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Autre Ne Veut – Anxiety

Publié le 06 février 2013 par Hartzine

Il existerait un mouvement musical, littéraire, cinématographique, pataphysique, appelé « avant-pop« , dont Autre Ne Veut ferait partie. « Avant » comme dans « avant-garde », donc. Dans les grandes lignes, cela consisterait à concilier des exigences musicales ambitieuses aux intentions fédératrices et décomplexées de la pop la plus accrocheuse. Si le terme est utilisé par certains pour qualifier de la musique créée dès les années 1960, il renvoie aujourd’hui surtout à un groupe de musiciens contemporains (Rhye, How To Dress Well, voire le Mikky Ekko produit par Clams Casino) qui cherchent à marier des instrumentations électroniques modernistes et sophistiquées à des vocalises dignes des plus grosses têtes du R’n'B et de la pop mainstream.
Les plus sceptiques considèreront que des divas qui chantent sur des petits prouts électro-pop, cela n’a plus rien de très avant-gardiste, et que le simple fait de se dire avant-quoi-que-ce-soit relève, au mieux, du prétentieux. Les plus positivistes, eux, trouveront cela assez enthousiasmant que l’on puisse encore envisager une avant-garde musicale, en 2013, alors que même votre petite sœur de 15 ans se proclame post-moderne.
Arthur Ashin, alias Autre Ne Veut, trentenaire de Brooklyn, petit chouchou de Pitchfork et heureux détenteur d’un Master de psychologie, serait donc à compter dans le rang des avant-popistes. Effectivement, si son penchant pour les vocalises lascives à gorge déployée suggère un goût certain pour Usher et R. Kelly, ses compétences de producteur électro-pop évoquent autant les beats ouatée de Clams Casino que les grooves opiacés de The Weeknd ou l’excentricité sensuelle de Purity Ring.

Autre Ne Veut – Anxiety

Les dix chansons qui composent Anxiety, le second album d’Autre Ne Veut, forment un florilège exaltant de sons abstraits, de beats langoureux et de lignes vocales aguicheuses. Seule composante organique, la voix d’Ashin est incontestablement l’élément central d’Autre Ne Veut. Surnageant et virtuose, le chant progresse toutes brides lâchées, le but étant de mettre en voix l’anxiété sans fatalisme mais avec beaucoup de dramatisme et, surtout, avec un maximum de souffle, les lèvres grandes ouvertes et la tête dans le guidon.
Malheureusement, Ashin tend à pêcher par excès, et la performance vocale devient parfois une démonstration pompeuse et maniériste qui s’avère un peu usante. D’autant qu’Autre Ne Veut cultive une esthétique du heurt et de la rupture qui rend le fil des morceaux parfois assez difficile à suivre. Autre Ne Veut est donc à écouter avec parcimonie, en privilégiant les meilleurs titres. À savoir Counting, single langoureux au possible à falseto et claquements de doigt et featuring de Mykki Blanco ; Play by Play, titre maximaliste qui joue avec les codes mainstream pop les plus aguicheurs ; ou encore World War, lente balade déchirante, sombre et éthérée de 5’42 qui conclut l’album.
Ainsi, malgré ses débordements, Anxiety reste une ode sentimentaliste et grandiloquente assez grisante. C’est un plaisir coupable intelligent, ambitieux et sincère à jeter au visage des plus rabat-joie.

There would exist a music, literary, cinema, pataphysics movement, called ‘avant-pop,’ and Autre Ne Veut would be part of it. ‘Avant’ as in avant-garde. In broad outline, it would be about reconciling demanding music ambition and the federative and complex-free intentions of the most catchy mainstream pop. If some use ‘avant-pop’ to qualify music created as early as the 60s, the term now mainly refers to a group of contemporary musicians (Rhye, How To Dress Well, and, why not, Clams Casino produced Mikky Ekko) that try to mix modernist and sophisticated electronic instrumentations and vocal lines inspired by the biggest badasses in sequin r’n'b/pop music.
The toughest skeptics might think that divas singing over electronics blops is not such a avant-garde thing anymore and that, actually, pretending you’re avant-gardiste is, at best, pretention. The merriest positivists, though, might find it quite enthusing that one could imagine a thing such as an avant-garde, in 2013, when even you’re 15-year-old sister proclaims herself post-modernist.
So Arthur Ashin, aka Autre Ne Veut, thirty-something Brooklyner, Pitchfork fav and Psychology grad, would be part of the avant-popers. Indeed, his penchant for lascivious vocal noodling suggests a certain fondness for Usher and R. Kelly, and his electropop producer skills evokes as much the cottony beats of Clams Casino as the opiated grooves of The Weeknd or the eccentric sensuality of Purity Ring.
Anxiety, Autre Ne Veut second album, is a thrilling ten-song anthology of abstract lush sounds, languid beats, and enticing vocal lines. The only organic component, Ashin’s voice is the unquestionably the central element of Autre Ne Veut. Floating high, crisp and virtuoso, the singing goes on bridlelessly, the aim being to chant anxiety and uneasiness without fatalism, but with a great deal of drama and, above all, with as much breath as possible, lips wide open and head to the grindstone.
Unfortunately, Ashin, at times, tries too hard to do too much, leaving the vocal display sounding like a rather pompous and mannered diva show — which can quickly become wearing. Moreover, Autre Ne Veut cultivates a jerky aesthetic where breaks and rupture prevail, making the flow hard for the listener to follow. For the better, Autre Ne Veut is to be appreciated with parsimony, favoring the highlights. Which are, in order of appearance: Play By Play, a maximalist track that smartly plays with catchy mainstream pop gimmicks; Counting, an utmost languid song with fragile falsetto and clever finger snapping; and World War, an unbearably slow and harrowing soulful 5 »42 ballad, somber and ethereal, which ends the album.
So in spite of his excesses, Anxiety is a heady sentimentalist and grandiose ode to feeling bad and yelling so. It’s a smart, ambitious and sincere guilty pleasure to be thrown to the faces of the worst party poopers.

Vidéo

Tracklist

Autre Ne Veut – Anxiety (Mexican Summer/Software Recording Co, 2013)

1. Play by Play
2. Counting
3. Promises
4. Ego Free Sex Free
5. A Lie
6. Warning
7. Gonna Die
8. Don’t Ever Look Back
9. I Wanna Dance With Somebody
10. World War


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