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[Critique] SHADOW DANCER

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] SHADOW DANCER

Titre original : Shadow Dancer

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : Irlande/Angleterre/France
Réalisateur : James Marsh
Distribution : Andrea Riseborough, Clive Owen, Aidan Gillen, Gillian Anderson, Domhnall Gleeson, Brid Brennan, Stuart Graham, David Wilmot…
Genre : Drame/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 6 février 2013

Le Pitch :
Colette, une jeune veuve vivant à Belfast, mère d’un petit garçon et faisant partie d’une famille d’activistes de l’IRA, se fait arrêter par les services secrets britanniques après un attentat avorté dans le métro de Londres.
Dès lors, Mac, l’agent du MI5 chargé de l’affaire, donne deux options à Colette : retourner parmi les siens afin de les espionner et éventuellement empêcher de nouveaux attentats, ou passer les 25 prochaines années en prison. Ne voulant pas être séparée de son enfant, Colette choisit de jouer les taupes au sein de sa propre famille…

La Critique :
L’IRA (L’Armée Républicaine Irlandaise) a inspiré beaucoup de réalisateurs, qui pour certains, en ont profité pour livrer de véritables chef-d’œuvres. On pense notamment à Jim Sheridan (Au Nom du Père) ou encore à Paul Greengrass (Bloody Sunday), mais aussi à Neil Jordan (Michael Collins) et à Ken Loach (Le Vent se lève). Autant le dire tout de suite, James Marsh, avec son Shadow Dancer, n’arrive jamais à atteindre le niveau d’excellence de certains de ces illustres cinéastes, sans pour autant que son film s’avère déshonorant. Loin de là.
Adapté (par l’auteur lui-même, qui a participé à l’écriture du film) du livre éponyme de Tom Bradby, Shadow Dancer se place donc néanmoins dans le peloton de tête, grâce à des qualités évidentes et à quelques défauts qui le sont malheureusement tout autant.

Porté par le désir de son réalisateur de renoncer à tout sensationnalisme facile, Shadow Dancer prend le parti de l’âpreté et du réalisme. Ici, pas de grosses ficelles à la Ennemis Rapprochés (qui traitait aussi de l’IRA), le film d’Alan J. Pakula, avec Brad Pitt et Harrison Ford. Dès la scène d’ouverture, très réussie et étonnamment immersive, qui suit une jeune femme aux intentions troubles dans le métro londonien, le long-métrage reste sobre jusqu’à son dénouement, tout en touchant (ou effleurant dans certains cas) plusieurs genres. Vu la gravité des enjeux d’une intrigue retraçant les tiraillements d’une femme prise entre deux feux (l’amour de son fils et la loyauté familiale), le choix est appréciable. Jamais déplacé dans sa tonalité, le long-métrage retranscrit avec une grande pertinence la lutte d’un personnage complexe. En cela, l’interprétation sans faille, d’une grande sensibilité, de l’excellente Andrea Riseborough, fait mouche. Jamais dans l’excès, la comédienne est la vraie force du film. C’est par elle que transitent tous les enjeux de l’intrigue et c’est grâce à elle que les baisses de régime et la grande austérité de l’œuvre ne plombent pas complètement l’ensemble.
Car, et c’est là que la bas blesse, Shadow Dancer est un film lent. Parcouru d’éclairs réguliers et habité par une tension permanente, il se repose parfois trop sur cette dernière (inhérente au postulat de départ), sans arriver à traduire à l’écran les choses d’une manière tout le temps passionnante.
Heureusement assez court, le film patine régulièrement et le fait de n’avoir véritablement privilégié qu’un seul personnage, au détriment des autres, n’arrange pas vraiment la sauce. Ainsi, Clive Owen, pourtant impeccable, peine à faire exister un personnage aux contours à peine esquissés et les autres comédiens, comme Aidan Gillen (le Littlefinger de Game of Thrones) ou encore Domhall Gleeson, apparaissent comme étant trop anecdotiques pour vraiment avoir une influence durable, alors que leurs rôles, dans le récit, sont bel et bien déterminants. C’est d’autant plus regrettable que Shadow Dancer fait montre de suffisamment de bonnes choses pour laisser entrevoir ce qu’il aurait pu être.

Donnant un poil l’impression d’être embarrassé par un sujet écrasant, James Marsh limite les dégâts, mais pêche par un trop plein de sobriété. Trop calme, son métrage contient également trop de non-dits, mais brille par-contre par son soucis du détail, dans un travail de reconstitution admirable.
Difficile d’en vouloir à un cinéaste manifestement investi et plein de bonnes intentions. Des bonnes intentions qui ne débouchent pas sur le grand film que Shadow Dancer aurait pu être, mais qui lui permettent néanmoins de livrer un portait très réussi et touchant d’une femme soldat victime et actrice d’un conflit violent et viscéral. Et nous donnant du même coup, largement de quoi réfléchir sur la question.

@ Gilles Rolland

Shadow-Dancer4
Crédits Photos : Wild Bunch Distribution


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