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Interview – camera : krautpop !

Publié le 05 février 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

C’est mon premier jour aux Transmusicales de Rennes, jeudi 6 décembre, et Camera est le seul groupe  que j’apprécie en live. Ils dégagent quelque chose d’unique, très énergique presque primitif. Certains parlent du renouveau du Krautrock (courant musical allemand des années 70), mais moi j’entends juste de la bonne musique.
Après leur performance au Hall 3, on s’installe tranquille dans des canapés avec du porto et des bières, et là commence l’interview de ces mecs un peu perchés.

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On veut faire réfléchir les gens sur ce qu’ils sont.

ATD : Alors, vous avez aimé jouer ce soir ? Comment c’était ?
Franz : c’était énorme.
Timm : On a vraiment aimé le son sur scène, il y avait une bonne énergie, et il y avait pas mal de gens. On s’est vraiment senti les bienvenus.

Est ce que vous avez joué en France avant les Transmusicales ?
Timm : Non, c’est la première fois. Mais c’était notre troisième concert de la journée ! On en a fait un ce midi, et après on est allé faire un showcase de quelques chansons.

J’ai entendu dire que vous deviez jouer dans le métro de Rennes ?
Timm : Ah, oui, mais en fait on l’a pas fait. En fait il y a qu’une seule ligne de métro et on l’a pas trouvée. Loupé !

J’ai lu qu’on vous surnomme souvent « Krautrock Guerilla »…
Timm : Oui, c’est un ami qui a commencé à nous appeler à nous appeler comme ça. Il nous a vu jouer devant une salle, après un concert. On fait souvent ça, on joue dans des endroits un peu à l’arrache… et du coup il nous a donné ce nom.

Est ce que c’est parce que vous vous battez pour quelque chose ?
Franz : la liberté ! (en français)

Donc, vous voulez plus de « liberté » dans le monde ?
Timm : Oui ! Et plus d’égalité…

Et de fraternité…
Timm : Ce ne sont que des mots, mais ils sont très importants.

J’ai entendu dire que vous faisiez beaucoup de concert « secrets », dans des endroits étranges, comme dans le métro, etc…
Est ce que  c’est vraiment comme ça que votre musique prend vie ? Est ce que c’est vraiment votre truc de faire ces concerts inattendus ?

Franz : Des fois on fait ça pour protester. Contre l’agression de quelqu’un par exemple. Ou contre des programmes télé qui nous révoltent, qu’on trouve stupides.
Timm : Du coup, on a trouvé intéressant de remettre la musique dans un contexte étrange, là où on ne s’y attend pas. Un peu comme un jeu, on se dit « oh ! On pourrait jouer là ! » Et, c’est parti.

Comme un challenge ?
Franz : Non, pas comme un défi. On veut juste faire réfléchir les gens, sur qui ils sont et ce qu’ils font.
Timm : Mais c’est vraiment comme un jeu pour nous, d’approcher différents contextes pour notre musique. Imagine, tu te pointes à une fêtes où tu n’es pas invité, et tu te mets à jouer de la musique…

Oui, j’ai pas mal entendu dire que vous arriviez dans des fêtes en faisant croire que vous êtiez le groupe programmé pour la soirée !
Timm : On l’a fait trois fois ! Au Berlin Festival…

C’était comment ?
Franz : Tu fonces dans le tas. Avec nos instruments comme armes ! Tu sais qui as dit « This machine kills fascists ? » (cette machine tue les fascistes). Tu le sais ? Woody Guthrie. C’est un des pionniers du folk en amérique, dans les années 30. Il était socialiste et Marxiste, très engagé dans les syndicats. Il avait écrit sur sa guitare « This machine kills fascists ». Nous, on pense que la musique peut encore faire réfléchir les gens sur leur situation.

Et c’est quoi l’endroit le plus bizarre où vous ayez joué pour un « secret show » ?
Franz : Peut-être des toilettes… Non, c’était dans la rue pour le nouvel an. C’était génial, on a joué à minuit pile !! Il y avait des feux d’artifice, et tout le monde courait pour les voir. Et puis il y avait trois personnes qui nous regardaient jouer, ils étaient sans doute perdus et frigorifiés. Peut-être même qu’ils avaient oublié que c’était le nouvel an.
(rires)
C’était vraiment fou comme moment, j’en ai encore la chaire de poule !

