Magazine Cinéma
Le Chat ErectusDe Philippe GeluckEditions CastermanSorti le 24 octobre 2010
Mon avis : L’auteur et son personnage fétiche sont vraiment félins pour l’autre. Au fil des albums, le matou matois est devenu le prolongement naturel du crayon et de la pensée de son créateur. Il en est la griffe. On peut dire même affirmer aujourd’hui qu’il en est arrivé à la suppléer car, hélas pour lui, Geluck n’est plus un minet. En effet, au printemps prochain, Philippe Geluck et Le Chat, célébrerons une union de trente ans. Ça ne s’invente pas : ce seront leurs noces de perles ! Et des perles, il y en à foison dans ce dix-septième opus…
Une fois encore, il y en a pour tous les goûts. Geluck ratisse large. Il se met en Cat. Il passe du premier degré à l’absurde, pratique l’évidence comme personne, se montre aussi impertinent ou satirique que subversif. Il pille sans vergogne le patrimoine artistique pour détourner le sens d’œuvres célèbres en leur juxtaposant des légendes imparables. Et chacune des réflexions du Chat fait que, au minimum, on y sourit… Le fait le plus marquant de ce nouvel album, c’est que Geluck, qui fait également partie de la bande de Siné, s’est aventuré du côté du dessin politique en croquant par exemple Sarkozy et Chirac et en faisant allusion à l’affaire DSK.
J’ai tout aimé dans cet ouvrage plein d’esprit et de trouvailles. Cet homme est fin, très fin. Et tellement prolifique ! Si je devais ne citer qu’une réflexion du facétieux Mistigri, ce serait celle-ci : « Les papillons qui ne vivent qu’un jour prennent leur retraite vers 17 h 30 »… C’est tout simplement génial. Il faut avoir un esprit particulièrement tortueux pour pondre de telles bulles. Ce sont des bulles dignes d’un pape de la BD. En toute objectivité, je nourris une admiration sans borne pour l’humour foisonnant de Philippe Geluck. Les albums du Chat, qui me font ronronner d’aise, font beaucoup pour tempérer la morosité ambiante. La seule crise qu’ils provoquent, c’est la crise de rire. Alors, vive Geluck, vive Le Chat !...