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J'ai lu La Réparation alors que j'étais couchée avec un mauvais rhume, accablée par des problèmes familiaux prenant leur source dans la Shoah qui, plus de 60 ans après les faits, m'écrase encore de tout son poids. C'est dire si ce livre de Colombe Schneck, faisant revivre l'histoire de sa famille, a su trouver un écho en moi, j'avais presque l'impression qu'elle me le chuchotait à l'oreille. Lorsqu'elle prénomme sa fille Salomé, Colombe se souvient que sa mère lui avait demandé, des années plus tôt, de l'appeler ainsi, du nom d'une petite cousine disparue pendant la guerre. Réalisant qu'elle ne sait rien de cette première Salomé, dont elle n'a qu'une photo, l'auteur va alors reconstituer son histoire, faire revivre trois sœurs (dont l'une est sa grand-mère) au tempérament bien trempé, partir sur leurs traces en Lituanie, enquêter sur le ghetto de Kovno, interroger les derniers témoins d'Amérique ou d'Israël. Il y a un peu du Choix de Sophie dans ce récit dont la démarche m'a aussi rappelé, mais dans une moindre mesure, l'extraordinaire Les Disparus de Daniel Mendelshonn. Mais ce qui m'a frappée en plein cœur, ce sont les personnages des grandes-tantes de l'auteur, qui survivant à la déportation, y ayant chacune laissé un mari et un enfant, ont choisi la vie, vécu une nouvelle histoire d'amour, recréé une famille, profité de tout ce qui leur était donné. Une formidable leçon, un livre vrai, beau et bouleversant.La Réparation, Colombe Schneck, Grasset