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Ausland, leur tube en puissance.

La musique, c’est essayer de combattre la folie. Se soigner.

Je me demande comment vous vous situez par rapport au genre Krautrock, étant donné que tout le monde vous associe à ce terme. Est ce que vous avez l’impression de faire vivre le genre un peu plus longtemps ? Est ce que vous avez le sentiment de faire quelque chose de différent ?
Timm : Je ne sais pas… Je veux dire, le terme Krautrock… Je n’avais aucune idée de ce que c’était avant d’être dans ce groupe. Donc je ne pense pas que ce soit une influence.
Franz : Je pense qu’à ce moment là, les gens qui faisaient du Krautrock étaient en avance sur leur temps. Ils ont joué leur musique avec dix ans d’avance. Je pense que l’on essaye d’avoir un peu la même approche.

Donc vous avez envie de jouer la musique du future ?
Franz : Non,  parce que c’est maintenant que tout se passe et que l’on veut faire changer les choses.
Timm : « Eternity is the present ».
Waw.
Franz : « Yesterday was today, and tomorrow is now ».
Timm : Krautrock est juste un terme pour définir tout cela. Peut-être qu’un jour on arrivera avec un nouveau mot.

Vous devriez inventer un mot pour définir votre musique.
« Kraut-pop » !

Quand vous parlez de faire changer les mentalités, et de faire réfléchir les gens etc … est ce que si vos chansons avaient des paroles, ça parlerait de ce sujet ?
En fait, on est un peu dérangés, un peu fous. La musique, c’est juste essayer de saisir cette folie, et la contrer. On essaye de se soigner avec la musique, et ça n’a pas besoin de paroles.

Est ce que vous aimeriez travailler avec un chanteur, ou faire un featuring ?
Timm : Pourquoi pas… on ne doit jamais dire jamais. Des fois on jamme avec des chanteurs.

Et vous, vous n’essayez pas de chanter ?
Non, on invite des gens seulement, ou on utilise leur voix comme un instrument.
Un jour on a essayé de jammer avec Damo Suzuki, le chanteur de Can (ndlr : un des premiers groupes de Krautrock, formé dans les années 70).
Franz : Ouais, je lui ai demandé de chanter. On a fumé un joint ensemble, et après il s’est endormi et…
Le manager : Ok. Donc Franz a fumé avec Damo Suzuki. Après, Damo Suzuki s’est endormi. Voilà, c’est la seule fois où ils ont été aussi près de jammer avec un chanteur. Mais bon, il va peut-être revenir, sait-on jamais…

Est ce que vous êtes de Berlin ?
Timm : En ce moment on vit à Berlin, mais on n’est pas nés à là bas. On vient de différents endroits en Allemagne, et on s’est rencontré à Berlin.

Comment vous vous sentez par rapport à la scène musicale de Berlin ?
Michael : ÇA CRAINT.
Timm : Ouais, tu peux le croire.
Le manager : Pour faire de la musique ou de l’art en général, et que ce soit pertinent, il faut se battre contre quelque chose. À Berlin, c’est trop facile d’avoir un mode de vie confortable, où tu n’as pas à te battre. Après, tu fais partie de la scène locale, mais rien ne se passe. La seule façon d’y arriver à Berlin est de partir de cette ville, puis de revenir.

J’ai une dernière question, qui concerne la batterie.
Sur scène, il y a juste un tom basse, une caisse claire et une cymbale. Est ce que ça a toujours été comme ça, ou est ce que vous avez déjà utilisé une batterie complète ?
Michael : Oui, oui je peux jouer sur une vraie batterie. Mais jamais avec Camera.

Et pourquoi tu as choisi ça ?
Parce que c’est facile à transporter, dans le bus ou dans le métro à Berlin.
Timm : C’était pas vraiment un parti pris comme décision, c’était plus pour l’aspect pratique.

C’est chouette d’avoir tous les musiciens alignés, parce que d’habitude le batteur est toujours dans le fond et personne ne peut l’admirer…
Timm : En fait c’est parce que Michael est super égocentrique.
(rire général)

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