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Telex de Cuba

Par Irreguliere

Sans titre

Peut-être que nous aurions dû le voir venir. Mais il faut toujours un peu de temps pour comprendre ce qui se passe. Surtout quand c'est à vous que ça arrive.

Lorsque Solène, des éditions du Cherche-Midi, m'a envoyé ce livre, elle m'a dit que cela devrait me plaire. Et de fait, comme toujours, Solène a tapé dans le mille, alors que ce n'était pas forcément évident au premier regard. La Révolution cubaine, je n'en connais que les grande ligne, et a priori, ça ne me passionne pas plus que ça. Et pourtant, sitôt ouvert, c'est avec délectation que je me suis totalement immergée dans ce roman, qui certes aborde un pan de l'histoire mondiale, mais le fait avec beaucoup de talent et d'originalité.

Cuba, 1958. La Révolution gronde. La plantation de canne à sucre dirégée pour le compte de United Fruit par M. Stites est incendiée. Les rebelles prennent de plus en plus d'assurance, et ont même été rejoints par le fils du patron, Del Stites. Pour comprendre l'enchaînement des événements, il faut remonter quelques années en arrière, lorsque la haute société des expatriés américains régnait en maître sur l'île...

Extrêment bien écrit, ce roman choral, qui multiplie les points de vues, aurait pu s'appeler Splendeur et misère des expatriés américains à Cuba. Je parodie un titre balzacien, mais c'est surtout à Fitzgerald que ce roman m'a fait penser, tant la peinture de la société, entre histoire personnelle et grande histoire, est cruelle, dans une ambiance fin d'époque. Tour à tour, nous suivons K.C Stites, le jeune fils du grand patron de la plantation, Rachel K., danseuse et courtisane, maîtresse de tous les dirigeants qui se succèdent et nouvelle Mata-Hari, la jeune Everly Lederer, qui découvre Cuba avec sa famille, le Français Christian de Maurel, ancien SS intrigant dont on ne sait trop à quel bord il appartient, les femmes des expatriés... tout ce petit monde parfois se croise, parfois reste hermétiquement séparé. Evidemment, le monde qui nous est peint avec le plus de détails, c'est celui des expatriés : la toute-puissance de United Fruit, véritable état dans l'Etat qui impose les conditions d'un impérialisme capitaliste presque caricatural ; la dolce vita de cette haute société, entre cocktails et soirées mondaines, où les femmes sont de simples bibelots décoratifs qui noient leur ennui dans l'alcool et, parfois, les bras d'un amant pas toujours judicieusement choisi ; un monde aux relations très hierarchisées dont les codes, parfois, nous échappent, une communauté snob et huppée qui apparaît comme anachronique ; un monde en train de s'écrouler sous leurs yeux, sans qu'ils s'en rendent compte. Au détour d'une page, on croise Hemingway, et on apprend à faire un vrai Dry Martini. 

Un vrai bon roman donc, qui m'a à la fois appris beaucoup de choses, et divertie : un cocktail réussi ! Merci Solène !

Lu aussi par Keisha

Telex de Cuba

Rachel KUSHNER

Le Cherche-Midi, 2012

challenge album

(j'attaque le 2%) 8/14

By Hérisson

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(île de Cuba)

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