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La gâchette trop rapide sur les Strokes: analyse de One Way Trigger

Publié le 08 février 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

Bien des internautes et blogueurs ont profité des réseaux sociaux, il y quelques semaines, pour recracher la gorgée de café qu’ils avaient ingurgité de travers lors de leur écoute de One Way Trigger, le premier extrait de Comedown Machine le nouvel album des Strokes. Des «wtf» rébarbatifs aux «lol» les plus acerbes, rares ont été les éloges ou les «gg» auxquels sont habitués les mauvais garçons du indie-rock. Pourtant, cette dernière pièce vaut-elle autant d’abréviations négatives?

À la première écoute, on a l’impression d’entendre un extrait de Take On Me des A-Ha en accéléré. Ce qui en soi n’est pas tant une bonne chose. Et puis, il y a cette voix mielleuse et peu virile qui vient nous suggérer qu’une ablation testiculaire a été effectuée avant l’enregistrement. Heureusement, la voix régulière de Julian Casablancas vient plus tard sauver la mise et relever le ton de cette ode aux années 80. Jusqu’à en faire une pièce écoutable, pas mauvaise, ni bonne, juste écoutable.

En fait, le problème c’est que One Way Trigger porte un chapeau beaucoup trop grand pour ce à quoi il est porté à faire. Ne serait-ce qu’il avait été signé par un autre groupe beaucoup moins connu comme Tennis ou Beach Fossils, sa critique en aurait été qu’amoindrie. On aurait dit : «un autre groupe nostalgique du film Breakfast Club rend hommage aux années 80». Pourtant, cette fois-ci les nostalgiques du linge fluo et des cassettes VHS, ce sont les Strokes. Un groupe qui a marqué les années 2000 pour son rock nonchalant à la Velvet Underground. Il est donc évident qu’avec cette chanson, les adeptes purs et durs des deux premiers disques des Strokes marchent maintenant dans les rues avec des poupées vaudou de leurs anciennes idoles.

Cette trahison a pourtant, selon moi, du bon. Après avoir fait le tour de sa personnalité sur son troisième disque First Impressions of Earth, les Strokes ont exploré toutes les avenues qui leur étaient maintenant possibles d’emprunter sur le piètre Angles. Un disque qui est tombé dans une craque dans la plupart des bibliothèques (sauf si, comme moi, vous l’avez gardé emballé pour garder en souvenir la grosse faute de français qu’on avait écrit sur son autocollant promotionnel). Si l’on se fie à One Way Trigger, le groupe est sorti de cet abîme avec une direction précise ; celle du chanteur Julian Casablancas.

Entre First Impressions of Earth et Angles, le charismatique Julian a lancé un disque solo, dont le titre devait un jour devenir celui d’un des albums du groupe. Cette galette du chanteur, Phrazes for the Young, avait reçu à l’époque un accueil mitigé. Et cela surtout parce qu’il se détachait de façon évidente du répertoire habituel des Strokes. L’album plus synthétique que rock avait tout de même mieux fait que Angles.

À s’imaginer que Comedown Machine tombe dans les notes du disque solo de Julian Casablancas, alors on peut s’attendre à une belle surprise pour le 26 mars. Maintenant que la hache de guerre est enterrée, les membres de cette troupe new-yorkaise peuvent enfin offrir du nouveau contenu qui ressemble au Strokes des années 2010. Qu’il n’en déplaise aux adeptes, un hommage aux années 80, fait par ses talentueux garçons, pourrait être le meilleur retour de l’année


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