Si l'on peut reconnaître sans parti pris que le mouvement des #pigeons investisseurs et entrepreneurs a eu son heure de gloire en quelques semaines, il n'est pas sûr que les Français se reconnaissent en eux, au delà du sobriquet choisi, #pigeon, qui lui est assez bien partagé, notamment du côté de ceux qui n'ont jamais rien demandé à l'Etat. L'élection de François Hollande en mai 2012, devait amener pour les PME, une nouvelle ère, après un diagnostic sur les faiblesses de l'économie française, des PME souvent créatrices de nombreux emplois, mais qu'on les appelle #ETI (entreprise de taille intermédiaire) ou pas, elles ont souvent du mal à passer les étapes qui les amènerait à prendre une place incontournable à l'international. Les #pigeons menés par le jusqu'ici très discret Jean-David Chamboredon, investisseur en capital dans différentes entreprises, ont su défendre leurs intérêts, avec la question de la taxation de leurs plus-values de cession. A aucun moment, n'a été soulevé la question de l'état de la France, simplement, un lobby a pu faire bouger les lignes qui ne lui étaient pas favorables. A ce jour, il reste toujours difficile de se faire une idée de qui se cache exactement derrière les #pigeons, en revanche, la tentative de récupération par le Medef et Laurence Parisot, débordée par le terrain, n'est pas passée inaperçue. D'où ce communiqué du 18 octobre 2012 signé par de jeunes entrepreneurs qui a retenu toute mon attention. S'ils saluent "la prise de conscience nationale de la cause des entrepreneurs qu’a notamment permis le mouvement des pigeons", ils sont "également convaincus que leurs représentants ne nous représentent pas". "Nous ne sommes ni investisseurs, ni patrons. Nous dénonçons le rapprochement des pigeons avec les associations patronales et notamment avec le MEDEF. La perspective de la taxation des plus-values est aléatoire et encore lointaine pour nous ! Nous sommes simplement de jeunes entrepreneurs, ayant bien souvent renoncé à un emploi stable et confortablement rémunéré, pour prendre des risques et innover. Pas des pigeons donc, de simples moineaux.
Photo via (didonity.wordpress.com/2010/01/09/le-moineau)
Pourquoi ? "Simplement parce que la question de la taxation des plus-values n’est pas représentative de nos priorités et véhicule une image qui n’est pas la notre. Notre priorité c’est de valoriser le risque et de résoudre nos problèmes quotidiens : des parcours administratifs du combattant, des charges et des taxes qui grèvent nos budgets, un code du travail trop rigide, des recherches de financement déjà compliquées, un déséquilibre face aux grandes entreprises qui payent peu d’impôts. En vérité, ce n’est pas tant la taxation des plus-values qui est problématique que le signal adressé à nos compatriotes : désormais en France, le rentier sera mieux loti que le créateur. Nous appelons simplement à une juste rémunération du risque et dénonçons les privilèges des rentiers (les niches fiscales en sont de bons exemples) et des grands groupes au détriment de l'innovation. Nous ne souhaitons pas entendre toujours les mêmes dans le débat public. Il est temps de donner la parole à la société civile et en l’occurrence aux jeunes, entrepreneurs, qui pourront partager leur goût pour l’innovation, le risque et expliquer leurs galères. (Une Tribune signé par Benjamin Suchar, Bastien Le Coz, Frédéric Pelouze)
Nous verrons après le PLF2013 si les #pigeons ont gagné, mais cette Tribune des #moineaux montre peut-être une des failles du mouvement des #pigeons.
En axant leur problématique sur une question de patrimoine et d'argent, via la cession d'entreprises et la taxation des plus-values qui en découlent, ils ont certes pu se faire entendre, mais pas forcément, en temps de crise, se faire comprendre. Car ce n'est pas en 2012 qu'il aurait fallu parler se bouger, mais bien avant. Or avant, les #pigeons ont aussi été pour certaines d'entre-eux acteurs de la fameuse bulle internet pendant laquelle ils ont su manoeuvrer pour se faire une place au soleil, mais sans avoir jamais créé le Google français ou le Facebook français.
