06 - 02
2013
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Pitch.
Un couple divorce après l'adultère du mari. Ce dernier, employé à la mairie, n'a pas les moyens d'entretenir sa famille et de subvenir également à ses besoins, ce qu'il ignorait mais qu'il va découvrir en tombant de plus en plus bas.
Chronique d'un divorce d'aujourd'hui en Italie quand on a plus les moyens de divorcer, "le divorce, c'est pour les riches!" dit un personnage vers la fin du film. Giulio Colelli, employé à la mairie, a trompé sa femme, Elena, une fois, une fois de trop. Le fantôme de cette maîtresse, qu'on apercevra à peine, mine l'épouse de Giulio qui décide de demander le divorce. Elle obtient la garde des enfants, Camilla et Luca, et conserve leur appartement. De ce jour, la lente chute sociale de Giulo démarre jusqu'à devenir un SDF dormant dans sa voiture. D'abord, Giulio est hébergé chez un collègue de la mairie mais, malgré les ingrédients de la tragicomédie, la mère invalide du copain dans le fond de l'appartement censée ne pas savoir qu'un étranger y habite, la chambre débarras où on loge l'invité, le cinéma italien n'a plus le coeur à rire de la tragédie, le passage est lugubre et réaliste, comme l'est aussi la situation.
Giulio cherche un appartement mais tout est trop cher, échoue dans une pension où on interdit les réchauds à gaz pour se nourrir, se lie d'amitié avec le vigile serbe, Goran, seule rencontre un peu humaine de l'histoire. Bientôt, Giulio doit travailler la nuit sur les marchés, un copain le dépanne, l'engage, puis, lui donne son congé, il est trop vieux. Jusqu'à ne plus pouvoir payer le loyer de la chambre et dormir dans la voiture familiale conservée. De l'autre côté, l'ex-épouse, la fille, adolescente férue de musique, tous installés dans l'ancien appartement de Giulio, ne se doutent de rien, lui font des reproches sur l'argent qu'il peine à leur donner, la pension alimentaire en retard, etc...
photo Bellissima
Ivano de Matteo avait déjà frappé fort avec "Les Gens bien" ("La Belle gente") qui racontait l'histoire d'un couple de quinqua aux idées larges s'imaginant que recueillir une jeune prostituée ne demandait que de générosité et ouverture d'esprit.
Il semble que le réalisateur s'intéresse surtout à la dimension sociétale des choses de la vie, le fossé social qui séparait les protagonistes des "Gens bien", la paupérisation de la classe moyenne dans "Les Equilibristes". Un cinéma italien qui se mondialise, beaucoup moins typé Italie, plus proche d'un certain cinéma allemand par son approche comportementale.
Le film est très dur mais pas complaisant, jamais misérabiliste, le ton juste. De l'aisance apparente à la pauvreté, il n'y a qu'un pas, une onde de choc dans une famille "aisée" et tout s'effondre, divorcé, l'ex-mari, père de famille, se rend compte qu'il n'a pas les moyens de payer "tout deux fois", son équilibre financier, déterminant sa position sociale, tenait sur un fil plus ténu qu'il n'y avait pensé. C'est ce que le film livre comme message : dans notre société mondialisée marquée par l'effondrement de la classe moyenne qui peine à surnager, l'émergence d'un petite frange d'ultra-riches, le chômage galopant, le divorce est devenu un luxe, quant à la liberté, un souvenir... Nous sommes tous en sursis...
Note CinéManiaC :
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma italien, Les Equilibristes, Ivano de Matteo