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Y’avait du monde à’ messe pour Avec pas d’casque et Philippe B

Publié le 09 février 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

Rarement aura-t-on vu autant de monde sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste un vendredi soir. Foulard de laine sur le nez, tous sautillaient pour se réchauffer. Le vent glacial fouettait les 1500 fidèles qui attendaient en file, dehors, pour célébrer le grandiose mariage de Philippe B et d’Avec pas d’casque.

Une grand-messe attendue depuis l’automne. On n’avait jamais eu aussi hâte d’aller à l’église. Une fois passées les lourdes portes de l’entrée, une bouffée d’air chaud a frappé. À l’intérieur, le décor majestueux digne d’une cathédrale et les innombrables bancs de bois s’ajoutaient à la scène, placée juste avant le chœur. Les gens bavardaient et potinaient entre eux, le très graphique programme entre les mains.

Rappelés à l’ordre par le son impérial de l’orgue principal, ils se sont assis et ont tendu l’oreille religieusement, prêts à entendre l’intégrale des albums Astronomie (Avec pas d’casque) et Variations fantômes (Philippe B), accompagnés par le Quatuor Molinari.

C’est Stéphane Lafleur qui a ouvert la cérémonie, en grattant sa guitare pour les premières notes d’Intuition #1. Un frisson a parcouru la foule au premier « Tu diras ». Seul avec sa guitare pendant presque la moitié de la pièce, sa voix profonde et intense résonnait dans le lieu saint. Dans Défrichage, deuxième morceau, le son des violons, bien que clair, enterrait le son du lap steel, si enivrant dans cette pièce. Adorant le son vibrant et presque douloureux des violons du Quatuor, j’ai pardonné cet accroc rapidement. Mais pour d’autres qui préfèrent le folk épuré du groupe, ce put être agaçant.

Sauf Walkie-Talkie, jouée en milieu de setlist et présentée comme une toune « très bien cachée d’Astronomie », aucune pièce du dernier EP n’a été jouée. Dommage, encore une fois, pour ceux qui comme moi auraient voulu entendre J’embrasse mieux que je parle.

L’expérience a été vécue dans sa plénitude dans Veiller le feu, où les violons ont pris une place symphonique après une montée dramatique parfaite, à la presque fin de la représentation. Visiblement ému d’être là, Stéphane Lafleur a d’ailleurs lancé que c’était « comme être 1500 dans un super manège ».

Entracte

Après un trop long entracte, Philippe B est monté à son tour sur scène pour enfiler chronologiquement les morceaux des Variations fantômes. Une fois de plus, la voix sombre et profonde de Philippe B a été généreusement servie par la sonorisation.

Entrecoupant les pièces par des intermèdes avec son parler timide, mais ô combien drôle, le musicien s’est dépouillé de sa guitare plus souvent qu’à son habitude. Bien qu’il ait avoué « ne plus savoir quoi faire de ses dix doigts » lorsqu’elle n’y était pas, il s’est plutôt bien débrouillé. Franchement, la présence du Quatuor Molinari dans la musique de Philippe B n’est plus à prouver. C’est un duo résolument fantastique, peut-être dû à l’inspiration des œuvres de Schubert, Vivaldi et Tchaïkovsky, entre autres. Le son des cordes ajoutait donc au dramatique du sujet omniprésent de l’album, la mort, toutefois approché de manière humoristique.

Les deux auteurs-compositeurs-interprètes sont revenus, unis cette fois, pour un rappel de deux chansons. Rappel qui est venu fermer la boucle de cette expérience musicale magistrale, pendant laquelle on a été transportés dans une autre époque, guidés par la musique et ensorcelés par l’omnipotence du phénomène.

Profitez-en pour réécouter le nouveau EP d’Avec pas d’casqueDommage que tu sois pris.


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