J’attends depuis quelques temps de voir un bon film qui me transporte vraiment. A défaut, et parce que j’avais envie d’une comédie légère j’ai voulu voir ce que donnait Happiness Therapy.
Pat, le héros sort d’hôpital psychiatrique, obsédé par son mariage brisé par l’adultère de sa femme. Son idée fixe est de la retrouver et de vivre à nouveau son couple. Mais nous nous doutons qu’elle est passée à autre chose, fuyant son cas. Tiffany, elle, est une jeune veuve qui a perdu son mari dans un accident. Tous deux confinés dans le même quartier typique américain, ils courent après leur vie pour fuir le quotidien et leur entourage. La plupart de leurs échanges se font en effet durant des moments où ils font leur jogging. Le scénario installe pendant une bonne partie du film le contexte familial pesant de Pat, son cadre social et son entourage étouffant qui surveille ses gestes, le contraint et l’enfonce finalement davantage. On comprend aisément qu’il ait pu craquer avec un père bourré de TOC et qui fait des paris sur des matchs à longueur de journée, une mère effacée qui arrondit les angles et un frère imbu qui le rabaisse. Il en est de même pour Tiffany.
Finalement, loin d’une vision brouillée et médicamenteuse, ces héros cherchent à affronter le monde, avec plus de clarté, préférant le sport aux traitements chimiques, encore un peu sonné de ce que leur a fait subir la vie. Tous deux ont besoin de s’accrocher à un but, à avoir comme dit Pat « une stratégie » pour vivre leur vie. Ici le scénario convenu les place dans la préparation d’un concours de danse, qui leur permet de se canaliser et de se connaitre. Si nous avons déjà vu cela maintes fois, ces passages montrent leur lente renaissance, tous deux ont besoin de reprendre confiance et de se laisser à nouveau aller à vivre. Dramatisé dans la dernière partie du film, le concours devient important pour tous les protagonistes impliquant la famille de Pat. Si l’on sent le scénario prévisible qui exagère les actes dans les séquences de fin, les petits rebondissements nous prennent un peu par surprise : pour exemple, la tentative de Tiffany dépitée qui cherche à se saouler avant sa prestation, n’a pourtant aucune incidence. On passe du rire à l’émotion facilement, et le fait que le film se termine bien soulage et laisse une sensation qui fait du bien (loin des films du moment, plus lourds et pesants).
Ce qui est inattendu, ce sont les acteurs. Il est vrai que pour Chris Tucker ou Robert de Niro, il ne s’agit pas des rôles les plus grands, adroits ou valorisants, mais c’est amusant de les voir campés dans ces personnages caricaturaux. Robert de Niro passe ainsi son temps lui aussi à essayer d’avoir une prise sur les événements, à décoder ou coder le monde au moyen de porte-bonheur. Pour les deux héros en revanche, c’est un choix intéressant, loin des rôles dans lesquels on les a déjà vus. Bradley Cooper est plus à nu, il dévoile davantage sa sensibilité, tandis que Jennifer Laurence est convaincante dans ce personnage de jeune adulte au visage encore juvénile, et déstabilise toujours autant par son aplomb.
Au final, ce n’est pas pour moi un grand film, parce qu’il ne parvient pas à éviter certains travers des comédies romantiques, mais il fait passer un moment agréable, en faisant rire, en livrant un certain aspect du monde, et en se terminant bien.
A voir :
Happiness Therapy, un film américain de David O. Russell (2h02mn)