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The Master (Paul Thomas Anderson, 2012)

Par Doorama
The Master (Paul Thomas Anderson, 2012) Dans les années 50, Freddie est un homme troublé, alcoolique, fou pour certains, abimé ou fragile pour d'autres. Sa rencontre avec Lancaster Dodd, un auteur adulé pour ses théories sur l'homme et la vie exposées dans le livre "La Cause", va déboucher sur une relation forte, atypique et énigmatique. Lancaster Dodd, sorte de Gourou, endoctrine Freddie, et l'utilise pour construire ses recherches... Freddie aussi est en quête de vérités... Lequel des deux a besoin de l'autre ?
Doorama est toujours en état de transe avant de découvrir un film de P.T. Anderson. Magnolia, Boogie Night, There Will Be Blood ou Punch Drink Love : prétentieux ou génial, le cinéma de P.T. Anderson parvient toujours à en imposer  par l'originalité de ses sujets, sinon leur approche, et par son impressionnant langage cinématographique. The Master nous a pourtant laissé perplexe au sortir de la salle... Une chose semble pourtant acquise : ces films qui vous laissent perplexe à l'issue de leur découverte gagneront (ou pas !) votre coeur, mais en tout cas ils ont déja gagné votre cerveau... Les voies de The Master seraient elles finalement impénétrables ?
The Master, visuellement, est une pure merveille ! Voilà, ça, au moins, c'est dit. Que ce soit sa photographie, à la fois terne et lumineuse, l'étroitesse de sa profondeur de champ, ses cadrages ou son montage, P.T. Anderson livre un film absolument somptueux, du grand cinéma qui se rapproche dans sa forme et son langage d'un Terence Malick. On pense d'ailleurs assez souvent à Tree Of Life, visuellement d'abord, mais aussi pour l'impression que le film laisse. La projection de The Master laisse chez le spectateur (en tout cas ceux qui ne se laisseront pas envahir par l'ennui...) une forte exaltation due à sa beauté formelle, mais aussi la lourde tâche de faire la synthèse de l'histoire à laquelle il vient d'assister.
La relation maître-élève entre Lancaster Dodd et Freddie, proposée par Anderson est complexe. Elle est en perpétuelle évolution, cherche en permanence à se mettre sur un rail défini, avec un point d'arrivée au bout, mais ne le trouve jamais. Lancaster Dodd, exploite la crédulité autour de lui, les faiblesses humaines et trouve en Freddie une personnalité idéale pour appliquer et faire évoluer ses théories. Mais au-delà de la simple d'un d'une proie facile, Freddie va devenir indispensable au Maître... Freddie, instable et frustré, mais riche aussi de sa spontanéité et de son naturel, trouve en Lancaster Dodd une possibilité de dompter et comprendre ce qui dysfonctionne dans sa vie... Anderson installe et confronte sa relation maître et élève, mais interroge le rôle de chacun en soulevant la question de savoir qui à le plus besoin de l'autre, et finalement qui dirige réellement. Aucun des personnages de The Master ne peut être défini clairement. Complexes, duales et imparfaits, Anderson installe avec un talent incroyable le trouble et l'interrogation quant à ses personnages. A force de "peut-être" et de "mais pas seulement" The Master, pourtant redoutablement précis dans chacune de ses scènes, échappe à toute classification... Manipulation, exploitation, homosexualité, schizophrénie (ces femmes nues qui dansent... ce coup de téléphone dans la salle de cinéma...), psychologie et humanisme traversent The Master, dans une Amérique d'après-guerre où tout le monde semble chercher quelque chose, sans jamais y laisser de marques claires. The Master semble embrasser la société et les hommes dans son intégralité, difficile pourtant de donner au film une seule interprétation.
Et au milieu de cette oeuvre impressionnante, à laquelle donner un sens est un exercice ardu, il y a Joaqin Phoenix... Simplement hallucinant ! Magnolia nous offrait un Tom Cruise bluffant et inédit, There Will Be Blood un Daniel Day Lewis à tomber, The Master offre encore un écrin d'exception à son acteur principal en permettant à Joaqin Phoenix le rôle de sa vie. Benêt, fou, touchant, victime et homme libre : Joaqin Phoenix justifie à lui seul de voir The Master pour sa performance géniale ! Perplexes après sa vision... Puis transportés pas les souvenirs de sa beauté et de sa maîtrise visuelle... impressionnés par son langage cinématographique et aussi déçus de n'avoir pas "vibré" durant sa découverte, The Master aurait presque déçu les membres de la rédaction de Doorama, tant il a fait naître en nous de contradictions. Alors qu'un Django Unchained (pourtant pas un chef-d'oeuvre du cinéma...), nous avait électrisé au point de lui attribuer un généreux 9 sur notre échelle (très subjective de temps en temps, il est vrai), The Master ne recueillait qu'un 6 quelques minutes après sa projection. Puis les choses décantent... On accepte finalement que The Master ne nous donne que peu de clés, qu'il garde ses secrets soigneusement cachés derrière son éclat... The Master fait partie de ses films qui peuvent s'avérer difficiles à voir, passionnants dans leur ensemble, quelquefois ennuyeux sur l'instant, extraordinaire à d'autre (comme ses premières images ou bien encore la première interview entre Freddie et Lancaster Dodd...)... The Master éblouit et déçoit, comme Tree Of Life, mais contrairement à ce dernier, sa déception disparaît, après un temps de décantation, pour laisser apparaître, une fois de plus, une grande réussite (un chef d'oeuvre ?) du petit prodige Anderson. The Master est un film difficile à appréhender, dans lequel il est tout aussi difficile de s'abandonner, mais (finalement) quel bonheur !
The Master (Paul Thomas Anderson, 2012)

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