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L’effrontée

Par Borokoff

A propos de Wadjda d’Haifaa Al Mansour ★★★☆☆

Waad Mohammed - Wadjda d'Haifaa Al Mansour - Borokoff / Blog de critique cinéma

Waad Mohammed

Wadjda, 12 ans, vit dans une banlieue de Riyad (Arabie Saoudite). Fille unique, elle habite dans une grande maison avec son père et sa mère, pourtant près de se séparer. Enfant « rebelle », l’adolescente porte des baskets converse et écoute de la musique rock. Surtout, elle rêve de pouvoir s’acheter un vélo pour faire la course avec son ami Abdallah tout en sachant que la pratique du deux-roues est interdite aux femmes dans le Royaume parce qu’il menace leur vertu !… Un jour, Wadjda apprend par la directrice de son école que le concours de récitation coranique est doté cette année d’une somme équivalente au prix du vélo ! Ni une, ni deux, Wadjda se met à étudier à fond le Coran tandis qu’Abdallah la courtise. Mais Wadjda assiste surtout, triste et impuissante, au spectacle de ses parents qui se déchirent…

Wadjda d'Haifaa Al Mansour - Borokoff / Blog de critique cinéma

Cela n’a pas pu vous échapper tant on vous l’aura répété comme un slogan publicitaire : Wadjda est le « premier film tourné en Arabie Saoudite », et par une femme, qui plus est !

Chronique douce-amère sur l’enfance, teintée de poésie et de souvenirs personnels pour sa réalisatrice, Wadjda raconte le parcours et le destin d’une jeune Saoudienne réfractaire, élevée – et c’est tout l’art et la subtilité du film que de montrer ces contradictions – dans un milieu social au niveau plutôt élevé, à la fois ouvert (pour ne pas dire assez libéral) et très respectueux des traditions, religieuses notamment.

Wadjda d'Haifaa Al Mansour - Borokoff / Blog de critique cinéma

Les parents de Wadjda incarnent à eux seuls cette complexe et paradoxale modernité. Le père de Wadjda a connu sa femme au lycée mais ne s’est jamais marié avec elle. Après la naissance de Wadjda, la mère a appris qu’elle ne pourrait plus avoir d’autre enfant. Or, le père de Wadjda a toujours voulu un fils. C’est donc assez « naturellement » (selon lui du moins) qu’il souhaite se tourner vers une autre femme. Quelle idée tant Reem Abdullah, qui incarne la mère de l’adolescente contestataire, est une femme sublime et sensuelle, une actrice célèbre en Arabie Saoudite pour ses rôles à la télévision.

Le père de Wadjda représente un archétype masculin, un homme pétri de traditions tandis que sa femme paraît plus tolérante, plus ouverte sur le monde.

Est-ce de sa mère que tiendrait Wadjda (Waad Mohammed), fouine espiègle dotée d’un fort caractère et qui n’hésite pas à remettre malicieusement les gens à leur place quand il le faut ?

Certes, on n’ira pas voir Wadjda pour sa réalisation, qui manque cruellement de rythme et de tension, mais pour le jeu de ses deux actrices merveilleuses que sont Waad Mohammed (une découverte) et Reem Abdullah.

En toile de fond, le poids des traditions et de la religion musulmanes décrit dans Wadjda fait froid dans le dos. La religion dans ce pays semble avoir acquis une telle emprise dans la vie et le quotidien des Saoudiens qu’il est devenu le prétexte parfait pour l’Etat à une moralisation galopante des moeurs, une (auto)censure et un contrôle des êtres pour le moins inquiétant dans ce petit pays de 28 millions d’habitants. Etouffant jusqu’à l’asphyxie ?…

http://www.youtube.com/watch?v=1YpNAKCIWt8

(Premier) film saoudien d’Haifaa Al Mansour avec Waad Mohammed, Reem Abdullah (01 h 37)

Scénario de Haifaa Al Mansour : 

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Mise en scène 

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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de Max Richter : 

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