-ce qu’un chasseur de prime peut bien avoir comme intérêt à accompagner un ancien esclave noir pour une mission suicide guidée par l’amour ? Et bien, il est tellement fort Tarantino, que ça passe tout seul. Et on en redemande même. Et puis cette première heure nous plonge avec beaucoup de comique grinçant dans l’état d’esprit esclavagiste de l’époque. Petit bonus, comme dans chaque film, Quentin Tarantino réhabilite une star du passé, pour le coup, Don Johnson (Miami Vice et Nash Bridges). Un avant-goût de la montée en puissance du casting. Dans nos sièges, on attend la suite avec impatience.

Don Johnson, tout de blanc vêtu...;)

Don Johnson, tout de blanc vêtu…;)

Deuxième partie, après l’échauffement, on passe au match. Et alors là, c’est du pur bonheur. Tarantino nous mène là où il veut, nous faisant passer du rire aux larmes, nous accrochant aux pas de nos deux lascars, toujours à trembler. On voudrait se cacher, qu’on n’y arriverait pas. On est captivé. Entre les clins d’œil au western spaghetti, l’intérêt réel de l’histoire, les jokes permanentes, on n’en perd pas une miette. Bien sûr vous ajoutez à cela l’adrénaline des scènes de violence et de bagarres. Quentin Tarantino est adepte de l’hyper violence dans tous ses films et celui-là ne fait pas exception. Attention je n’ai pas dit violence gratuite. Il a son style très reconnaissable de scènes gores, à la limite du grotesque, qui certes me fait fermer les yeux parfois, mais donne un poids particulier aux moments clés. Et il prend un malin plaisir à distiller ça chez les bons et les méchants, nous rendant esclaves consentants d’une dramaturgie poignante. Non, je ne dévoilerai rien au final car c’est un film qui se dévore sans être goûté avant. Mais vous prendrez un plaisir jouissif sur les scènes finales à voir le monde remis à sa place et de manière magistrale.

Côté casting, du lourd, du très très lourd ! Jamie Foxx (Django), Christoph Waltz (Dr King Schultz), Leonardo DiCaprio (Calvin candie), Samuel L. Jackson (Stephen), Kerry Washington (Broomhilda), vous aurez un sourire aux lèvres tout le long. Pas un qui est en dessous des ambitions du réalisateur.

La classe internationale !

La classe internationale !

Jamie Foxx a le côté sombre et rock de celui qui a trop longtemps souffert mais se battra toujours : un monstre de sex-appeal derrière un cuirasse de guerrier. Il est le reflet parfais de la BO. DiCaprio prouve une fois de plus l’intelligence de ses choix de film et l’étendue de son jeu, versant dans la démesure et la folie, d’un propriétaire mégalomane. Quant à Samuel L Jackson, il se renouvelle dans un genre inédit de vieillard mauvais jusqu’à la moelle, diminué physiquement et parfaitement abominable moralement. Du pur bonheur je vous dis depuis tout à l’heure. Pour finir, Christoph Waltz confirme l’excellente impression qu’il m’avait laissée dans Inglorious Bastard (2010).

La folie douce...ou pas!

La folie douce…ou pas!

Le mal sur Terre

Le mal sur Terre

Je termine par l’habillage visuel et la BO. Deux éléments liés comme rarement au cinéma. Enio Morricone sauce Two Pack sur des ralentis, des regards de tueur et des entrées tonitruantes, on a les poils ! De la police d’écriture des didascalies en passant par les reconstitutions du Sud de la fin du 19ème, on est des gosses de 10 ans attendant l’arrivée de John Wayne.

Merci Mr Tarantino d’avoir depuis 20 ans posé votre style dans le cinéma, de ne pas tomber dans l’ennui et de continuer de revisiter tant de chemins du 7ème art avec votre propre boussole.


Roseline

Django Unchained, de Quentin Tarantino, avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L Jackson, Kerry Washington …et Quentin Tarantino !

;)
Sortie en salle le 16 janvier 2013.


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