Pendant des années, les pigeons étaient muets, travaillant et repérant les start-ups ans l'ombre. Un milieu discret et peu médiatique qui n'intéressait aucun media il faut bien le dire. Mais comme d'autres, ils ont su prendre leur place dans le système médiatique, à l'image d'un Marc Simoncini fondateur de Meetic, entreprise qui lui reste collée à la peau, même s'il l'a déjà vendu à un groupe étranger, sans que les actionnaires qui l'ont suivi à l'époque aient eu des raisons de l'adorer comme les journalistes des plateaux Tv. Les #pigeons n'ont pas parlé de la vente de Meetic par Marc Simoncini, ils auraient du, car les actionnaires qui l'ont suivi s'en souviennent eux "http://www.ecrans.fr/Meetic-conquis-par-Match-com,12869.html "au final, la valorisation de Meetic (345 millions d’euros) risque d’apparaître bien faible aux petits actionnaires : le prix par action proposé est inférieur de 33% au prix d’introduction en bourse, en 2005"
Pigeons n'est pas toujours celui que l'on croit
Présent sur Twitter et sur les réseaux sociaux, il a su devenir incontournable des plateaux Tv, défendant par la même occasion ses nouvelles affaires. C'est l'un des reproches des #moineaux sur la représentation des entrepreneurs. Car les #PME ou les #ETI elles ont une autre problématique : trouver des fonds propres pour se développer à l'international, dans une période ou le crédit est rare. Leur représentation n'est pas efficace, et au final, on les entend peu.
A ce stade, force est de constater que chacun parle pour soi, mais que la problématique ne se résume pas à une simple question de taxation des plus-values.
Tout le monde ne devient pas entrepreneur, les investisseurs ont souvent eu une mauvaise presse, et parfois pour de bonnes raisons, de #pigeons, c'est de #vautours que leur image se rapprochait à l'époque, ils en avaient conscience quand on en parlait avec eux, j'avais eu l'occasion de les rencontrer à plusieurs reprises, mais ils préféraient alors la discrétion à la lumière.
Photo (Association Vautours en Baronnie)
Ils devraient penser aux Français, qui en matière d'économie, n'ont pas la chance d'avoir toutes les clés de la compréhension. Travailler dans une start-up n'est pas la panacée, cela peut être une opportunité, mais combien de jeunes ont eu aussi des déceptions, par rapport à leur management. Que dire des futurs Google Français, des futurs... qu'on a jamais vu éclore, que dire des créateurs d'entreprises qui sautent d'une entreprise à l'autre en laissant sur le carreau leurs actionnaires, Charles ?
Comme #Vautours est une généralisation #Pigeons en est une aussi, dans une période difficile pour beaucoup de Français, défendre son pré-carré, n'est pas une grande cause, préparer les Français au changement, en est vraiment une en revanche, les aider à appréhender le nouveau Monde, avec les outils d'aujourd'hui, échanger, avancer, le Gouvernement, et certains de ses représentants, a lui aussi perdu une occasion de faire oeuvre de pédagogie.
Les entrepreneurs et les investisseurs, avec le Gouvernement, devraient rouler pour la France, qui a besoin de rétablir ses Finances publiques, nettoyer ses niches fiscales coûteuses, être plus efficace, chacun a sa place pour un objectif commun : créer des emplois durables, dans des secteurs d'avenirs, où la France et ses entreprises peuvent conquérir le Monde.
#Pigeons, #Vautours, #Moineaux, une belle volière certes, mais qui n'est pas en ordre de marche pour affronter le nouveau Monde qui se dessine tous les jours.
C'est d'une force de frappe entrepreneuriale dont nous avons besoin, mais aussi d'un Etat efficace.
Les #Pigeons ont peut-être gagné une bataille, ils ont pour l'instant perdu la guerre économique mondiale qui redistribue les cartes trop souvent au détriment de la France et de ses forces vives.
D'où viendra le sursaut, le réveil de l'intérêt général ? A suivre.