Le compteur tourne,pieds au plancher,je fonce à travers tout,comme le grand manitou,je vois le paysage qui défile à toute vitesse,les arbres s'envolent,la route se fissure,s'affaisse,le goudron fond,éclabousse les passant ahuris.Je filme la scène,souvenir sur la route des vacances;pour épater les copains,les putains aussi,celles qui m'aiment car j'ai un bolide,payé à prix d'or.Elles aiment aussi se glisser à mes côtés,dans mon automobile,frimer les cheveux dans le vent,décapotable,rouge à lèvres exubérant et lunettes de soleil de starlette.Sur le bas côté,dans les fourrés,on s'aime sauvagement sur la banquette arrière.Je prends le soin de ne jamais ramener mes conquêtes chez moi;car j'habite dans une boîte en carton dans le garage où je gare mon terrible engin,il faut bien se sacrifier pour ce que l'on aime!Je trace la route en direction de la côte d'azur,que j'appelle côte à l'os,les viandes grillées s'agglutinent sur les plages,où les vacanciers se font dorer la couenne.On reconnait les derniers arrivants,rouge comme des écrevisses.Le soir venu sur la digue,les maillots se sont transformés en tenue de soirée;véritable défilé de mode,les dames affichent leurs plus belles toilettes,les hommes sont moins élégants dans l'ensemble,car la plus part ,déjà mariés,ils se trimbalent leurs bobonnes,leurs marmots sur le dos.Seuls les célibataires sont reconnaissables,car il font plus d'efforts vestimentaires,pour conquérir les mignonnes pas encore maquées.Les enfants font des châteaux de sable,jouent avec des crottes de nez,ou de chien,sous le regard attendri de leurs parents;eux ils sont souvent Bourrés à l'heure du midi,ayant abusé du pastis.Alors ils font se faire une petite sieste sous un parasol,ou à l'ombre d'un platane.Quelques imprudents se jettent à l'eau,sans précaution:hydrocution,noyade,brutal arrêt cardiaque.Les sauveurs-fossoyeurs évacuent les morts discrètement dans leur zodiac. Des femmes téméraires(mariées),profitent de la sieste de leurs maris,pour les tromper allègrement;histoire de pimenter leurs vacances et avoir quelques souvenirs à raconter aux copines,une fois revenues au bercail familiale.Les gros suent à grosses gouttes,les minces fondent comme de la crème glacée,presque devenus invisibles.Dès le matin la plage est déjà bondée,les uns sur les autres;pour pouvoir conserver sa place au soleil,se créer son petit coin de paradis.Il y en a qui ont délimités leurs territoires avec des fils barbelés,des mines antipersonnelles, d'autres qui ont un chien de garde pour surveiller leurs places,leurs transats,pendant qu'ils profitent de la baignade.Dans cette ambiance de crème solaire,de chair brulée,tout le monde est heureux,on rigole,même pour rien tellement on est bien.Il faut profiter de moment privilégié,car demain reprendre son petit train-train quotidien;retrouver le gris de sa ville,son petit costume foncé,sa cravate ou son bleu de travail;reprendre sa petite vie d'automate.Revoir ses collèges,son boss,le chef de service,celui qui aboie pour un meilleur rendement!Et voilà c'est reparti pour un tour de manège,onze longs mois,avant les prochaines vacances.