Née le 4 février 1913, Rosa Parks aurait fêté ses 100 ans il y a une semaine. Le 1er décembre 1955, alors qu’elle avait 42 ans, elle refusa de céder son siège dans le bus à un passager blanc, à Montgomery (Alabama – Etats-Unis). Cet acte de résistance donna naissance à un boycott des bus de la ville qui dura plus de treize mois et a un mouvement des droits civiques, ainsi qu’à l’avènement de Martin Luther King Jr.
Jeanne Theoharis, auteure, est à l’origine du dernier livre sur celle que l’on pourrait appeler « faiseur de troubles », or, il semble qu’elle était loin d’en être une en réalité. Rosa Parks a dédié sa vie, en tant qu’activiste, à la défense des droits civiques et constitutionnels des afro-américains, elle était déjà dans le mouvement, bien avant cet acte qui l’a rendue célèbre.
Celle qui a écrit « The rebellious life of Mrs rosa Parks » a déclaré :
« Ici nous avons, de plusieurs manières possibles, une des citoyens américaines les plus célèbres au monde et dans le 20e siècle, pourtant elle est encore souvent considérée comme une simple héroïne de livres pour enfants. Nous diminuons l’héritage qu’elle nous a laissés en le résumant à un seul jour, au simple fait qu’elle ait refusé de se lever ce jour là dans ce bus. C’est en réalité toute sa vie qui a été dédiée à la resistance. »
Ci-dessous, l’extrait d’une interview de Rosa parks, alors qu’elle parlait à la radio « Pacifica » en avril 1956 ; ses propres mots :
« J’ai quitté le travail pour me rendre à la maison, c’était le 1er décembre 1955 vers 6h de l’après-midi. J’ai pris le bus vers Court Square à Montgomery. Alors qu’il s’arrétait à son troisième arrêt hors de la ville, les passagers blancs avaient envahi le devant du bus. Quand je suis montée, le fond était plein de noirs et il y en avait même qui étaient debouts. Le siège que j’ai décidé d’occuper était le premier de ceux réservés aux négros. Le conducteur avait bien vu que presque tous les emplacements étaient pris. On s’était assis à plusieurs là, à un moment donné. Le conducteur s’est retourné et a demandé à ce que nous libérions ces sièges, en précisant qu’il sagissait de places réservées. Les trois passagers avec moi obtempérèrent. Moi j’ai refusé.
Je tiens à ce que tout le monde sache que je n’occupais pas en réalité une place dans la section réservée aux blancs, comme cela a beaucoup été dit. Plusieurs articles sont sortis en écrivant que je suis celle qui combat la segrégation et que j’étais assise à l’avant du bus, en refusant d’aller à l’arrière quand on me le demanda. Mais le siège que j’ai occupé était le premier de la rangée de ceux des noirs. On avait l »habitude de s’y asseoir, et du coup lorsque le bus était plein devant, ce sont les blancs eux-mêmes qui restaient debouts à côté, alors que nous occupions ces sièges. J’ai été très surprise quand le conducteur m’a demandé de me déplacer ce jour là pour leur céder la place.
Il a dit que si je refusais de changer de siège il appelerait la police. Et je lui ai répondu ‘Appelez la police’. Il a alors appelé la police, ils sont venus et m’ont arrêtée. Je ne pensais pas que je violais une loi quelconque. J’estimais juste que je n’avais pas à être traitée comme ça et que j’avais mon mot à dire. Le temps était venu où, je pense, j’avais été assez maltraitée comme ça en tant que « noir » et il était temps que je réagisse. »
A l’époque de son arrestation, Rosa parks était la secrétaire du NAACP local. Elle travaillait sur une affaire où elle était chargée de collecter des fonds pour aider au cas « Scottsboro boys » ; 9 garçons afro-américains de 12 à 20 ans qui étaient accusés d’avoir violé deux femmes blanches.
Quand elle décéda en octobre 2005, Rosa Parks, de son vrai nom Rosa Louise McCauley Parks, qui souffrait de démence dégénérative, devint la première afro-américaine à avoir sa dépouille exposée dans la Rotonde du Capitole (privilège d’habitude réservé aux hommes politiques et aux soldats).
L’auteure du livre « The rebellious life of Mrs Rosa Parks », Jeanne Theoharis est professeur de sciences politques dans un lycée de Brooklyn. Elle a aussi beaucoup écrit sur le mouvement du Black power.
Ce qu’il faudra retenir c’est que le jour où Rosa Parks est décédée, le fameux bus dans lequel elle entreprit son action célèbre, était aussi en deuil. Il avait été recouvert d’un linceul rouge et noir et les premières places étaient restées libres. On pouvait y lire une inscription sur un panneau :
« La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s’est tenue debout en restant assise ».
Un timbre à son effigie est en vente depuis quelques jours dans les bureaux de poste américains, pour fêter son centenaire.