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CAC 40, ou CACA RENTE ?

Par Laporteplume
CAC 40, ou CACA RENTE ?Il fallait s’y attendre ! Le printemps de mai a ravivé des énergies endormies. Jusqu’à ce mois de Marie historique, qui a vu fleurir de nouveaux espoirs de mise en application de notre devise républicaine Liberté-Egalité-Fraternité, même s’ils râlaient un peu histoire de faire croire à l’absence de compromission entre eux et les politiques d’alors, ils s’étaient accommodés de la durée légale du travail, du financement des organismes sociaux, de la fiscalité des entreprises, du coût du travail dans notre pays, des ouvriers français qu’ils estimaient (qu’ils estiment toujours !) les plus fainéants d’Europe… Les montant de leurs jetons de présence, émoluments d’administrateurs, leurs combats des chefs pour la possession du yacht le plus long du monde et une place dans l’avion de la République pour des virées de « stratégie commerciale » au bout du monde, les déjeuners à répétition (précédés et suivis de bises présidentielles appuyées) de la présidente du Medef à l’Elysée, leurs parachutes dorés et autres indemnités de maintien en poste ou de départ (parfois après avoir ruiné la société qu’ils avaient dirigée d’un coup de cigare cubain) les aidaient à cette chaleureuse générosité politique. Mais voilà ! Même si le pays est toujours géré par les clones des prédécesseurs, issus des même moules à manqué (l’ENA étant le plus fameux -pire !?!- de tous), ils se souviennent soudain qu’ils ne sont pas d’une famille soucieuse de tous ses membres, grands ou petits, forts ou faibles, sains ou malades, jeunes ou vieux ! Leur revient brutalement à l’esprit qu’ils sont d’une classe différente de toutes les autres, de celle des donneurs d’ordres qui veulent toujours plus de rendement au moindre coût, si possible à coût nul !Ils… les très grands patrons de notre pays !La sélectivité de leur mémoire leur permet d’oublier que, des années durant (dix, vingt, trente…) ils ont fait mine de penser à l’avenir de leur entreprise, en ne songeant en réalité qu’à leur profit, c’est-à-dire à celui de leurs actionnaires dont ils ne sont que les exécuteurs des hautes et basses œuvres.Pendant ce temps de vaches un peu plus grasses, comment ont-ils partagé les richesses produites par leurs salariés ? A cette époque d’apparente meilleure santé économique et sociale, ont-ils seulement pensé (voulu ?) investir dans l’innovation, le développement, la recherche de nouveaux produits ou procédés de fabrication ? En ces années de ciel plus serein, ont-ils eu le courage de rappeler à leurs actionnaires que demain se prépare aujourd’hui à la lumière de ce qui a été réussi hier ?Bien sûr, la situation est maintenant dramatique (pas pour tout le monde, les plus riches étant toujours plus riches et les plus pauvres toujours plus pauvres !). Alors, les « aigles » imitant les « pigeons », une centaine d’entre eux (dont quelques-uns sortis eux aussi de l’ENA) adressent un ultimatum au président de la République. Ils le mettent en demeure de donner de l’air aux finances d’entreprises en réduisant les charges salariales et, pour compenser le manque à gagner de l’Etat, de serrer d’un cran supplémentaire la ceinture du citoyen (tous les citoyens, y compris les plus misérables !) en augmentant la TVA ! Soyons lucides…D’abord… une telle politique simpliste peut être décidée et appliquée par un élève de l’école primaire (inutile de payer très cher des surdiplômés de l’ENA ou d’ailleurs pour faire de telles trouvailles !)Ensuite… si elle est décidée puis appliquée (le succès exemplaire des « pigeons » prouve qu’elle le sera !) elle laissera une fois de plus dans l’ombre les quelques-uns qui se goinfrent des bénéfices du travail de tous, ces fameux actionnaires imperméables aux souffrances de celles et ceux qu’ils mettent sur le trottoir. Outre les politiques, leurs complices, et les services fiscaux aux ordres de Bercy, qui les connaît celles et ceux-là ? Qui sait qui tire les ficelles de qui, et comment, qui décide des licenciements boursiers, d’activer la recherche pour l’avenir, ou de faire mourir le passé en saignant trop le présent ?Gardons-nous de mettre tous les chefs d’entreprise dans le même sac ! Le plus grand nombre d’entre eux, moyens et petits, les véritables créateurs d’emploi de notre pays, sont eux-mêmes victimes de ces grands prédateurs, avec leurs salariés dont ils partagent presque toujours le sort. Victimes aussi, ces moyens et petits entrepreneurs, d’un Etat qui admet une injustice fiscale criante entre les nouveaux seigneurs détenteurs du pouvoir de vie et de mort économiques et sociales et leurs vassaux ! (Le Journal du Dimanche -JDD- ne vient-il pas de révéler que les entreprises du CAC 40 paient en moyenne 8% d’impôt sur les sociétés, contre 22% pour les PME, et que, pour couronner cette politique économico-fiscalo-industrielle bananière, un quart des entreprises du CAC 40 ne paient pas du tout d’impôts !) Ces patrons de PME, très souvent silencieux (au travail, tandis que les autres conspirent dans les palais nationaux) presque toujours assujettis (fournisseurs ou prestataires de services) aux grands prédateurs, méritent le respect le plus sincère et le soutien le plus efficace. Eux aussi sont saignés par les donneurs d’ordre des saigneurs de l’économie. Mais les autres, ces « grands patrons » qui donnent si fort de la voix en ce moment et savent mieux concevoir un plan social qu’une stratégie commerciale… Ceux-là ne sont que les aboyeurs apparents des anonymes spéculateurs propriétaires réels des entreprises. Ils ne sont que la partie apparente de l’iceberg qui joue de son éclat sous le soleil pour mieux éblouir le chaland ordinaire. Or chacun sait que c’est la colossale masse de glace dissimulée sous la surface qui, sensible aux grands courants sous-marins, provoque la dérive dangereuse de l’ensemble.Qui donc envoie dans les couloirs ministériels (où ils retrouvent leurs copains d’école) leurs porte-voix itinérants qui passent sans honte, ni hésitation, d’une grande entreprise à l’autre, du transport ferroviaire à la banque, de l’aérospatiale au nucléaire… comme s’ils étaient, toutes spécialités du monde confondues, des génies universels ? Qui ?Sachons orienter notre regard vers les vrais décideurs : les hommes des abysses, au cœur de glace, dissimulés sous la surface sociale, anonymes, insensibles seulement aux courants financiers internationaux !Ce sont eux qui déclenchent en ce moment la nouvelle lutte des classes, pas leurs pitoyables marionnettes qui apparaissent dans nos étranges lucarnes chaque jour que fait le dieu du moment : le marché ! Ce sont eux qui font du CAC 40 un lieu d’aisance de jour en jour plus puant : CAC 40, ou… CACA RENTE ?Tout les autres, au verbe haut, à la cravate arrogante, ne sont que des comédiens d’occasion qui interprètent de mauvais jeux de rôle appris sur les bancs d’une école (de prétendues élites) dont l’enseignement prioritaire est celui de la langue de bois, au détriment de celle, ô combien plus harmonieuse, de la République, de laborieux acteurs d’une mauvaise tragédie ! Vigilance citoyenne et lucidité : n’oublions pas que, depuis la nuit des temps, l’anonymat a toujours été le berceau de la mauvaise ou de la vraie fausse bonne action !Salut et Fraternité !Image : photo de couverture du livre Au Plaisir d'ENA Gilles Laporte éd. DGP Québec 2001

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